Francofolies de Spa 2008

Du 17 au 21 juillet, la ville thermale de Spa accueille la version belge des Francofolies. Pour sa quinzième édition, le festival s’offre une palette d’artistes ultra variée : de Michel Fugain à Moriarty, du groupe belge The Diplomat à Cali ou du rappeur James Deano à Vanessa Paradis en passant par des chansonniers belges méconnus au-delà de leurs frontières. Entre pluie et parapluies, virée au cœur du premier soir.

15 bougies pour le festival belge

Du 17 au 21 juillet, la ville thermale de Spa accueille la version belge des Francofolies. Pour sa quinzième édition, le festival s’offre une palette d’artistes ultra variée : de Michel Fugain à Moriarty, du groupe belge The Diplomat à Cali ou du rappeur James Deano à Vanessa Paradis en passant par des chansonniers belges méconnus au-delà de leurs frontières. Entre pluie et parapluies, virée au cœur du premier soir.

Tout commence à Spa, petite bourgade d’un peu plus de 10.000 habitants lovée au creux des Ardennes belges, à une soixantaine de kilomètres de Liège. Ici, la spécialité, c’est l’eau. Sauf pendant les Francos. En effet, chaque année depuis quinze ans, la ville met de côté son savoir-faire en matière de bains et d’eau minérale pour se vouer corps et âme à la musique. Cinq jours durant au mois de juillet, elle est partout : dans les bars, sur les places, dans les jardins, les théâtres, le casino… et même en soirée dans les thermes, au bord de la piscine !

En ce premier soir, la balade musicale commence en extérieur. Il est 19 heures, le ciel est gris mais se retient encore de pleuvoir. Direction la scène du Dôme Fortis, sur laquelle le Français Sébastien Tellier est attendu. Derniers réglages son et lumières, petite présentation du zig par un organisateur des Francos et le loufoque chanteur de Sexuality débarque. Tous poils dehors et en pleine forme. Il fait des blagues (il demande aux parents d’aller coucher les enfants parce qu’il va parler de bisexualité), boit du vin blanc, joue avec les photographes. Embrasse une guitare électrique et délivre l’électro-pop sensuelle et provocante de son dernier album. Sans oublier les déhanchements lascifs qui vont avec. Deux claviers et une batterie l’accompagnent, et ça sonne très disco-électro sur certains morceaux, rock sur d’autres ou très… Jean-Michel Jarre ! Sébastien Tellier s’amuse, se moque de lui-même, mais aussi du public. Mais il lui fait quand même plaisir en entamant La Ritournelle ("Le tube qui se trouve dans tous les supermarchés de France et d’ailleurs" comme il dit).

Michel Fugain très rôdé

On quitte là l’humour trouble du troubadour pour aller écouter sur une autre scène le groupe de rock bruxellois The Diplomat. Trois ans d’existence, un album et une belle brochette de critiques élogieuses au compteur. Ils sont quatre derrière les instruments : un Français, une Italienne d’origine et deux Belges, et composent en anglais. Leur énergie est contenue mais bien réelle. Leur musique, un condensé des Dandy Warhols et de Placebo, une ligne un peu noire mais des envolées plus joyeuses par moment. Le public est là en masse. Il s’est mis à pleuvoir mais qu’importe, on se bouscule pour les voir. Qui couvert d’une capuche, d’une casquette, d’un sac poubelle ou d’un bonnet de père Noël. Et l’incontournable cornet de frites mayonnaise à la main.

Plus au sec au Casino de Spa, Michel Fugain entame son concert dans une salle à moitié comble. Veste en cuir et pantalon blanc, il est très chic et son show est très rôdé, tissé qu’il est de medleys de chansons et de scénettes de théâtre. Sur scène, une valise censée représenter "le moi, le surmoi et le tout" de Michel Fugain lui permet de faire le lien et de raconter une histoire. Un coup, il en sort un déguisement (une écharpe et un bonnet pour évoquer sa montée de Grenoble vers Paris quand il avait 20 ans), un autre un pas de danse (pour bouger sur Fais comme l’oiseau). Et quand il en extirpe une partition écrite avec Michel Sardou en 1964, c’est pour charrier son vieil ami : "C’était quand il était encore normal, quand il ne chantait pas encore le France", lance-t-il en faisant référence aux positions politiques de son confrère. Mais, globalement, le ton du spectacle reste bon enfant. Le comportement des auditeurs aussi : à chaque chanson romantique, ils sortent des diodes lumineuses et balancent les bras au dessus de leur tête. Michel Fugain a toujours son public, même en Belgique.

Le Belge Deano à la folie

Après cette halte à l’intérieur, retour dehors. Le récital des Français Aaron, auteurs du tubesque Lili, est annulé. Le chanteur a les cordes vocales trop fragiles et fatiguées, nous a-t-on indiqué. Avec le froid qu’il fait à 22h30 passées, on se dit qu’il a bien fait de rester au lit ! Pour nous, c’est parti pour Vincent Baguian. Il passe sur la même scène que Sébastien Tellier, mais avec moins de poils ! Avec sa boule à zéro, son franc sourire et sa voix de velours, il séduit vraiment les spectateurs. Mais, quand il invite une jeune fille du public à entonner avec lui Je ne t’aime pas chanté d’habitude avec Zazie, il se fait quasiment piquer la vedette ! Ouf, un morceau un peu blues et quelques jeux de mots bien trouvés suffisent à lui rendre sa place.

La soirée se termine au Lido, un club de Spa. Là, c’est rap à gogo avec James Deano. Un Bruxellois qui vient de commettre un album pétri de provocation baptisé Le fils du commissaire (il a notamment beaucoup fait parler de lui avec le single Les blancs ne savent pas danser). Ce véritable fils de flic est un phénomène ici en Belgique : des brochettes d’adolescents et d’adolescentes en furie l’accueillent comme le messie quand il entre en scène à minuit. Avec tout ce qu’il faut de cris stridents, de mains levées et d’yeux écarquillés. Et, quand il serre la main aux jeunes du premier rang, certains sont au bord de l’évanouissement ! Attention, James Deano, à consommer avec modération. Pas les Francos, qui continuent jusqu’au 21 juillet, avec encore des dizaines d’artistes. Espérons-le, tous aussi différents et divertissants que ceux de ce premier jour.