Amadou & Mariam, au nom de l’universalité
Révélés au grand public par l’album Dimanche à Bamako paru en 2004, Amadou & Mariam continuent à jouer la carte de la modernité avec les nouvelles chansons de Welcome to Mali. Sans Manu Chao qui avait produit leur précédent disque, mais avec la complicité de Damon Albarn, Keziah Jones, Tiken Jah Fakoly ou encore Mathieu Chedid.
Welcome to Mali, samedi soir à Bamako
Révélés au grand public par l’album Dimanche à Bamako paru en 2004, Amadou & Mariam continuent à jouer la carte de la modernité avec les nouvelles chansons de Welcome to Mali. Sans Manu Chao qui avait produit leur précédent disque, mais avec la complicité de Damon Albarn, Keziah Jones, Tiken Jah Fakoly ou encore Mathieu Chedid.
RFI Musique : Sur ce nouvel album, vous avez invité un grand nombre d’artistes qui appartiennent à des univers musicaux très différents. Est-ce une façon de dire quelque chose ?
Amadou : Bien sûr, le message, c’est que notre musique est universelle. N’importe qui peut jouer dessus. Le point commun, c’est que nous aimons le même genre de musiques et que nous voulons aussi faire des mélanges, parce que ça fait naître d’autres couleurs. Se retrouver et chanter avec Keziah Jones, Damon Albarn ou Mathieu Chédid – l’un de nos premiers amis en France, qu’on a rencontré en 1997 – , c’est une façon de montrer qu’on est capable de faire de la musique ensemble, qu’on soit du Sud ou du Nord.
Sabali, le premier single électro-pop produit par le Britannique Damon Albarn, a de quoi surprendre. Qu’est-ce qui vous a amené à collaborer avec lui ?
A : Quand il a mis en place le festival African Express, on s’est rencontré pour la première fois au Mali. Par la suite, on a joué ensemble à Kinshasa, à Liverpool. On a fait pas mal de choses avec lui et finalement, lorsqu’on a voulu enregistrer notre album, on a fait appel à lui. Pour Sabali, on a d’abord commencé à travailler au Mali.
Mariam : il l’a composé et j’ai écrit les paroles..
A : Au début, il y avait la guitare. Quand on a enregistré à Londres, il y avait les violons, les synthés, la batterie… Ça a évolué. Ce sont les instruments et les sonorités qui ont changé.
Avez-vous toujours été conscient que votre musique avait ce potentiel ou l’avez-vous découvert avec votre précédent album ?
A : Notre musique avait cette potentialité-là mais ce n’avait pas été exploité. Quand on a commencé à jouer au Mali, on nous disait d’aller en France parce que notre musique pouvait y marcher. Elle avait une connotation moderne et les Maliens se retrouvaient dedans, ils savaient qu’elle était universelle. Mais pour certains, quand il n’y a pas de kora, de ngoni ou de balafon, ce n’est plus de la musique africaine. J’adore la musique traditionnelle, mais il y a aussi des musiciens modernes qui veulent atteindre d’autres cibles.
Vos chansons sont très souvent signées soit par l’un, soit par l’autre. Vous ne travaillez pas en duo ?
M : Chacun est de son côté. Moi, je compose mes chansons pendant la nuit. Amadou, c’est le matin. A un moment, je l’appelle et il me dit d’ajouter ci, d’enlever ça. On fait les arrangements tous les deux.
A : C’est une question de disponibilité. Parce que quand on veut créer une chanson, il vaut mieux être seul pour que l’inspiration puisse venir. C’est dans la solitude qu’on peut réellement créer. Et après on se retrouve pour travailler ensemble.
Composer et écrire, est-ce une activité quotidienne ou avez-vous besoin de ressentir la pression à l’approche de l’enregistrement ?
A : Un peu des deux. Avant de faire un nouvel album, on a toujours des morceaux en réserve, qui sont là, à côté. Quand l’occasion de faire un disque se présente, on commence par ceux-là, mais il y a aussi des morceaux que nous composons la veille d’aller en studio.
M : Par exemple, la chanson Magosa, qui est sur Welcome To Mali, je l’ai composée quand on était au studio.
A : Généralement, tous les morceaux qui peuvent être des tubes sont faits au moment de l’enregistrement. On pense que l’inspiration vient au bon moment. On ne se force pas mais quand c’est le moment d’être en studio, on peut se concentrer et ne plus s’occuper de toutes les autres choses qu’on a à faire.
Le regard que portent vos compatriotes sur vous a-t-il changé depuis Dimanche à Bamako ?
A : Oui, notre succès a apporté beaucoup d’espoir aux uns et aux autres. Ils nous ont vus quand on était tout jeune, qu’on venait de démarrer. On est parti de rien pour arriver à ce stade-là, ça veut dire que le courage finit toujours par payer. Les Maliens sont très fiers de nous, nous représentons beaucoup pour eux. La preuve en est que nous sommes sollicités par un grand nombre d’associations au Mali.
Dans votre carrière, y-a-t’il un concert qui vous laisse un souvenir particulier ?
A : Les Trans’musicales de Rennes, en 1997. Ça nous a beaucoup marqués parce que, lorsqu’on y a joué, on n’avait pas de disque sur le marché en France, et le public ne nous connaissait pas du tout. Le concert a tellement bien marché qu’il est resté dans nos esprits.
M : On ne peut pas oublier ce moment-là. C’est grâce à ce concert qu’on a commencé à être connu, vraiment. Au moment de monter sur scène, on ne savait pas ce qui allait se passer. Moi j’étais très stressée, tendue. Quand on est arrivé devant le public et qu’on a vu qu’il était content, qu’il nous nous réclamait, j’étais émue.
La musique africaine vient de perdre une de ses grandes figures, Miriam Makeba. Que représente-t-elle pour vous ?
M : Miriam Makeba représente beaucoup pour nous. On s’est rencontré en Afrique du Sud aussi et elle est aussi venue au Mali. Elle est allée à l’Institut des jeunes aveugles, pour apporter son aide. Quand j’étais petite j’écoutais beaucoup ses chansons. Malaika me plaisait beaucoup. J’aimais beaucoup sa voix. Elle m’a marquée, donc ça me fait très mal qu’elle ne soit plus là, mais on ne peut rien contre la mort.
A : On l’a beaucoup écouté, on s’est beaucoup inspiré d’elle. C’était une grande dame de la musique, avec beaucoup d’engagement politique pour son pays, l’Afrique du Sud. Elle était un exemple et toutes les chanteuses voulaient suivre son chemin.
Ecoutez un extrait de
Amadou & Mariam Welcome to Mali (Because Music) 2008