Leeroy retrouve l´Afrique
Echappé du Saïan Supa Crew pour profiter en solo de la gloire que procure un micro, Leeroy, impeccable MC aux verbes taillés sur mesure, nous embarque sur son nouvel album pour un African Trip. Après l´Inde et avant son prochain véritable opus, cette escapade africaine étaye un peu plus encore la physionomie de ce MC passionné d´aventures insolites.
African trip
Echappé du Saïan Supa Crew pour profiter en solo de la gloire que procure un micro, Leeroy, impeccable MC aux verbes taillés sur mesure, nous embarque sur son nouvel album pour un African Trip. Après l´Inde et avant son prochain véritable opus, cette escapade africaine étaye un peu plus encore la physionomie de ce MC passionné d´aventures insolites.
Sans bouger de Paris, comme il l´avait fait en 2006 avec Bollywood Trip, son opus inspiré par les musiques de Bollywood, Leeroy zyeute vers l`Afrique, le regard en coin et le sourire aux lèvres. "C´est exactement le même processus, explique-t-il. Le label et éditeur Cantos m´a ouvert son catalogue. Je n´ai eu qu´à piocher les éléments qui m´intéressaient" raconte le bavard. En effet, Cantos possède quelques perles éditoriales (les répertoires Syllart Productions, Editions Populaires & African Sun Music...) amassées au fil des ans. Son catalogue, majoritairement originaire de l´Ouest africain dessine un riche panorama des musiques de la sous-région (Sénégal, Mali, Guinée et Congo).
"J´ai dans un premier temps, écouté une quantité impressionnante de titres, me suis familiarisé avec un matériel que je croyais connaître et qui très souvent, m´a agréablement surpris. J´ai découvert ou redécouvert des ensembles oubliés comme les orchestres de jazz qui faisaient florès dans la région au début des années 70 avec un son si particulier" détaille-t-il en citant en guise d´exemple, l´Orchestre de la Paillotte originaire de Guinée, "mais aussi les voix de la Malienne Djénéba Seck, de la Sénégalaise Coumba Gawlo ou de son compatriote Ismaël Lo ainsi que des rythmes afro-cubains d´Africando, de Kékélé et des pans entiers de l´œuvre du Congolais Franco".
Ce voyage dans le patrimoine musical de cette région d´Afrique a fortement impressionné le machino du beat. "Forcément, tu découvres d´autres constructions, d´autres façons de faire. Tu comprends enfin pourquoi un beat groove ou pas. Pourquoi tel accord, telle mélodie fonctionnent sur ce groove. J´avais déjà eu cette impression après écoute des registres indiens".
Inspiré par l'Afrique
Réputée pour la qualité et la diversité de ces musiques, cette partie de l´Afrique a naturellement inspiré le créateur en studio. "J´ai mis dans mes machines un peu de Sénégal, de Mali, de Guinée et de Congo. Une voix par là, un riff par ci ou bien encore un djembé" commente-t-il à la façon d´un chef devant son piano. "J´ai désossé, découpé, réorchestré et réarrangé les parties qui m´intéressaient. J´ai cherché à allier ma patte, mes styles avec ces musiques, à me les approprier."
Pour Leeroy, le but premier est de leur rendre hommage : "C´est la base de mon travail. Je ne peux le faire que parce que j´aime ces musiques. J´ai essayé de ne pas blasphémer" ajoute-t-il en précisant que tout n´a pas toujours été évident : "Je ne suis pas familier de l´utilisation d´instruments acoustiques" avoue-t- il. "C´est comme un vocabulaire que je ne possède pas ou une logique que je maîtrise mal". Plus réarrangés que réellement remixés, ces titres supportent dans l´ensemble, plutôt bien le traitement sans pour autant déclencher l´enthousiasme de sa précédente escapade bollywoodienne.
Vernies au hip hop ou à l´électro, ces relectures réalisées dans un laps de temps plus bref diffusent une multitude d´éclats. "J´écoute de plus en plus d´électro" commente celui qui a ces derniers temps à plusieurs reprises accompagné au mic, DJ Zebra, le roi du bootleg et collaboré avec Molécule, jeune pousse prometteuse du dub hexagonal, managé tout comme le rappeur par Aktarus. "Molécule est un bon musicien qui taquine aussi bien le solfège que l´art du remix. Il évolue entre dub et électro et est un bon arrangeur. De plus, il m´a aidé à mixer et à masteriser cet album".
Nouvelles nuances
Sur Dark City, on retrouve même un sample du Falluja, composé par le dubber parisien. "J´aime ces collaborations qui apportent des nuances nouvelles à mon propos" confie-t-il. Ainsi on reconnaît la patte de Kärve, le DJ et producteur qui accompagne le rappeur aux platines sur scène, et découvre celle de Gloumi, un très jeune compositeur récemment signé par Aktarus.
Cette constellation d´étoiles naissantes travaille déjà sur le prochain album solo du rappeur. "Au printemps, je lâcherai une mixtape sur laquelle on commence à plancher. On souhaite réaliser quelque chose d´assez libre et barré. L´album lui, n´arrivera pas avant à la rentrée 2009. Je souhaite aller jusqu´à l´extrême du plaisir et ne pas hésiter à ouvrir de nouvelles voies quitte à parcourir des espaces bizarroïdes" ponctue, sûr de son effet, le MC. Les rythmiques tribales africaines par exemple, s´accordent à merveille avec le son de l´électro.
"C´est une des directions de mon prochain album" ajoute-t-il, peu avare de confidences. "Pour le live, Gloumi et Kârve seront probablement de la partie" pronostique- t-il ajoutant à son planning déjà bien chargé les sorties de nouveaux volumes de remixes bollywoodiens et ouest-africains. C´est dans ce fatras créatif, que Leeroy trouve toute sa force, qu´il s´invente de nouveaux défis. "Quelque-soit le projet avec lequel j´arrive, quelque soit le nom sous lequel je grimpe sur scène, je reste le même. Imperturbablement le même !".
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par Bahia Allouache
Leeroy African Trip (Aktarus/Cantos/PIAS) 2009