Samba Touré, disciple d’Ali Farka

En mémoire de son illustre compatriote Ali Farka Touré qui a joué un rôle déterminant dans sa carrière, le chanteur et guitariste malien Samba Touré entend porter toujours plus loin le flambeau du blues du désert avec un album intitulé Songhaï Blues, Homage To Ali Farka Touré.

Débuts internationaux pour le guitariste malien

En mémoire de son illustre compatriote Ali Farka Touré qui a joué un rôle déterminant dans sa carrière, le chanteur et guitariste malien Samba Touré entend porter toujours plus loin le flambeau du blues du désert avec un album intitulé Songhaï Blues, Homage To Ali Farka Touré.

RFI Musique : Que représente pour vous Ali Farka Touré à qui votre nouvel album veut rendre hommage ?
Samba Touré : Je suis l’élève du grand maître Ali Farka. Il m’a ouvert des portes et il m’a aidé dans ma vie. Un jour, on s’est croisé au marché de Niafunké. J’avais huit ans et il venait de sortir son premier album. Je lui ai dit : "Tonton, vraiment ta musique m’a beaucoup plu et je voudrais être comme toi plus tard." Il m’a répondu qu’il ferait mon instruction et que je serai un jour comme lui, inch’allah. Ça m’a beaucoup marqué.

Vous avez gardé cette idée en tête durant toute votre enfance ?
J’ai toujours rêvé d’être un bon musicien. Quand je suis arrivé à Bamako, la capitale, j’ai fait de la musique avec le groupe Farafina Lolo, mais ce n’était pas du tout le style du nord du Mali. Plutôt des rythmes zaïrois. Lorsque j’ai apporté les maquettes de mon premier album à Ali Farka, il m’a dit que ce n’était pas ma musique, que je devais aller à la source, chez nous, la sixième région. C’est à ce moment-là que mon jeu a changé. Après, il m’a dit qu’il allait me donner tout ce qui me manquait comme matériel, et que je devais me préparer car on allait faire un tour du monde ensemble.

Qu’avez-vous découvert au cours de cette tournée internationale que vous avez effectuée avec lui ?
D’abord, j’ai constaté que le monde est vraiment très, très grand. Surtout pour quelqu’un qui n’a jamais voyagé. Cette tournée m’a beaucoup plu. On a participé à de grands festivals, comme celui de Los Angeles où il y avait toutes les grandes vedettes américaines : James Brown, BB King, Carlos Santana… Avec Farafina Lolo, on n’avait jamais quitté le Mali pour aller faire un spectacle à l’étranger mais depuis que je me suis lancé en solo, avec mon groupe Fondo, on a joué au festival de jazz de Ouagadougou et à Conakry en 2007.

La guitare a-t-elle toujours été votre instrument de prédilection ?
Dans Farafina Lolo, j’étais chanteur. Je savais bien que la musique qu’on faisait n’était pas la mienne mais je n’avais pas les moyens de créer mon propre groupe. Je suis vraiment devenu guitariste en 1994, même si je me débrouillais un peu avant. C’est le Maître qui m’a appris. Chaque fois qu’on se retrouvait, il me faisait faire des révisions. Si j’avais des difficultés sur certains morceaux, je passais chez lui et il me montrait ce qu’il fallait faire. Quand tu joues les rythmes songhaï, ta guitare te parle en songhaï et elle comprend très bien ce que tu dis.

Vous arrive-t-il encore aujourd’hui de repenser aux conseils qu’Ali Farka Touré vous a donnés ?
Oui, souvent. Une fois, le Maître m’a dit : "Fiston, quand tu joues, ne le fais pas pour le public. Il faut d’abord aimer ce que tu fais. C’est comme ça que les gens vont en profiter." Il me disait aussi que lorsqu’on joue, on ne doit pas regarder le manche de la guitare. Il faut jouer avec l’esprit. Parce que l’esprit ne se trompe jamais.

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 Samba Touré
Songhaï Blues, Homage to Ali Farka Touré

- 08/09/2016

Samba Touré Songhaï Blues, Homage To Ali Farka Touré (World Music Network/Harmonia Mundi) 2009

- 08/09/2016