A Montréal avec Mes Aïeux

Virée au cœur de leur quatrième album

24/11/2008 -  Montréal - 

Le 8 octobre dernier, le groupe québécois Mes Aïeux lançait en grande pompe à Montréal La Ligne orange, son quatrième album studio (sorti en France, en Suisse et en Belgique il y a quelques jours). RFI Musique était de la partie, pour rencontrer les membres de cette smala qui fait un tabac au Québec, avec son folk revisité et son contact unique avec le public.

En cette fin d’après-midi d’octobre, les invités se pressent devant le National, une jolie salle de concert du quartier Centre-sud de Montréal. Tous viennent découvrir en avant-première les nouvelles chansons folk-trad de Mes Aïeux, qui lance son quatrième album studio, La Ligne orange.

Un événement ici, en terre québécoise, où ce groupe fondé en 1996 cartonne. Un demi-million d’albums vendus au Québec, le maintien du titre Dégénération au Top 50 national depuis deux ans et des prix en pagaille, dont quatre Félix reçus en 2007 au gala de l’ADISQ* (Chanson populaire de l’année, Groupe de l’année, Album folk contemporain de l’année et Album du meilleur vendeur).

Les journalistes se sont déplacés en masse et, avant de démarrer le concert, les sept membres de Mes Aïeux enchaînent les interviews dans la fosse. Bras dessus bras dessous, l’air radieux. "On n’est sans doute pas le meilleur groupe au monde, mais sans doute l’un des plus soudé !" dit Stéphane Archambault, le chanteur. L’esprit collectif, c’est l’une des marques de fabrique de cette smala de trentenaires, qui s’est constituée autour du théâtre d’improvisation. Sur scène, leur complicité transpire et séduit. Ça rigole, ça jase entre les chansons, ça crée des chorégraphies, ça chante en chœur… Une chaleur quasi-familiale se dégage du tout, exacerbée en ce jour de lancement par la présence aux premiers rangs des familles et des enfants des musiciens.

Couleurs et légendes

Devant ce parterre multi-générationnel, Mes Aïeux a joué cinq titres. Peu, mais assez pour donner une idée de la variété rythmique du nouvel opus : rock avec l’entêtant simple Le déni de l’évidence et avec La Dévire, tzigane avec Antonio, douce balade folk avec La grande tornade et reprise engagée d’A la claire fontaine avec Belle, embarquez, qui traite du réchauffement de la planète. En concert comme sur disque, les arrangements de chaque chanson sont parfaitement léchés. Avec d’exquises interventions de violon, de violoncelle, de saxophone, de flûte traversière, d’accordéon, de banjo ou de glockenspiel. Mes Aïeux a mûri depuis qu’on les a repérés en France en 2005. Les compositions ont gagné en richesse et en finesse, moins ancrées qu’avant dans le seul folklore québécois.

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Le lendemain, autour d’une soupe et d’un bon plat chaud dans un restaurant de Montréal, les membres du groupe précisent qu’ils n’ont pas pour autant perdu de vue ce qui fait la mœlle de leur œuvre : les contes et légendes, encore chers à un Québec qui s’est longtemps chauffé l’hiver au coin du feu et au son de drôles d’histoires. Celles de La Ligne orange sont plus modernes et plus urbaines que sur les précédents albums du groupe (Ça parle au diable en 2000, Entre les branches en 2001, En famille en 2004).

Montréal sert de décor à de nombreuses chansons. Avec son métro d’abord, dont la fameuse ligne orange (la première ligne de métro de Montréal, inaugurée en 1966) a donné son titre à l’album. Avec ses personnages ensuite, comme celui du Grand Antonio, l’un des hommes les plus forts du monde qui tirait des autobus avec ses cheveux ( !) et était célèbre dans tout le pays, avant de finir clochard dans le métro montréalais. Avec ses lieux emblématiques, enfin, puisque deux morceaux sont des odes au Stade olympique et au Forum de Montréal. Ecouter Mes Aïeux, c’est découvrir une ville, une culture, un accent d’ailleurs. C’est voyager au cœur d’un Québec qui parle français. Qui nous parle, tout simplement.

* ADISQ : Association québécoise de l’industrie du disque, du spectacle et de la vidéo.

Fleur De la Haye