Davy Sicard, studieux en studio

Deuxième album à l'automne 2008

Après une tournée au Québec et une autre en Pologne, Davy Sicard s'est retrouvé, en mars dernier, au Digital Factory, le studio du cinéaste et producteur français Luc Besson. Confortablement installé dans ce château normand équipé à l’américaine, le Réunionnais a enregistré le successeur de Ker Marron. RFI Musique était là.

Le Château des Lettiers, à deux heures de Paris, en pleine campagne normande. Derrière les pierres d’époque se cache un des studios les mieux équipés d’Europe, dans lequel... se cache Davy Sicard !

Le chanteur adore se calfeutrer dans le noir pour enregistrer voix et instruments. Il n’apparaît en pleine lumière qu’au gré des rares pauses ou changements d’instruments. Fin février, ses musiciens ont posé les bases des nouveaux morceaux. Demain, une choriste viendra, suivie à son tour par un clarinettiste puis un violoniste. Pour le moment, Davy étoffe la rythmique d’An mwin, ajoutant kayamb et udu pour un effet aquatique saisissant.

Même si le planning ne laisse aucun temps mort, l’ambiance est décontractée de l’autre côté de la cabine de prise de son. Stéphane Caisson, l’ingénieur aux consoles, tripatouille une palanquée de boutons, veillant à toujours conserver un ton serein avec l’artiste. Lunettes à la Manu Katché et dreadlocks à la Bob Marley, le bassiste Zaf Zapha (Mathieu Boogaerts) consulte tranquillement ses mails, un casque vissé sur les oreilles. De temps à autre, il lève la tête et lance : "Là, tu es en retard !"

Davy avait réalisé seul son premier album. Pour celui-ci, Zaf, déjà présent comme musicien sur Ker Marron, vient apporter un regard différent. De son propre aveu, son rôle de co-réalisateur est d’ouvrir la musique du Réunionnais "à la Terre entière !" S’ensuivent donc parfois des discussions du type : "Il faut accentuer sur le temps fort. Si tu retires le temps fort aux Européens, ils sont perdus ! " Une démarche plébiscitée par Davy Sicard. Avec son premier opus, il avait eu pour ambition de faire redécouvrir à ses compatriotes leur histoire et leur musique, le Maloya. Cette fois-ci, l’envie s’affirme plus universaliste : "Je ne peux pas encore tout dire aujourd’hui mais sur ce disque, il y aura encore une trame narrative. Bien entendu, je m’inspire beaucoup de la Réunion mais le message concerne tout le monde."

"Je peux faire mieux !"

Un plat de pâtes vite avalé, quelques minutes d’intimité avec sa famille, et Davy repart s’enfermer dans l’obscurité du studio d’enregistrement. Cet après-midi, il peaufine les chœurs de Tsilaosana. Davy aime les harmonies vocales. Il double, triples les pistes, insufflant ainsi du volume à ses nouveaux titres. Là où d’autres ménageraient leurs efforts, le chanteur ne laisse rien passer : "Je crois que c’est pas mal", "je peux faire mieux", "une dernière fois, s’il te plaît". Sandra, sa femme, glisse, amusée : "Ici, il reste calme, mais à la maison, quand c’est comme ça, il casse tout !" Un souci du détail que tente de tempérer Zaf : "La première prise est super, la deuxième un peu moins, mais je pinaille." Imperturbable, Davy lui rétorque : "Moi, je ne suis pas satisfait des deux, je recommence !" Une opiniâtreté au final très appréciable.

Evidemment, le son du studio apporte un confort d’écoute très supérieur à la moyenne, mais les titres enregistrés révèlent une densité exceptionnelle : les instruments traditionnels se font la part belle, augurant d’une direction moins "chanson variété"que sur Ker Marron. Ce deuxième album, encore sans titre, devrait sortir à l’automne 2008. Une fois l’enregistrement terminé, le boulot est loin d’être fini pour Davy. Il va falloir travailler la scène : ses musiciens ne connaissent que deux des quatorze nouveaux morceaux.

Ludovic Basque