Le rap maloya d’Alex

Dimanche 9 août, le jury a remis le Prix Régional Alain Peters à Alex, rappeur maloya de Piton Goyave. Ému aux larmes, Alex pensait arrêter la musique il y a encore quelques mois.

Filiation créole

Dimanche 9 août, le jury a remis le Prix Régional Alain Peters à Alex, rappeur maloya de Piton Goyave. Ému aux larmes, Alex pensait arrêter la musique il y a encore quelques mois.

Une heure après avoir reçu son prix, Alex n’arrive pas vraiment à y croire. Le Prix Alain Peters a une signification très forte sur l’île de la Réunion. Il y a d’abord cette référence à Alain Peters, musicien génial de la Réunion, mais rongé par ses démons et parti trop tôt. Et puis, bien sûr, le prestigieux jury : cette année, Nathalie Natiembé, Camille Bazbaz et le programmateur d’Africolor, Philippe Conrath, entre autres.

En plus d’une reconnaissance régionale, Alex remporte 5 000 euros, une tournée sur l’île, et une résidence au Karbardock, une bonne salle de la Réunion. En 2007 et 2008, le Prix avait récompensé des filiations : Lo Griyo, porté par Sami, le fils talentueux de Daniel Waro, puis Groove Lélé, famille engagée de Granmoun Lélé, un gardien de la mémoire de l’île. Alors, quand le directeur du Sakifo Jérôme Galabert a annoncé son nom, il a souligné : "C’est simplement un fils talentueux de l’île de la Réunion et cela suffit".

Alex, rappeur-maloya âgé d’une trentaine d’années, monté pour la première fois sur une scène à douze ans, a pour une fois du mal à s’exprimer. Il fait du rap maloya et raconte dans un premier album auto-produit, Piton Mi lé, la face B de l’île : alcoolisme, chômage, misère sociale. "Petit blanc des hauts", Alex a grandi à Piton Goyave, dans une famille précaire. Il tient à son accent et à son "parler" parfois méprisé par les côtiers.

Il tient aussi à cette rencontre du rap et du maloya, pour coller aux réalités de son île. Sur scène, il s’entoure de bons musiciens et notamment du multi-instrumentiste Fabrice Legros. Parmi le public de professionnels, le choix d’Alex fait l’unanimité et même Firmin Viry, vieux maloyèr de 74 ans, vient le féliciter !