25 Ans d’Indochine à Hanoï
Anniversaire, version symphonique
09/03/2009 - Paris -
Le 6 juin 2006, le groupe Indochine célébrait ses 25 ans d’existence. Le 06.06.06, date démoniaque par excellence (le nombre 666 serait celui du démon), Nicola Sirkis voulait marquer les esprits. Hanoï, version double CD ou DVD retrace le défi diabolique de ce jour très particulier : donner deux concerts avec l’Orchestre philharmonique de Hanoï … Au Vietnam, ancienne colonie française que l'on nommait… Indochine.
Il y a du monde au balcon de l’Opéra d’Hanoï, réplique à l’identique de l’Opéra Garnier parisien. Ça balance même pas mal.
La jeunesse locale qui ne connaît que très peu les compositions d’Indochine s’enthousiasme pour chacune des chansons jouées. Les quelques centaines de fans français ayant fait le déplacement ne touchent, eux, plus terre. Il faut avouer qu’il y a de quoi. A l’invitation du Centre Culturel Français du Vietnam, la bande de Nicola Sirkis a complètement transfiguré son répertoire en s’accordant les 6 et 7 juin 2006, deux concerts exceptionnels en compagnie de l’orchestre philharmonique d’Hanoï, show que l'on retrouve sur Hanoï, double CD et DVD sortis le 19 février 2007.
Une revanche pour un groupe qu’on a souvent qualifié de bidouilleurs chanceux. Les classiques Tes yeux noirs ou Trois nuits par semaine prennent une ampleur inédite. Les réfractaires seront même traversés de frissons à l’arrivée des violons sur J’ai demandé à la lune. Grâce à cette collaboration inédite, on ne peut que constater la force d’écriture d’un Mickaël Furnon, auteur de ce tube sorti en 2002. Hanoi se révèle comme l’enregistrement indispensable pour redécouvrir toute l’importance d’Indochine dans le paysage musical français, mais aussi la qualité de chansons longtemps mésestimées.
Un exercice permanent de diplomatie
Fin janvier, sur la scène de la Pagode, cinéma parisien au décor asiatique tout à fait raccord, Indochine présentait, en avant-première, un extrait de ce projet exceptionnel. Une idée qui remonte à l’adolescence pour Nicola. Il était tombé sur l’album 200 Motels de Frank Zappa, où le musicien iconoclaste mêlait déjà rock et classique. "L’expérience de Metallica m’a aussi beaucoup inspiré, nous confiait-il. Mais ils jouent avec le London Symphonic Orchestra, un orchestre immense et qui connaît le rock. Ça n’a rien à voir avec le Vietnam, la difficulté était beaucoup plus pointue. Là-bas, ils connaissent principalement la musique pop asiatique."
Indochine avait tout de même un atout dans sa manche : c’est un Français, Xavier Rist, qui dirige l’Orchestre Philharmonique d’Hanoï. Malgré tout, le mélange des genres n’était en rien une sinécure, comme le confirmait Nicola. "Il y avait déjà une difficulté technique. Avec Indochine, nous jouons au clic [métronome numérique que le batteur suit grâce à un casque ou une oreillette, ndlr], Xavier lui l’appelait le flic ! Ce n’était pas facile de marier ces deux cultures différentes. Il nous a fallu beaucoup de diplomatie. Quand on a découvert l’arrangement final de L’Aventurier, on a été un peu surpris. Là aussi, on a du négocier. Sur ce titre, le tempo est à 170, les petites violonistes ne pouvaient pas plus !" On peut tout de même saluer le travail d’arrangeur de Gérard Tempia Bonda qui a su concilier, de belle manière, deux mondes si éloignés.
Très méfiant durant la phase de préparation, prêt même à tout abandonner lors des premières répétitions, Nicola s’avouait finalement complètement conquis : "On regrette de ne pas avoir tenté plus de titres. C’était assez réglementé, on savait qu’on ne pouvait jouer qu’une heure et quart, une heure et demie avec l’orchestre symphonique. Peut être qu’on retentera ça un jour. Maintenant qu’on sait jouer, que je sais chanter, au bout de 25 ans!" Le premier set de douze titres versions symphoniques est suivi d’une autre prestation 100% électrique. D’un côté les classiques, de l’autre les nouveautés que vous retrouvez en intégralité sur le double CD.
Nouvelle collaboration à Paris
Sur le double DVD, vous découvrez en plus le jeu de lumières voulu par le groupe : ambiance bleue sombre, couleurs saturées. On jurerait que l’espace de cette captation, le temps s’est arrêté. Et si l’image sautille parfois, il ne s’agit bien d’un parti pris délibéré : "Je voulais que ça ressemble aux films d’actualités que je voyais lorsque j’étais petit", affirme Nicola. Epaulé par l’indéfectible Oli de Sat, il a monté lui-même l’ensemble du concert, avouant, au passage, avoir eu la chair de poule en revoyant des titres comme Pink Water ou 3 nuits par semaine.
Avec le documentaire, Bye Bye Vietnam, vous voyez également le chanteur s’essayer à la langue locale dans un taxi, s’enthousiamer sur les systèmes antidéluviens d’air conditionné ou se plier au rite du discours en ambassade. Une expérience vécue comme une incartade dans une tournée longue de plus d’un an et demi. Indochine compte bien maintenant se reposer. Mais ultime cadeau, lors de son dernier concert du Alice & June Tour à Bercy, le 19 mai prochain, le groupe rejouera une demi-heure en compagnie de l’Orchestre philharmonique de Hanoï. Vous êtes prévenus, il n’y aura pas de dates supplémentaires.
Ludovic Basque
Retrouvez Indochine dans l'émission Musiques du monde sur RFI le jeudi 22 février 2007 : + d'info