Rossy de retour à Madagascar
Foule monstre dimanche 25 mai à Antananarivo, la capitale malgache. Le concert de Rossy, n’était pas seulement un spectacle de plus : il marquait le retour au pays de l’un des artistes phare des années 90, installé en France depuis la crise politique de 2002. Après l’avoir d’abord interdit, les autorités ont finalement accepté la tenue d’une tournée nationale, dont l’apothéose a donc eu lieu dans la capitale. Sans qu’aucun accident ou trouble ne soit à déclarer.
Le public enthousiaste
Foule monstre dimanche 25 mai à Antananarivo, la capitale malgache. Le concert de Rossy, n’était pas seulement un spectacle de plus : il marquait le retour au pays de l’un des artistes phare des années 90, installé en France depuis la crise politique de 2002. Après l’avoir d’abord interdit, les autorités ont finalement accepté la tenue d’une tournée nationale, dont l’apothéose a donc eu lieu dans la capitale. Sans qu’aucun accident ou trouble ne soit à déclarer.
A-t-on assisté dimanche au plus gigantesque concert jamais organisé à Madagascar ? Difficile d’être catégorique. Lors des propagandes, des campagnes électorales, les politiciens offrent à leurs partisans des spectacles où la scène est partagée entre discours et musique. Mais dans ces cas-là, l’entrée est gratuite. Ou mieux : on paie les militants pour s’assurer d’une foule compacte.
Un indice en tout cas : à Antsonjombe, sur le terrain vague qui accueille ce genre de manifestation à Antananarivo, la scène avait été reculée de 35m par rapport à d’habitude, afin d’entasser un maximum de spectateurs. Au final, 35.000 entrées payantes, plus forcément quelques milliers d’invités et de resquilleurs…
Si le spectacle de Rossy était avant tout une grande fête, comme on pourrait traduire le nom de son style musical, le Tapolaka, il avait pourtant une valeur symbolique, si ce n’est carrément politique. Le chanteur rasta est en effet connu pour avoir été proche de l’ancien président Didier Ratsiraka. S’il s’en défend aujourd’hui, arguant qu’il s’en était rapproché uniquement pour défendre la cause des artistes, son départ précipité de 2002 correspondait justement à la crise politique qui avait abouti à l’avènement de Marc Ravalomanana.
Inquiet de voir Rossy annoncer une tournée évènement dans toute l’île, le ministre de la culture, pourtant une très vieille connaissance du musicien, avait ainsi interdit toute manifestation, jugeant le moment inopportun. Il fallut que le président Ravalomanana donne son feu vert (et que le ministre soit écarté du gouvernement quelques jours plus tard) pour que les retrouvailles entre Rossy et son public aient finalement lieu.
A Tana comme dans les villes de provinces visitées, ses fans ont chaque fois, répondu présents, lui pardonnant volontiers sa longue absence. On pourrait donner la parole à des dizaines d’entre eux, que chaque fois les mêmes mots reviendraient. "Merveilleux", "inoubliable", "historique"…
Et Rossy alors, qu’en a-t-il pensé, de cette après-midi de communion ? "C’était très émouvant. 100% de gens debout à chanter et danser avec moi pendant près de cinq heures… J’ai retrouvé l’amour de Madagascar, je ne savais pas si les gens étaient encore avec moi. Je suis parti presque comme un voleur, c’était injuste, j’avais tant donné pour ce pays... J’ai été traîné dans la boue, tout le monde a entendu des âneries sur moi. Aujourd’hui, je n’ai pas de rancune mais des projets plein la tête. Participer à la vie de la nation, au combat des idées, ça ne m’intéresse plus : je veux simplement donner plein de bonheur à tout le monde."
Grégoire Pourtier