Les deux visages de Saule
Pas de farniente pour Saule ! Le chanteur belge enchaîne un nombre impressionnant de festivals cet été avant d'empiler soixante concerts à la rentrée. L'occasion de découvrir un artiste aussi doué pour vous tirer des larmes de tristesse que de joie.
En tournée avec son Western
Pas de farniente pour Saule ! Le chanteur belge enchaîne un nombre impressionnant de festivals cet été avant d'empiler soixante concerts à la rentrée. L'occasion de découvrir un artiste aussi doué pour vous tirer des larmes de tristesse que de joie.
A la première rencontre physique, on ne peut croire qu'à une erreur de casting. Avec ses deux premiers albums, Saule donne l'image d'un romantique introverti. Le genre teint pâle - regard fuyant. Et on voit surgir un jovial géant de bien deux mètres. Le bon vivant à la chaleur contagieuse, avec qui vous avez illico envie de partager un verre...
En un peu plus de cinq ans, Saule en a conquis plus d'un. Issu du courant rock à grosses guitares, Baptiste Lalieu décide de changer de nom de scène et de style en
sortant en 2006 l'album Vous êtes ici. Le disque distille une chanson française en équilibre entre textes à fleur de peau et détachement humoristique. Deux visages, une dimension indispensable pour l'artiste : "Ma personnalité fait que j'écris des textes parfois pas prise de tête et d'autres plus mélancoliques. Dans la vie, un jour on se lève super déprimé et un autre on a une niaque d'enfer. Je n'ai pas envie de trahir ces doubles facettes avec ma musique". Le mélange des genres n'a pas eu l'air de perturber le public belge puisque Vous êtes ici est vite devenu Disque d'or dans le pays.
Un premier succès qui permet à Saule de se faire repérer par le label français Polydor. Entouré de l'équipe de production de M, il enregistre Western, un album beaucoup plus étoffé qui fourmille de mille rencontres. On y croise l'ombre de Radiohead sur les textures de Futur, le spectre de Brassens sur quelques intonations de Sidonie, le chanteur s'offre même un virage par les Balkans sur Comme un nuage et, un autre par la Nouvelle-Orléans avec Nanana.
Malgré cette richesse, Saule ne se perd pas en route. Il serait même plutôt du genre à rechercher les défis. Comme inviter Dominique A à partager Personne, titre inaugural de
l'album. Le genre d'initiative à priori casse-gueule : soit le public n'aime pas le style (à part) du Français et c'est une entame quasi-rédhibitoire, soit il l'adule (il y a peu de mesure en la matière) et l'artiste hôte passe complètement au second plan. Saule ne s'est pas piégé. Si l'introduction sonne très Dominique A, le Belge impose, tout en émotion, sa personnalité sur le reste de l'album.
Une énergie palpable sur scène
Un tempérament complètement transfiguré sur scène. Saule balance sa carcasse dans tous les sens. Sans se poser de questions. "J'ai fait la première partie de Benabar, confie-t-il. J'arrivais tout seul avec une guitare devant 10 000 personnes qui n'avaient jamais vu ma poire et là, ça passe ou ça casse. Il n'y a pas de différences entre mes concerts, la générosité est la même partout." Le plus souvent accompagné de ses musiciens (baptisés Les Pleureurs !), Saule dégage une énergie terriblement rock.
Personne, le titre en duo avec Dominique A, prend ici une toute autre allure, emmené par une batterie très en avant et des guitares plus lourdes. Chaque titre gagne en densité. L'énergie est palpable tout au long du concert. Saule alterne ses deux visages, se réjouissant de passer du coq à l'âne : "Pour les festivals, on s'était dit qu'on ne ferait que des trucs festifs. On l'a fait sur une date et on s'est rendu compte qu'il manquait de la profondeur. Quand tu regardes La vie est belle de Roberto Benigni, ce mec te fait passer du rire aux larmes en deux secondes. Je n'ai pas la prétention d'avoir son talent, mais je crois que les gens aiment bien passer d'une émotion à une autre".
Saule Western (Polydor) 2009
En concert le 3 décembre 2009 au Cabaret Sauvage, à Paris.