VBH à l’ombre du studio

Après une année 2008 marquée par une avalanche de concerts et la finale du prix Découvertes RFI, le rappeur camerounais VBH (Vise Bien Haut) peaufine son premier album à Douala. Rencontre avec un chanteur aux influences très variées… et parfois étonnantes.

Album en vue pour le rappeur

Après une année 2008 marquée par une avalanche de concerts et la finale du prix Découvertes RFI, le rappeur camerounais VBH (Vise Bien Haut) peaufine son premier album à Douala. Rencontre avec un chanteur aux influences très variées… et parfois étonnantes.


"L’un des artistes qui m’a le plus marqué, c’est Brassens. Mais je n’avais pas le droit de l’écouter alors j’empruntais les cassettes de mon père." D’autres noms de la musique française accompagnent son enfance : Joe Dassin, Claude François, Julio Iglesias… Plus tard, viendront entre autres Bob Marley puis Snoop Doggy Dog. "Ses albums The Chronic et Doggystyle, en 1992 et 1993, sont sans conteste ceux qui m’ont donné envie de faire du hip hop. Avant, je ne faisais qu’écouter du rap, comme beaucoup de jeunes. Après ça, j’ai eu envie d’en faire."

Laisser vivre ses inspirations

Cette diversité a marqué les dix années de carrière de VBH et aboutit aujourd’hui à un album ponctué de collaborations avec des artistes d’horizons variés, tels que Muntu Valdo ou le guitariste de Sheryl Gambo, finaliste comme VBH du prix Découvertes RFI 2008. "Au début de ma carrière, je refusais de laisser paraître mes influences musicales, reconnaît VBH. C’était sans doute pour affirmer mon propre style… alors que nous sommes tous forgés par différents courants musicaux. Mais finalement j’ai compris que s’ouvrir à d’autres styles, c’est une façon de mieux faire accepter le rap." D’où le titre Hip Makossa, mélange de hip hop et de makossa, style musical camerounais : un bon moyen de se faire un nom dans un pays où le rap n’est écouté que par une poignée d’aficionados.

René Mboumoua, son manager, ingénieur du son et DJ, a lui aussi laissé libre cours à son histoire musicale. "Durant ma carrière, j’ai travaillé dans différents clubs : salsa, rock, zouk, jazz…, explique René. Il est évident que ces différents styles musicaux ont imprégné les chansons de l’album que j’ai signées." Plusieurs comparses participent également à l’écriture ou à l’enregistrement : Sami, rappeur, Quamey, pianiste, et Calvin Yug, batteur, percussionniste et joueur de mvet, un instrument à cordes joué notamment au Cameroun.

Le français, vecteur incontournable

Les paroles des chansons sont presque exclusivement en français "parce que chanter dans une autre langue, ce serait se mettre des barrières". Un choix assumé et qui s’inscrit dans une volonté toujours plus grande de faire passer son message. "Ma façon d’écrire a clairement évolué depuis mes débuts, explique VBH. Notamment par la volonté de parler au plus grand nombre, d’être plus compréhensible tout en gardant un français correct."

Mais pourquoi sortir un album alors que le piratage sème la zizanie dans le monde musical, particulièrement en Afrique ? "Parce que ça marque une étape dans une carrière, c’est une carte de visite, insiste René. Et nous avons trouvé un moyen de dupliquer au Nigeria, moins cher, ce qui rend le piratage moins intéressant." La suite dira s’il avait raison ou non. L’album devrait paraître bientôt.

 Ecoutez un extrait de Hip Makossa

 

 

Mélanie Lemaire