Khaled donne de la voix
Khaled, le roi du raï, revient avec Liberté, un album réussi qui scelle une amitié de vingt ans avec le réalisateur Martin Meissonnier, mais qui parvient surtout à replacer la voix de Khaled au cœur de sa musique. Enfin !
Sans artifices
Khaled, le roi du raï, revient avec Liberté, un album réussi qui scelle une amitié de vingt ans avec le réalisateur Martin Meissonnier, mais qui parvient surtout à replacer la voix de Khaled au cœur de sa musique. Enfin !
RFI musique : Quelle est l’histoire de cet album ?
Khaled : Il était temps que je ressorte un album, parce que j’en avais envie. Je cherchais un producteur. Je ne savais pas dans quelle direction aller. Et puis, Martin Meissonnier m’a téléphoné. Nous nous sommes vus. Ensemble, on avait fait Kutché, il y a vingt ans ! Mon premier album quand je suis sorti d’Algérie ! On se connaît donc très bien. J’avais fait des maquettes. Il a commencé par me demander s’il pouvait les mettre à la poubelle. Ensuite, on a choisi d’autres titres. Et puis, il m’a proposé d’enregistrer complètement en live, avec dans chaque morceau, des introductions comme je fais d’habitude sur scène en Algérie. Il m’a dit : "Pas de calcul : chante comme tu fais dans les mariages…"
Vous aviez perdu confiance dans votre voix ?
Dans ce que je faisais, oui, mais j’ai toujours eu confiance dans ma voix. Dans la musique, on s’est fait bouffer par l’électronique. La voix est parfois complètement étouffée par les effets. Dans cet album, la voix est très présente. Il y a plus d’acoustique, plus de bois, plus de peau. On a même cherché partout un petit synthé Kawaï, au son très maghrébin, jusqu’à ce qu’on le trouve. D’habitude, en studio, je nourris les producteurs : je suis connu pour ça, je refais dix prises. Mais là, on a tout enregistré en une prise : pas de clics, pas de mesures, rien. Le cœur de la musique.
A quoi servent les "intros" ?
L’introduction, c’est pour préparer le titre. Dans Liberté par exemple, je dis "Pendant deux mois j’ai été enfermé, mais un juge est juste, et c’est Dieu qui a montré la vérité maintenant je suis dehors, quelle belle vie d’être en liberté", et là je commence la chanson. C’est comme "tarab", dans le monde arabe. C’est un poète qui commence à chanter sa poésie et après il commence sa chanson. Le système des maisons de disques ici en France, c’était de ne pas dépasser quatre minutes pour un titre, donc j’ai mis ça de côté. Mais c’est dur, regardez Oum Kalthoum, quand elle chantait une chanson dans le style égyptien classique, elle répétait chaque couplet trois ou quatre fois et ses chansons duraient une heure !
Est-ce que les musiques égyptiennes et marocaines sont des références ou des influences pour vous ?
J’ai grandi avec plein de cultures. Mais la première musique africaine pour nous, c’était le Marocain. J’ai formé mon premier groupe à l’âge de dix ans, Noudjoum El Khams, "les cinq étoiles". C’était la génération Nass El Ghiwane : j’étais fan. C’étaient les premiers à défier le roi ! Dans les mariages, les gens nous disaient : "Bon c’est bien, vous jouez du raï, mais est-ce que vous jouez du Nass El Ghiwane ?". En tant que pays musulman, on a grandi avec l’influence de l’Egypte. Dans la musique la culture, le théâtre, dans le cinéma, c’est un peu nos Américains ! Pour Didi, quand j’ai pu aller faire les cordes en Egypte, c’était le rêve ! Pour cet album, les cordes ont aussi été enregistrées en live en Egypte. Ils ont le quart de ton, cette couleur de l’Orient ! Et pour moi, mélanger l’Orient avec la musique raï africaine, c’était vraiment rajouter la cerise sur le gâteau !
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Khaled
Liberté
Ecoutez un extrait de Raïkoum
Khaled Liberté (AZ) 2009
En tournée française et internationale à partir du 7 mai 2009 et en concert à l'Olympia le 15 mai.