Retour sur le premier Panafricain d’Alger
1969-2009 : Alors que s’ouvre bientôt la seconde édition du festival Panafricain d’Alger, RFI musique vous propose un retour quarante ans en arrière, sur le flamboyant épisode culturel de 1969, où musique rimait avec politique.
1969, une édition mythique
1969-2009 : Alors que s’ouvre bientôt la seconde édition du festival Panafricain d’Alger, RFI musique vous propose un retour quarante ans en arrière, sur le flamboyant épisode culturel de 1969, où musique rimait avec politique.
Peu de temps après le festival mondial des Arts Nègres à Dakar (1966), l’Algérie et l’Organisation de l’Unité Africaine organisent en 1969, le plus grand festival culturel de l’histoire du Continent. C’est la fin de la décennie des indépendances pour beaucoup de pays africains – trente pays fraîchement indépendants sont là, représentés par une troupe de danse, un orchestre moderne ou traditionnel, aux côtés de six mouvements de libération nationale. Ainsi, le festival fête cette Afrique forte, où la culture (cinéma, littérature, poésie, danse, musique…) permet l’émancipation et l’affirmation d’une identité noire.
Révolutionnaire
A la fin des années 1960, la musique africaine connaît l’une des périodes les plus enthousiasmantes de son histoire. Dopés par l’arrivée d’instruments modernes et le syncrétisme entre les rythmes traditionnels et la musique cubaine, le jazz, la biguine, la soul et le rhythm'n'blues américains, les orchestres modernes d’Afrique subsaharienne inventent une musique révolutionnaire qui épouse fièrement la décennie. Le Bembeya Jazz de Guinée, emblématique de cette période, remporte le second prix de l’orchestre moderne pour son chant à la gloire de Samory Touré, immortalisé dans l’album Regard sur le passé.
En pleine période d’émancipation pour les droits civiques, le festival Panafricain rassemble aussi des artistes de la diaspora noire-américaine : Archie Shepp, qui jamme de tous les côtés, Nina Simone qui chante pour la première fois sa version de Ne me quitte pas et surtout une Miriam Makeba renversante, qui après avoir incarné la résistance africaine aux Etats-Unis, s’installe en 1969 en Guinée avec son mari, leader du Black Panther Party. Cette première édition est un succès.
Manifeste culturel
Une dépêche de l’AFP datée du 2 août 1969, fait état des propositions du "manifeste culturel" qui clôt le festival Panafricain. "Le front de la culture doit succéder au front de la résistance" annonce l’OUA. Quarante ans plus tard, la décision de remettre sur pied le Panaf’ d’Alger est née d’un constat effarant : de 1995 à 2005, les ministres de la culture des pays de l’UA ne se sont pas rencontrés, laissant la culture en jachère sur l’ensemble du continent. Sous le slogan "Africa is back !", cette deuxième édition du Panaf’, qui devrait se tenir du 5 juillet au 20 juillet à Alger, veut inaugurer une politique culturelle africaine durable… dans le temps.