Le C.A.M.P.
A travers l’album A nos morts, issu du spectacle du même nom, le C.A.M.P., le Collectif d’Artistes pour une Mémoire Partagée, rend hommage aux soldats venus d’ailleurs pendant les guerres françaises de 14-18 et 39-45. Une fresque historique qui, grâce au hip hop, permet de rapprocher les descendants et les ancêtres.
L’hommage du hip hop aux tirailleurs
A travers l’album A nos morts, issu du spectacle du même nom, le C.A.M.P., le Collectif d’Artistes pour une Mémoire Partagée, rend hommage aux soldats venus d’ailleurs pendant les guerres françaises de 14-18 et 39-45. Une fresque historique qui, grâce au hip hop, permet de rapprocher les descendants et les ancêtres.
"La mémoire des immigrations n’est pas enseignée dans notre pays, pas plus que l’histoire coloniale. Ce qui fait que les gens ne connaissent pas suffisamment l’origine des flux migratoires. L’histoire de France ne s’arrête pas à Vercingétorix, le Général de Gaulle et Jean Moulin !", s’insurge Yan Gilg, concepteur du C.A.M.P., le Collectif d’Artistes pour une Mémoire Partagée.
Pour sortir de l’oubli cette page de l’histoire, ce collectif a créé un spectacle intitulé A nos morts, dont la bande-son du même nom est sortie récemment en CD. Une création inédite qui, à travers le hip hop, rend hommage aux tirailleurs, ces soldats venus d’ailleurs pour défendre la Mère patrie lors de la Première et Seconde guerre mondiale. Cette fresque historique retrace le conflit 14-18, celui de 39-45 et s’achève en 2005 avec les émeutes en banlieue qu’a connues l’Hexagone.
Pour ces jeunes artistes dont certains sont issus de l’immigration maghrébine ou sub-saharienne, ce devoir de mémoire est fondamental : "A travers ce projet, nous voulions saluer ces hommes qui ont versé leur sang et se sont sacrifiés pour nos libertés", précise Farba Mbaya, l’un des rappeurs.
Œuvre pluridisciplinaire, A nos morts mélange avec aisance rap, chant, chorégraphie, théâtre urbain et projections vidéo sous forme d’images d’archives. Sur l’album, les musiques reflètent assez fidèlement l’esthétique sonore du spectacle. Comme le titre Thiaroye, complainte peulh sur la tragédie du camp militaire du même nom au Sénégal où en décembre 1944, des tirailleurs ont été massacrés alors qu’ils attendaient leurs soldes.
Autre fleuron du disque : C’est nous les Africains. Réinterprétation du Chant des partisans -hymne de la résistance française écrit en 1943 par Maurice Druon-, cette chanson d’une grande émotion donne toute la teneur à cet hommage. Outre l’aspect artistique, le C.A.M.P. s’inscrit dans une démarche citoyenne à travers la mise en lumière de cette mémoire collective dont l’objectif est aussi de créer une rencontre entre les descendants et les ancêtres.
Pour le collectif, la culture hip hop est un vecteur de rapprochement des communautés et des générations. Après A nos morts, le groupe basé à Strasbourg, à l’est de la France, aimerait mettre en place la caravane des mémoires qui partirait de la cité alsacienne pour déambuler dans toutes les anciennes colonies.
Ecoutez un extrait de
Le C.A.M.P. A nos morts (Clair 2 Lune/2008)
Spectacle A nos morts le 14 juin à Saint-Avold (Moselle)