Sael

Dans la famille du reggae français en pleine recomposition, le chanteur martiniquais Sael pourrait enfin tirer son épingle du jeu avec son troisième album Témoignage grâce à quelques chansons qui semblent taillées sur mesures pour le succès.

Témoignage

Dans la famille du reggae français en pleine recomposition, le chanteur martiniquais Sael pourrait enfin tirer son épingle du jeu avec son troisième album Témoignage grâce à quelques chansons qui semblent taillées sur mesures pour le succès.

Aux Antilles comme en métropole, l’engouement suscité par la scène reggae française est en chute libre depuis quelques années. Sael est de ces irréductibles qui refusent de rendre les armes. Longtemps, il a fait figure d’espoir, statut que lui avait conféré dès 1999 le succès local de ses premières chansons Jerusalem et Ils s’éternisent. Mais ni l’album Sael & Friends en 2001, ni son successeur Ma Vision trois ans plus tard ne lui ont permis de s’imposer auprès d’un plus large public comme y est parvenu Admiral T.

Pourtant, il a dans son répertoire des chansons capables d’être de vrais tubes. Reggae roots classique dans sa forme, voix souple et agréable, mélodies accrocheuses et faciles à retenir : la recette a déjà fait ses preuves. Parmi les quinze titres qui figurent sur Témoignage, quelques-uns réunissent tous les ingrédients, en particulier Mon pays est malade et Peyi là − dont le premier couplet reprend celui de Mistié la via, un vieux morceau de Jean-Philippe Marthely.

Le mixage effectué par l’Américain Andy Barrow, récemment vu aux côtés du chanteur haïtien Bélo, se révèle souvent efficace, même si le traitement robotisé de la voix (autrefois obtenu par un vocoder, aujourd’hui par Autotune) semble relever de l’effet de mode sans réelle valeur ajoutée artistique.

Mais à côté de ces moments forts, on est parfois tenté de passer rapidement au morceau suivant. L’étrange Né Vainqueur ne fonctionne pas, qu’il s’agisse de la musique ou du chant. L’interlude Mahli a davantage sa place sur un site Internet de réseautage social que sur un album. Quant à Jah est puissant ou Les Maîtres de l’univers, leurs qualités musicales sont rapidement gommées par les paroles, compilation des poncifs du reggae, litanies mille fois entendues.

L’originalité, le sens de la formule sont visiblement plus développés dans l’écriture du chanteur martiniquais lorsqu’il évoque la gente féminine et s’enflamme dans Miss Police pour "une gendarmette, en excès de vitesse sur mon radar à beauté." Dans ce registre aux allures d’opération de charme, Sael ne manque pas d’atouts.

- 08/09/2016

Sael Témoignage (Don’s Music/Believe) 2009

- 08/09/2016