Mathieu Boogaerts change d’habitudes

Arrivé en février 2007 à Bruxelles où il a passé dix-huit mois, Mathieu Boogaerts a profité de ce séjour en terre belge pour mettre au point les chansons d’I Love You, son cinquième album dans lequel le chanteur français a choisi de modifier sa façon de travailler en composant cette fois-ci avec sa batterie. Explications.

I Love You, un disque à la baguette

Arrivé en février 2007 à Bruxelles où il a passé dix-huit mois, Mathieu Boogaerts a profité de ce séjour en terre belge pour mettre au point les chansons d’I Love You, son cinquième album dans lequel le chanteur français a choisi de modifier sa façon de travailler en composant cette fois-ci avec sa batterie. Explications.

RFI Musique : Pourquoi avoir temporairement emménagé à Bruxelles ?
Mathieu Boogaerts : Très franchement, je suis un peu en errance. Pour moi qui n’ai pas d’enfant, c’est facile de partir d’un coup. Ce qui a été le cas pour ce départ vers Bruxelles, une ville que j’aime avant tout pour son rythme, son ambiance, très appréciables quand on vient d’une ville aussi dense que Paris. Ici, il y a plus d’espace, plus de silence.

I Love You est-il encore un disque réalisé essentiellement tout seul ?
Oui, c’est ma manière de faire. Je ne me l’explique pas, si ce n’est que je joue un peu de tout depuis pas mal de temps. Le fait que je sois fils unique et très solitaire doit y être pour quelque chose : j’aime n’être tributaire de personne. Je tiens à mon indépendance. Comme d’habitude, j’ai commencé à gratouiller des trucs dans mon coin, sans chercher, mais en trouvant des débuts de chanson que je stocke sur mon dictaphone. Au bout de deux ans, j’avais donc une vingtaine de titres en gestation : la matière d’un album. Sauf que pour la première fois, j’ai choisi de ne pas partir de ça. J’avais l’impression d’avoir fait le tour de ce type de langage. J’ai donc décidé de provoquer mon inspiration avec d’autres outils que ma guitare sèche, en composant avec une batterie.

D’où le résultat qui sonne à la fois pareil et résolument différent…
D’où le besoin d’un studio d’enregistrement pour prendre le temps nécessaire, d’où Bruxelles où l’immobilier est trois fois moins cher qu’à Paris, d’où l’ex-stand de tir que j’ai aménagé. Après Michel et la longue tournée qui a suivi, j’avais envie d’être plus libre, de tester d’autres formules. C’est ainsi que j’ai construit ce disque : à partir du rythme, j’ai trouvé une ligne de basse, puis posé des accords et enfin mon chant. C’est-à-dire le processus inverse de celui que je suivais auparavant. Mais je ne suis pas sûr que le résultat soit si éloigné de mes précédents disques.

Cela ne change-t-il pas l’écriture, même si ça reste des chansons ?
Ça en devient. Chaque morceau s’est construit sur une tournerie, et puis un riff. C’était une nouvelle contrainte qui me permettait de ne pas me perdre. Et puis je me mettais à la voix, et dès lors je donnais la forme d’une chanson, avec couplets et refrain. Le disque précédent, j’avais envie qu’il soit beau, mélancolique et romantique. Celui-ci, pas du tout. Là, c’est plus le côté rockeur qui est en moi : baguettes et médiator. Au final, c’est quand même encore des chansons d’amour dont il s’agit. Je ne peux pas faire autrement ! J’essaie juste d’aborder le sujet de manière différente, plus sexy et ludique, plus détachée.

Vous avez déjà eu recours à l’anglais, mais cette fois c’est plus clair, jusque dans le titre…
C’était déjà présent chez moi depuis Ondulé, où je disais par exemple “It is the shame never feel the same”. Cette fois, le trait est plus appuyé, parce que tout ce procédé de fabrication a généré d’autres phrasés. Ce que je cherchais : un autre ton, un nouveau langage induit par la construction autour de rythmiques, donc des cycles plus ramassés que des suites d’accords. C’est pourquoi je chante plus en anglais, naturellement, mais avec beaucoup de naïveté, et que j’ai choisi ce titre : je voulais que ça sonne anglais, mais cette phrase quasi-enfantine est typique d’un non anglophone. L’essentiel était que je garde ma voix. Simplement, avec la batterie et deux accords, je chante plus fort. Tout ça ne part pas d’une démarche intellectuelle.


Comment expliquez-vous que, jusqu’à présent, vos chansons ne soient pas devenues de vrais tubes ? Ne suffirait-il pas d’enlever quelques notes, de simplifier? N’est-ce pas, au fond, une démarche volontaire ?
Ah non ! Si, demain, je peux vendre un million d’albums, je serai le premier ravi. Plus je touche de monde, plus je suis heureux. A chaque fois que je valide une chanson, à mon sens c’est un tube imparable, mondial. Franchement, si c’est compliqué, je ne vois pas où… Peut-être que je place des choses qui complexifient, peut-être qu’inconsciemment j’ai peur de l’énorme succès ? Tout ce que je sais, c’est que j’ai très souvent tendance à gommer le son trop clinquant au mix.

Pour la tournée qui commencera au début de l’année 2009, serez-vous à la batterie ?
Juste par moments, même si j’avais pensé faire tout le concert à la batterie. J’y ai renoncé et il me faut trouver le bon batteur. Je viens tout juste de faire une audition, et je pense l’avoir trouvé. En tout cas, il est certain que ce sera un poste clef pour cette tournée. L’autre aspect sera une scénographie très particulière… Je ne peux pas en dire plus. Mais, croyez-moi, ce sera quelque chose de pas courant.

 Ecoutez un extrait de

Mathieu Boogaerts I Love You (Tôt ou tard/WEA) 2008 En concert à Paris le 12 et 13 mars à l'Alhambra.