Florent Pagny en version latine
Son titre est français mais l’album est en espagnol. Avec C’est comme ça, Florent Pagny veut conquérir le marché de la chanson populaire hispanique. Un pari à l’échelle de l’Espagne et de toute l’Amérique latine.
A la conquête du marché hispanique
Son titre est français mais l’album est en espagnol. Avec C’est comme ça, Florent Pagny veut conquérir le marché de la chanson populaire hispanique. Un pari à l’échelle de l’Espagne et de toute l’Amérique latine.
Florent Pagny attaque le monde latin. Son nouvel album, C’est comme ça, est tout en espagnol et vise ouvertement les centaines de millions d’hispanophones dans le monde et notamment en Amérique du Sud. Pour C’est comme ça, il n’a pas transporté son répertoire français dans la culture latine, mais a travaillé comme un chanteur sud-américain. Ce n’est pas juste notre Pagny de France que l’on entend dans son disque : c’est aussi Pagny l’Argentin. Depuis douze ans, il passe au moins la moitié de son temps en Patagonie, mais il n’a pas seulement voulu témoigner de son amour à sa seconde patrie : "Je suis Français, donc exotique pour eux. Et j’ai voulu rendre hommage à toute la musique latine. Ce qu’on ne sait pas forcément ici, en France, c’est que cette musique est extrêmement variée. Ce qui se joue à Puerto Rico n’est pas ce qu’on entend en Colombie, la pop en Argentine n’est pas la même qu’au Mexique… J’ai voulu me retrouver dans toute cette diversité."
Il ne le cache pas : il avait bien été tenté, il y a quelques années, de faire son trou dans la musique en Argentine. Mais comment faire pour commencer de zéro là-bas alors qu’il ne cesse de prendre des risques avec ses disques en français ? Ce n’est que lorsque le président d’Universal France se voit confier la direction d’Universal en Amérique Latine que Florent saute sur l’occasion. Il propose de faire un disque en espagnol. On lui suggère un best of traduit en espagnol. Il sourit : "Il n’y a rien dans mon répertoire qui puisse convenir aux goûts de là-bas, sauf peut-être Ma liberté de penser, avec son petit côté enlevé à la guitare." Ce qu’il veut, c’est travailler avec des musiciens latins et s’installer au cœur de la musique sud-américaine, à Miami.
Là, convergent toutes les stars du continent, qui travaillent dans les meilleurs studios avec les meilleurs producteurs. En septembre 2007, Florent s’installe avec femme et enfants à Miami. Il rencontre Julio Reyes, Colombien de Miami qui a collaboré en studio avec Emilio Estefan, mari et producteur à succès de Gloria Estefan. Julio a récemment réalisé les derniers albums de Jenifer Lopez, Marc Anthony et l’album espagnol de Nelly Furtado. "Il connaît tout. Il a fait des études classiques, il est pianiste de concert, il maîtrise parfaitement la pop et il connaît tous les folklores. Il m’a fait penser immédiatement à Yvan Cassar. Julio et lui ne ressentent pas la musique comme les autres."
Duo avec une star argentine
Son objectif est de réaliser un disque de chansons originales. "En France, il suffit que je dise que j’ai envie de faire un album pour qu’on m’envoie des maquettes – et je finis par écouter trois cents chansons nouvelles en deux mois. Là, je pouvais hurler dans la rue que j’allais faire un disque, je ne connaissais personne." Les éditeurs de répertoire hispanophone commencent à le bombarder de chansons nouvelles et il fait son choix – un choix éclectique de genres, de styles, de couleurs musicales. Diego Torres, le plus grand nom actuel de la pop argentine, ne se contente pas d’accepter un duo avec lui : il écrit Te Puedo Acompañar, qui raconte leur rencontre, à la première personne du singulier. Et Chenoa, star montante de la chanson espagnole, vient partager No Pasa Nada avec Florent.
A Paris, il a rencontré Raul Paz, chanteur cubain exilé en France. "On a passé une après-midi ensemble et, le soir même, il a écrit C’est comme ça." Le titre est en français mais la chanson sonne comme un autoportrait sans masque. Ce sera le premier single de l’album. Mais Florent tient aussi à chanter Amor de Mis Amores, "la seule chanson qui soit aussi célèbre en France et en Amérique Latine", en alternant la version espagnole et les paroles de La Foule, la version française à laquelle Edith Piaf fit faire le tour du monde. Et il reprend aussi Vuelvo el Sur, sublime chanson jadis écrite en France par le maître du tango Astor Piazzolla.
Pour Florent, chanter en espagnol est une expérience féconde. "Je peux utiliser des fréquences vocales que je ne peux pas utiliser en français. La langue espagnole et les genres musicaux me permettent des choses que je ne peux pas faire en France." Et l’expérience est absolument nouvelle, puisque son album va sortir sur tous les marchés hispanophones, de l’Espagne aux Amériques. Le trac ? "Je n’avais jamais vraiment chanté en espagnol, à part Solo le Pido a Dios et Una Nube Blanca, mais c’était pour un public français, qui me connaissait bien, et après toutes mes chansons en français. Alors, en mars, j’ai rejoint Raul Paz à La Havane. Il m’a invité à chanter C’est comme ça pendant son concert. Là, je me suis trouvé devant un des publics les plus pointus d’Amérique Latine. Et ça a cartonné. Direct."
Ecoutez un extrait de
Florent Pagny C’est comme ça (Mercury) 2009
En tournée en France à partir du 27 janvier 2010.