Un Kid Loco nouveau
Après sept années d’absence, Kid Loco revient avec un nouvel album en son nom propre. Pas de révolution de palais dans sa façon de faire de la musique, simplement un besoin nouveau de prendre la parole et de chanter, en anglais, tous les titres de son disque. Entre musique psychédélique et beat électro, Kid Loco a tranché : il prendra les deux et lance le "psychedelectro".
Party Animals & Disco Biscuits
Après sept années d’absence, Kid Loco revient avec un nouvel album en son nom propre. Pas de révolution de palais dans sa façon de faire de la musique, simplement un besoin nouveau de prendre la parole et de chanter, en anglais, tous les titres de son disque. Entre musique psychédélique et beat électro, Kid Loco a tranché : il prendra les deux et lance le "psychedelectro".
Sept ans que Kid Loco n’avait pas publié de disque en son nom propre. C’est aujourd’hui chose faite avec ce Party Animals & Disco Biscuits. Sept ans dans la vie d’un musicien, cela peut sembler une éternité, une petite mort. Quand on lui demande pourquoi avoir attendu si longtemps avant de donner une suite à Kill Your Darlings (Yellow Productions, 2001), Kid Loco répond simplement qu’il a eu beaucoup de choses à faire. "J’ai fait énormément de remixes, j’ai produit des albums pour d’autres artistes, j’ai composé des bandes originales de film et de dessins animés, mais surtout, j’ai pris mon temps."
Tout est pourtant allé très vite dans la composition. En l’espace de trois semaines, le plus gros du travail était fait. Kid Loco ne s’attendait d’ailleurs pas à ce que cela aille si vite. Mais, pour lui, c’est un signe. Les meilleurs morceaux, dans la pop en tout cas, doivent être créés de cette façon là, dans la spontanéité. Ils conservent ainsi toute leur fraîcheur. Quand à la couleur musicale, elle lui a été dictée par sa façon de travailler les morceaux. "Les instruments guident le climat. Il y a moins de guitare que sur mon disque précédent, mais beaucoup plus de claviers, du piano et de l’orgue principalement. C’est ainsi que je l’ai composé." Par la suite, il fera rejouer certaines parties par d’autres musiciens, ajoutera quelques chœurs féminins et des scratchs.
Sur chaque galette, Kid Loco essaye de raconter une histoire et son Party Animals & Disco Biscuits ne déroge pas à la règle. C’est un album concept qui s’écoute, comme il l’aime, du début à la fin. Là, il s’agirait de l’histoire d’un garçon qui rentre chez lui au petit matin après une virée nocturne. Il y est question de drogue, de sexe, d’amour et d’humour, comme toujours dans ses chansons. Tout y est regroupé dans le temps, comme au théâtre. La petite révolution de palais est donc à chercher ailleurs. Et c’est du côté de la voix qu’elle apparaît. Pour la première fois, Kid Loco chante, en anglais, tous les titres de se nouvelle création. "C’était le meilleur moyen de mettre en musique ce que j’avais dans la tête. Et, pour le coup, on peut dire que c’est un peu le premier vrai album de Kid Loco puisque c’est moi qui le chante."
"Je ne cherche pas à coller à la mode"
Dans les années 1980, Jean-Yves Prieur (son vrai nom), est punk. Il monte avec d’autres amis le label Bondage Records, qui accueillera et développera tout ce que l’Hexagone est capable de produire en groupe à l’énergie brute, Bérurier Noir en tête. A la fin des années 1990, il choisit le pseudo de Kid Loco au moment de sortir son premier album sur la Yellow Productions, le label de Bob Sinclar hébergé par une major. La France est alors en pleine effervescence "French Touch". Kid Loco est "hype" (branché, ndlr). Son album cartonne. L’industrie musicale a, depuis, beaucoup changé. Kid Loco a aujourd’hui quarante-quatre ans et publie son Party Animals & Disco Biscuits quasiment uniquement avec ses propres moyens. Il fait preuve d’une certaine forme de sérénité. "Sept ans entre deux albums, c’est long effectivement. Mais ce n’est pas grave si les gens m’ont oublié. Ça ne me fait pas peur. Aujourd’hui, la musique que je fais n’est plus dans la hype, ça ne me gêne pas. Les Rolling Stones en 1975, je croyais que c’était mes grands parents, aujourd’hui ils sont encore là. J’imagine et j’espère que les gamins de seize ans ne vont pas me kiffer en me voyant sur scène (Rires). On peut faire de la musique pour les gens de son âge. Je ne cherche pas à coller à la mode avec mon album. Il n’y a pas de tricherie."
Kid Loco a toujours détesté les étiquettes. Pour Party Animals & Disco Biscuits, il s’en est pourtant taillé une sur mesure, celle de "psychedelectro". Un comble. Ce néologisme qu’il utilise pour définir sa musique est la réunion du mot psychédélique - qu’il associe au climat général de l’album – et de celui d’électro - pour l’utilisation des beats, leurs côtés modernes et trip-hop. Bien que ce mot le fasse sourire, ses fondements sont vrais. Mais, à l’écoute de certains titres, on se dit qu’il aurait tout aussi bien pu rajouter quelques autres adjectifs et tournures de phrases pour préciser davantage son propos. Ainsi Motorcycle Angels résonne d’une urgence froide et entêtante toute particulière. Theme From The Graffiti joue sur les variations harmoniques avec une simplicité et une efficacité déconcertante. Pretty Boy Floyd commence comme une respiration pop lancinante et se termine en palpitations hip-hop. The Specialist (le titre le plus long de l’album, environ huit minutes) intègre une programmation rythmique hypnotique. Hijack Blues # 9 fait dans l’instrumental onirique, obédience western moderne. "C’est la façon dont j’utilise les rythmes et les ambiances, mélanger tout et n’importe quoi, qui me donne une singularité." Une vraie marque de fabrique en somme.
Ecoutez un extrait de
Kid Loco Party Animals & Disco Biscuits 2 CD (Flor/Le Village Vert/PIAS) 2008
Le nouvel album de Kid Loco est édité avec un disque de remixes de ses nouveaux morceaux.
En concert à La Maroquinerie, à Paris, le 19 mars 2009.