Factory télescope les genres

Poni Hoax n’a pas démérité face aux anglo-saxons

Le festival parisien Factory poursuit depuis dix ans son travail de défrichage musical, en confrontant jazz, world, rock et electro. Pour cette édition 2008, était notamment à l’affiche le groupe electro rock Poni Hoax, fleuron du label Tigersushi.

Le festival Factory se déroulait du 8 au 11 octobre 2008 à la Cigale (Paris). Une dixième édition musicalement moins grand public que la précédente, laquelle avait convié des têtes d’affiche de l’electro comme Wax Tailor ou Laurent Garnier.

Après une première soirée placée sous le signe du jazz et des Caraïbes, le spoken word d’Anthony Joseph assurait une transition vers les sonorités bluegrass et country de $olal & the Moonshine Sessions, le dernier projet de Philippe Cohen Solal, à l’origine de Gotan Project et du label Ya Basta !. Le DJ britannique Gilles Peterson, féru de musique française, écoutait avec attention cette rencontre transatlantique, entre Paris et des musiciens américains de Nashville.

Les deux dernières soirées du festival mettaient à l’honneur les artistes singuliers de deux labels qui ne le sont pas moins : Warp, qui vit éclore Aphex Twin ou Mark Bell, le partenaire de Björk, et Tigersushi, label parisien fondé par le musicien Joakim, qui accueille Principles of Geometry et Poni Hoax.

Déflagrations

Au troisième soir du festival Factory, le public se fait plus nombreux pour assister aux trois concerts electro-rock prévus. Après les Australiens de Pivot (label Warp), les jeunots encagoulés de South Central font danser toute la salle à coups de déflagrations de guitares, de samples bien choisis et de machines. Après cette déferlante sonore à mi-chemin entre Soulwax et The Rapture, les Français de Poni Hoax se doivent de maintenir l’excitation du public.

La salle de la Cigale est encore un peu plus dense avant le concert des cinq parisiens, très attendus après leur second album, Images of Sigrid, paru il y a quelques mois chez Tigersushi. Bien accueillis par les critiques, ils commencent à fédérer autour d’eux de nombreux fans au gré de leurs concerts. Sur disque, leur musique évoque les Talking Heads ou Human League sans nostalgie facile ni emprunts rebattus. Les compositions de Poni Hoax font preuve de raffinement, traçant des correspondances entre new wave d’hier et electro dansante d’aujourd’hui. Laurent Bardainne, qui compose et joue du clavier, se souvient : "on s’ennuyait à faire du jazz au conservatoire de Paris. Nous avons donc décidé de faire notre propre musique et avons rencontré Nicolas Ker, le chanteur, par petite annonce en 2004. (…) Nous avons été signés par le label Tigersushi suite à une erreur de boîte aux lettres."

Quasi christique

Le concert de Poni Hoax s’ouvre avec le récent  You’re Gonna Miss My Love. La balade un peu mélancolique She’s on the Radio prend des allures de pop robotique, qui fait remuer toute la salle, laquelle exulte au son de Budapest, la chanson synthétique qui a propulsé le groupe. Sortant de scène, le chanteur nous confie : "Les gens faisaient du stage-diving en plongeant dans le public depuis la scène les bras en croix, c’était quasi christique ! ".

Le festival Factory s’achève samedi 11 octobre, avec d’autres recrues du label Tigersushi : Principles of Geometry, un duo lillois féru d’electronica anglaise, dont le concert est plus tellurique que ses albums, et mis en image en 3D. Enfin, Leila (Warp records), la protégée de Björk et d’Aphex Twin, clôt cette dixième édition, avec de nombreux invités (la voix d’Archive, celle des Specials…) dans un feu d’artifice de sons et d’images.

Nicolas Dambre