Les Vedettes

Découvertes aux côtés de Philippe Katerine, les Vedettes, des majorettes trash jouent dans le même registre côté chanson. Le chanteur et sa Secte Humaine ont trouvé leur alter ego dans ces huit filles belges, dont ils ont conçu le premier disque, intitulé fort à propos, Disque n° 1.

Des majorettes borderline

Découvertes aux côtés de Philippe Katerine, les Vedettes, des majorettes trash jouent dans le même registre côté chanson. Le chanteur et sa Secte Humaine ont trouvé leur alter ego dans ces huit filles belges, dont ils ont conçu le premier disque, intitulé fort à propos, Disque n° 1.

Elles ressemblent un peu à leur parrain Philippe Katerine, puissance huit. D’ailleurs, où est passée la huitième ? Elles ne sont que sept à être descendues du train en provenance de Bruxelles. "La huitième ? Elle est dans le coffre de la voiture…" répond Géraldine. Leur point commun ? "La beauté !" répond la brune Agathe, décrétée chef des Vedettes avec la blonde Jill. Profession ? Porter des bottes blanches, une jupette rouge et un grand bâton : elles sont majorettes ! "C’est un rêve de petite fille que nous n’avions pas pu réaliser, faire la majorette, c’était mal vu" expliquent-elles. Alors, en 2005, elles ont acheté les jolies costumes et se sont exercées, notamment avec des majorettes vraies de vraies, les Mignonettes, dans le quartier populaire de Marolles à Bruxelles. Entraînement intensif deux à trois fois par semaine pendant trois mois.

Parade décalée

Agathe et Jill avaient réuni autour d’elles des femmes d’horizons différents : maquilleuse, comédienne, styliste… qui ont toutes commencé à participer à un vrai défilé de fausses majorettes. Ce spectacle de rue de 10 minutes rencontre vite du succès et s’enrichit, il s’appelle alors Vedettes-plus-ou-moins-majorettes. Le défilé devient plus théâtral, avec des histoires entre les filles, la musique volontiers désuète mêle Eye of the Tiger au générique des Chiffres et des Lettres.

Ces majorettes décalées, un peu pied nickelés, font rire, surprennent et invoquent aussi une tradition un peu perdue, celle des jeunes filles en jupette qui paradent au son des fanfares, parfois observées de façon moqueuse, voire lubrique. Elles rencontreront ensuite Philippe Katerine et se produisent en ouverture de son concert au Cirque Royal de Bruxelles en 2006, puis effectuent quelques-unes de ses premières parties. "Philippe Katerine a un faible pour les uniformes. On ne l’a pas suivi, c’est lui qui nous a emmenées" se souvient Jill. Muriel constate : "C’est notre parrain, c’est notre amour secret, c’est l’homme complet."

Les fantasmes de Katerine

Le dandy déjanté décide alors d’écrire des chansons pour ses majorettes. "Philippe nous a observées pendant sa tournée d’été, il a aussi entendu des bribes de nos conversations" raconte Agathe, Ingrid ajoute : "c’est sa vision de nous avec sa part de fantasme. Mais souvent, il a tapé dans le mille comme avec les chansons Y'a pas un mec ou Comme dit Daddy par exemple", qui évoquent les relations hommes-femmes ou père-fille, lequel la croit lesbienne…

Pour ce premier disque, la même dream team que pour le disque et les tournées de Katerine s’est réunie. Ce dernier a composé la musique et écrit les textes, dont les thèmes tournent autour des mecs, du sexe, des régimes ou du look. Les Vedettes chantent ainsi leur rêve érotique avec Joey Starr ou la mort du père ("Papa est mort, laisse tomber, c’était un facho"). La Secte Humaine (ex-Littlle Rabits), qui a accompagné sur scène Katerine, a interprété la partie instrumentale à coups de salves rock voire rockabilly. Gonzales et Renaud Létang étaient à nouveau leurs complices.

Second degré

Désormais les Vedettes paradent seules, sans leur mentor ni tous ses hommes, histoire de ne pas passer pour des Katerinettes. Elles ne sont pas nées de la dernière pluie et jouent volontiers avec les stéréotypes de la femme-objet qu’elles incarnent un peu en majorettes. Du franc parler sans tabou, une ironie grinçante à la façon de leur compatriote Benoît Poelvoorde. Un humour dévastateur que tout le monde ne comprend pas. "À travers le second degré, on peut dire bien des choses" dit Nadia. "Et puis nous ne sommes pas là pour révolutionner la chanson française, ni pour se prendre au sérieux" ajoute Monia. Les chansons façon chorale lycéenne pourront agacer, tout comme les paroles volontiers simples et provocatrices. Mais c’est sur scène que l’énergie et l’esprit cinglant de ces drôles de majorettes devenues chanteuses devraient faire mouche.

 Ecoutez un extrait de

- 08/09/2016

Les Vedettes Disque n°1 (Cinq7/Wagram Music) 2008
Les Vedettes + Elvis Ghettoblaster en concert le 16 décembre au Centre Wallonie-Bruxelles (Paris)