Dans le pays d’Emily Loizeau
Trois ans après L’Autre bout du monde, Emily Loizeau revient avec Pays Sauvage, conçu entre Ardèche et Réunion, une œuvre extravagante, riche et généreuse qui convie Moriarty, Herman Düne, Thomas Fersen, Danyel Waro… Une terre intime et inexplorée, dont elle nous révèle les secrets.
Deuxième album de la chanteuse
Trois ans après L’Autre bout du monde, Emily Loizeau revient avec Pays Sauvage, conçu entre Ardèche et Réunion, une œuvre extravagante, riche et généreuse qui convie Moriarty, Herman Düne, Thomas Fersen, Danyel Waro… Une terre intime et inexplorée, dont elle nous révèle les secrets.
RFI Musique : Que représente ce "pays sauvage" pour vous ?
Emily Loizeau : J’aime les histoires qui continuent. Pays Sauvage répond à une chanson, titre de mon précédent opus L’autre bout du monde, qui contait ce rêve récurrent sur mon père décédé. En songe, je l’imaginais vivant. J’ai composé le morceau Pays Sauvage, quand cette vision a cessé de me hanter : le processus de deuil était achevé. Le souvenir s’absentait et brouillait l’image. Si tragique soit-il, l’oubli tourne la page ; la vie reprend ses droits. S’élevait alors un pays dévasté par l’orage, brûlé, à reconstruire, une terre qui renaît de ses cendres.
Moins intimiste que votre premier album, Pays Sauvage laisse affleurer un côté charnel…
Je souhaitais aller vers cette part intuitive, liée au corps, à cette dose de folie. Je souhaitais abandonner le caractère lisse, travaillé, "petit bijou" de L’autre bout du monde. Par la voix, j’ai tenté de donner cette interprétation brute. Le public attend d’une chanteuse que son art soit joli, doux, qu’il caresse dans le bon sens. J’ai opté pour un chant animal, qui tour à tour apaise, touche, provoque. Un reflet de l’émotion, du caractère et de l’intime qui désarçonne, signifie l’aridité, la tendresse ou suscite le malaise.
Ces amorces germaient déjà lors de mon premier album, mais il manquait l’explosion, l’étincelle, provoquée par deux ans de tournée, d’expérimentation, de confrontation avec mes musiciens (Olivier Koundouno et Cyril Avèque) qui ont nourri ce que je suis aujourd’hui, un instant de moi, dont je livre la photographie.
Que vous a apporté la réalisation ?
Elle permet de rester maître de ses choix, d’être en laboratoire intime, organique, avec les musiciens, le preneur de son. Nous sommes allés au bout de nos partis-pris, sans mensonge.
Comment avez-vous eu l’idée de réunir ces invités ? (Danyel Waro, Herman Düne, Moriarty, Thomas Fersen…)
Je ne connaissais personnellement aucun d’entre eux. J’adorais la musique de Moriarty, qui conviait des souvenirs d’enfance, me rappelait à mes racines. Je suis fan de tout Herman Düne, sa démarche, ses textes, son absence de compromis. Quant à Danyel Waro, il représente une sorte de "père spirituel", un choc artistique. Par-delà les collaborations musicales, ce furent surtout des rencontres humaines, tissées de complicité. Pour élargir notre trio, je cherchais des artistes qui possédaient cette notion de groupe ! J’aimais l’idée de collectif, celle d’un disque communautaire un peu hippie, une invitation lancée à mes potes folkeux dans ma maison en Ardèche ! (rires)
Cet album est donc une célébration ?
Il y a dans Pays Sauvage un côté païen, parfaitement assimilé par Danyel Waro, et le blues en général, l’idée de puiser le bonheur dans la douleur des ancêtres. Voici ce que j’ai tenté d’exprimer : une bonne bouteille de whisky et beaucoup de guitares, l’illustration d’une bribe de vie que nous tâchons de rendre la moins banale possible. Elle ne sera ni lisse, ni jolie, ni parfaite, mais nous allons jouer, fêter, nous laver de la souffrance dans une joie explosive.
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Ecoutez un extrait de
En concerts du 4 au 6 mars à L’Alhambra.
Emily Loizeau Pays Sauvage (Polydor) 2009
Emily Loiseau sera l'invitée de Musiques du monde en VF le 28 février 2009 sur RFI