Ooh la L.A. la scène française en Californie
Du 23 au 25 septembre dernier, le festival de musique française Ooh la L.A. s’est emparé d’un club de Los Angeles. C’est la première édition d’un festival dont l’ambition est de se produire chaque année. Rencontre avec l'un des protagonistes, le groupe Cocoon.
Cocoon, Sébastien Tellier et les autres
Du 23 au 25 septembre dernier, le festival de musique française Ooh la L.A. s’est emparé d’un club de Los Angeles. C’est la première édition d’un festival dont l’ambition est de se produire chaque année. Rencontre avec l'un des protagonistes, le groupe Cocoon.
Sur la devanture de la Henry Fonda Music Box, au cœur de Hollywood, des noms d’artistes français défilent trois jours durant : Cocoon, Sébastien Tellier, The Dø, Nouvelle Vague… Des artistes francophones, aussi, comme Gonzales. Ce pianiste d'origine canadienne, réside à Paris. Gonzales, en peignoir de satin noir sur la scène hollywoodienne où il verse des litres de sueur, se considère différent de l’ensemble frenchy programmé au festival. "J’ai déjà tourné un peu partout et fait des albums depuis 12 ans", dit-il.
Mais pour les autres "petits" Français, à l’heure de la production made in USA dominante, l’heure est grave. La pression monte. Le duo pop-folk Cocoon de Clermont-Ferrand, ouvre la première soirée, avant Gonzales et Sébastien Tellier. "C’est un rêve qui devient réalité", confesse au micro le chanteur-guitariste Mark Daumail. Le set est propre, un peu timoré, la salle peu remplie. En coulisses, Mark et Morgane Imbeaud, sa partenaire au clavier et au chant, disent s’en moquer. Ils ont fait leurs premiers pas aux Etats-Unis.
"Il y avait pleins de gens qui connaissaient les paroles. En fait, c’était des Français !" note Mark. Ceux-ci ont dépassé en nombre les Américains, malgré une médiatisation importante. Sylvain Taillet, directeur artistique au label français Barclay, à l’initiative de ce festival, avait convaincu Golden Voice d’en être le promoteur. Un atout rêvé, puisque c’est aussi le promoteur de Coachella, énorme festival de rock dans le désert de Palm Springs.
Sébastien Tellier a lui réussi à attirer une foule plus éclectique. Peut-être grâce a un passage à la radio ou à la distribution de ses disques dans la chaîne de vêtements branchés American Apparel, basée a Los Angeles. Dans le public, David, un Américain de 29 ans, dit aimer l’"électro française en général". Meg, 44 ans, a quant à elle, découvert le chanteur barbu aux lunettes noires a Coachella. "C’était parfait, donc on est revenu le voir". Sébastien Tellier, qui picole sur scène et se la joue un brin Gainsbourg, laisse au final une audience partagée entre déçus et fans.
Au programme du deuxième soir : SoKo, remplaçante au pied levé d’Emilie Simon (qui a annulé en raison du décès d’un proche), le duo franco-finlandais The Dø, et Nouvelle Vague. Encore une fois, on mesure la difficulté a attirer le public de Californie, cet état qui a mis au monde les plus grands noms américains du rock, des Doors aux Rage Against the Machine en passant par Jeff Buckley, ainsi que les maîtres du hip hop tels Dr Dre ou Cypress Hill. Peu importe, la chanteuse SoKo tire son épingle du jeu, grâce à une énergie et un humour caustique qui ont plu aux Américains. Moins chanceux, la chanteuse-guitariste et le bassiste de The Dø, pourtant très attendus. Ceux-ci partent au bout de quatre chansons, après larmes et cris d’énervement contre des problèmes de son. Ils quittent la scène sans souffler plus que : "Shit happens". Ambiance… Reste au collectif Nouvelle Vague de rattraper le coup, pendant que d’autres choisissent de se rabattre sur le toit hollywoodien et son bar en plein air.
Laureen Ortiz.
Trois questions à Cocoon :
RFI Musique : Quand on vient d’Auvergne, cela fait quoi de jouer dans un club mythique d’Hollywood ?
Mark : Je suis comme un gamin qui atterrit pour la première fois aux Etats-Unis, c’est incroyable ! Ça y est, on a joué nos premières notes sur le sol américain, la terre de mes auteurs préférés, Sufjan Stevens et Elliott Smith. Mais mon rêve, plus que Los Angeles, c’est le Michigan ou ces coins du Nord. L.A., c‘est une ville vraiment dynamique mais c’est moche ! Un peu comme Clermont-Ferrand en fait… Disons que L.A. est le point de départ vers d’autres horizons, car on fait trois autres concerts a Chicago, New York et Washington.
La Music Box n’était pas pleine à craquer ; est-ce difficile pour vous d’exporter votre musique, malgré des paroles en anglais et un style folk influencé par le son américain ?
Notre public est surtout en France, ou on arrive à remplir des salles de 1000 à 2000 places. Mais on mise plutôt sur l’Europe et le Japon. Mon rêve est d’aller à Tokyo. Ici aux Etats-Unis, on a un label américain qui nous distribue, Minty Fresh, et la chaîne Urban Outfitters nous a contactés…
Justement, Sébastien Tellier se fait distribuer par une marque de vêtements, American Apparel. Que pensez-vous de ce genre d’alliances ?
Pourquoi pas. Même s’il fallait vendre au rayon viandes d’un supermarché, on s’en fout. C’est très bien, ce qui compte, c’est de toucher les gens à l’heure où les ventes de disques baissent. Cela dit, on arrive encore à faire de l’argent dans l’industrie de la musique, et la production française est encouragée par le système des intermittents.
Propos recueillis par L.Ortiz