Dominique A, double solo

Aux premières notes, on se croirait revenu au temps d’Orchestral Manœuvres In The Dark ou de Blue Nile. Mais non, c’est bien Dominique A. La Musique, nouvel album en solo, nous apporte peut-être le choc le plus curieux de sa carrière : l’inventeur du rock minimaliste français s’amuse de refrains tout simples et de rythmiques enjouées. Seconde surprise : l’album est accompagné, pour une partie du tirage du CD, d’une deuxième rondelle, La Matière, surprenant éventail de styles de chansons.

La corde de la nostalgie

Aux premières notes, on se croirait revenu au temps d’Orchestral Manœuvres In The Dark ou de Blue Nile. Mais non, c’est bien Dominique A. La Musique, nouvel album en solo, nous apporte peut-être le choc le plus curieux de sa carrière : l’inventeur du rock minimaliste français s’amuse de refrains tout simples et de rythmiques enjouées. Seconde surprise : l’album est accompagné, pour une partie du tirage du CD, d’une deuxième rondelle, La Matière, surprenant éventail de styles de chansons.

RFI Musique : Comment se fait-il qu’après les derniers concerts de la tournée de L’Horizon au Centre Georges-Pompidou, à Paris, en novembre 2007, et après la sortie de Sur nos forces motrices, votre best of enregistré sur scène, vous vous soyez si vite remis à écrire un, puis deux albums ?
Dominique A :
A la fin de la tournée, j’ai envie de changer de son, de partir dans des choses plus autonomes, plus personnelles. Je n’ai pas l’impression d’être arrivé au bout de quelque chose avec le groupe, bien au contraire : j’ai peur d’entrer dans le confort parce que je suis comblé par le travail des musiciens. Mais ce qui était censé être des séances de travail, de répétition et de recherche à domicile a pris une forme de plus en plus définitive. Le seul moment où je me suis dit consciemment que j’allais passer au stade supérieur, c’est au moment du mix. Mais, pendant l’enregistrement à proprement parler, je ne me disais pas que j‘enregistrais un disque. J’essayais d’aller le plus loin possible et, au bout d’un moment, les premiers échos de mon entourage sont tous allés dans le même sens : "Va jusqu’au bout". Or mon idée était vraiment de proposer cette matière à des musiciens pour qu’ils la rejouent – un batteur, un clavier…

La Musique est un disque dans lequel la guitare est vraiment passée au second plan…
Mon projet de départ était de retravailler avec des machines, mais à ma façon, sans écrans d’ordinateur sous les yeux. Et ensuite de tout mettre dans les mains d’un mixeur, mon camarade de tournée Dominique Bresson, qui avait déjà travaillé sur L’Horizon. Je voulais laisser la guitare de côté, je voulais travailler avec des claviers, j’avais presque envie d’un fonctionnement anti-naturel. En fait, j’en ai un peu marre du son acoustique à la française, des guitares folk et du micro bien placé. J’avais envie d’utiliser des synthés un peu pourris, des boites à rythmes pas très performantes, de faire entrer les guitares électriques directement dans la console sans passer par un bel ampli.


En reprenant les sons de synthé des années 80, n’avez-vous pas laissé jouer la corde de la nostalgie ?
Et même de la complaisance ? Ah oui, j’y suis allé ! Qui n’est pas complaisant ? Le blues est complaisant. Ensuite, tout est une question de mise en forme. En jouant, je n’avais pas l’impression d’entretenir les marottes de l’adolescence. Mais il s’est trouvé qu’au bout d’un moment, les sons que j’utilise m’ont rappelé quelque chose. Donc j’assume.

Aujourd’hui, il n’est pas particulièrement difficile d’assumer Orchestral Manœuvres In The Dark, voire Ultravox... Mais y a-t-il eu pire dans la jeunesse musicale de Dominique A ?
Si on me pousse un peu, il y a Patrick Juvet. Mais Juvet a déjà été pris par Katerine. Je n’allais pas surenchérir !

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 Dominique A
 La Musique


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Dominique A La Musique (Cinq-7/Wagram) 2009
Dominique A La Musique-La Matière (Cinq-7/Wagram) 2009