Emile Parisien à Jazz in Marciac

Jeune talent jazz

Comme chaque année, le festival Jazz in Marciac rassemble de nombreuses pointures internationales. Cette fois-ci, du 1er au 17 août, les aficionados peuvent aussi aller écouter des musiciens français, un peu plus que lors des éditions précédentes. C'est ainsi qu'Emile Parisien, jeune talent issu de l'atelier jazz du collège de Marciac, devait proposer le 6 août un set séduisant. Si la météo n'en avait pas décidé autrement…

Il est la coqueluche de Marciac. Toute l'organisation du festival est aux petits soins.

Le jeune saxophoniste Emile Parisien, arrivé adolescent à l'atelier jazz du collège de Marciac, est programmé quatorze ans plus tard sous le chapiteau devant trois mille personnes. En première partie de Manu Katché et des frères Belmondo. Le lendemain du passage d'Omar Sosa et Dee Dee Bridgewater. Manque de chance, un risque d'orage violent fait annuler la soirée. La déception est immense. Mais qu'importe, le musicien n'a que 26 ans et la vie devant lui.

En fait, Parisien n'en est pas à sa première prestation sur la scène de Marciac. Il a déjà joué plusieurs années dans le "festival-bis", celui qui se déroule en journée sur la place du village. Et surtout, il s'était déjà produit sous le chapiteau aux côtés de Wynton Marsalis. Le trompettiste américain avait repéré l'adolescent saxophoniste dans l'atelier d'initiation au jazz du collège de Marciac. "Marsalis était le parrain du collège. Et il passait chaque année, donnait plein de super pistes pour improviser", se souvient Emile Parisien. "C'est non seulement un excellent musicien mais aussi un excellent pédagogue."

Cette fois, ce n'était pas dans l'ombre de Marsalis qu'il devait jouer, mais avec son propre quartet. Celui qu'il a formé avec un ami du collège, le pianiste Julien Touery, et deux amis rencontrés au Conservatoire de Toulouse, le contrebassiste Ivan Gelugne et le batteur Sylvain Darrifourcq. Ensemble, ils ont étudié Stravinsky, Debussy et Ravel, déchiffré des partitions de musique contemporaine, forgé leurs goûts en rock et en chanson. "Au début, on a étudié des standards de jazz, ceux issus de la culture américaine, des comédies musicales", explique le saxophoniste. "Après, on s'est mis à écouter plein d'autres influences musicales. Notre idée est de partir de tout cela pour exprimer des choses plus personnelles."

Emile Parisien et ses acolytes composent. Une partie de leur musique est donc écrite. Le reste est improvisé. "Mais pas de l'improvisation typée comme du jazz traditionnel, plutôt de l'improvisation libre", décrit-il. Leur modèle musical ? Il est un peu chez John Coltrane et chez Médéric Collignon, chez Wayne Shorter et chez John Zorn.

Les quatre complices rejettent l'image lisse de bons élèves que suggère leur parcours. "Les programmateurs ont pris un risque en nous appelant !" plaisantent les musiciens du quartet Parisien. Le président du festival, également proviseur du collège du village, Jean-Louis Guilhaumon, rétorque : "Pour moi, ce n'est pas une prise de risque, mais un plaisir de leur donner la parole."

Le quartet Parisien n'aura finalement pas droit au chapitre lors de cette édition 2008 de Jazz in Marciac. Mais le geste était là, invitant. Le festival de jazz parmi les plus réputés d'Europe, qui convoque des stars américaines telles que Herbie Hancock et Diana Krall, montre ainsi sa volonté à faire valoir les éléments libres et novateurs de la scène française. Médéric Collignon, Manu Katché, Emile Parisien sont pour la première fois sous le chapiteau. "Il faut arrêter de prédire la mort du jazz et de claironner qu'il n'intéresse plus personne !" s'exclame Jean-Louis Guilhaumon. La direction du festival promet que, les années prochaines aussi, le festival reflétera la vitalité du jazz hexagonal et européen.

Débora Müller

 

Emile Parisien Quartet Au revoir Porc Epic (Laborie/Naïve) 2006

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