La rumba seventies de Samba Mapangala
Avec son orchestre Virunga, le Congolais Samba Mapangala mérite à double titre le rang d’ambassadeur de la rumba : d’abord pour avoir servi la cause de cette musique pendant vingt ans au Kenya et en Tanzanie, avant de poursuivre aujourd’hui sa carrière aux États-Unis, mais aussi pour en avoir conservé le son qui la caractérisait dans les années 1970.
Un musicien nomade
Avec son orchestre Virunga, le Congolais Samba Mapangala mérite à double titre le rang d’ambassadeur de la rumba : d’abord pour avoir servi la cause de cette musique pendant vingt ans au Kenya et en Tanzanie, avant de poursuivre aujourd’hui sa carrière aux États-Unis, mais aussi pour en avoir conservé le son qui la caractérisait dans les années 1970.
Bruxelles, 1960. La rumba de Joseph Kabasele et son orchestre African Jazz débarque sur le sol européen pour rythmer les discussions sur l’accession à l’indépendance du Congo belge. Quarante-neuf ans jour pour jour après le début de ces négociations immortalisées sur le vif par la chanson Table ronde de Joseph Kabasele, c’est un autre événement politique majeur qu’accompagne cette fois la musique congolaise à Washington : l’investiture de Barack Obama.
Auteur d’une chanson de soutien au nouveau président américain, Samba Mapangala a été sollicité pour se produire, le 20 janvier dernier, lors d’une soirée officielle réunissant de nombreux diplomates africains. "J’ai vécu près de vingt ans au Kenya alors je me sens proche d’Obama", explique le chanteur. Le succès qu’il a rencontré en Afrique de l’Est fait partie de ce chapitre méconnu de l’histoire de la rumba, écrit par ces artistes congolais partis faire carrière dans les États voisins. Comme lui, ils sont nombreux à avoir suivi les pas de Baba Gaston en s’expatriant durant les années 1970 pour former les orchestres Boma Liwanza, Super Mazembe, Les Noirs, Les Mangelepa…
De Matadi, où il naît en 1955, à Nairobi qu’il rejoint en 1977, la route de Samba Mapangala passe d’abord par Kinshasa. Il y vient pour suivre ses études secondaires mais se découvre alors une passion pour la musique. "Chanter comme Tabu Ley Rochereau et danser comme James Brown", devient l’objectif du jeune homme, marqué par le concert au Congo de la star américaine lors du match de boxe entre Mohamed Ali et George Foreman. Au cours d’une tournée dans l’Est du pays avec son groupe, il rencontre le patron d’un club de Kampala, la capitale de l’Ouganda, qui leur propose un contrat d’un an dans son établissement. L’homme possède en outre un parc d’instruments : une aubaine pour ces musiciens qui n’ont pas les moyens de s’équiper !
Du lingala au swahili
Après une saison à Kampala, la formation met le cap sur le Kenya où l’industrie du disque est plus structurée. Un premier 33 tours est enregistré, sous le nom des Kinois. Les envies personnelles ne tardent pas à voir raison du collectif et Samba monte son orchestre Virunga. Malako est la première chanson qui le fait connaître dans son pays d’accueil. Dès qu’il se met à laisser le lingala (une des langues de le République démocratique du Congo, ndlr) pour écrire en swahili (langue officielle du Kenya et de la Tanzanie, ndlr), sa popularité grandit encore davantage, y compris en Tanzanie, au Burundi…
Quelques-uns des titres phares de son répertoire ont été réunis en 1990 dans l’album Virunga Volcano, sélectionné dans l’ouvrage de référence World Music: 100 Essentials CDs de Simon Broughton. Malgré sa notoriété, Samba subit de plein fouet les effets du piratage, qui se développe en Afrique. Las de constater les dégâts, il préfère s’envoler vers l’Europe pour tenter un nouveau départ.
S’il enregistre Karibu Kenya en 1995, à Paris, pour le compte du producteur Ibrahima Sylla, il sait les difficultés auxquelles sont confrontés ses compatriotes musiciens en France. Pourquoi ne pas chercher un marché moins concurrentiel ? Les deux tournées nord-américaine qu’il effectue à l’époque le décide à poser ses valises aux Etats-Unis. Avec son expérience dans un pays anglophone, Samba Mapangala dispose d’un sérieux atout dans son jeu pour continuer à faire découvrir le son de cette rumba dansante, aux accents funky, que restitue parfaitement son nouvel album Live on Tour.
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Samba Mapangala
Live on tour
Samba Mapangala & Virunga Live on Tour (CD Baby) 2009