La nouvelle vie de Silvain Vanot
Nous l’avions quitté il y a sept ans après Il fait soleil, sorte de chant du cygne apaisé. Désormais libéré de ses engagements discographiques, Silvain Vanot réapparaît avec Bethesda. Un retour discret et non définitif, tant le chanteur normand se plaît depuis plusieurs années à travailler dans l’ombre. Rencontre.
De nouveau l'envie
Nous l’avions quitté il y a sept ans après Il fait soleil, sorte de chant du cygne apaisé. Désormais libéré de ses engagements discographiques, Silvain Vanot réapparaît avec Bethesda. Un retour discret et non définitif, tant le chanteur normand se plaît depuis plusieurs années à travailler dans l’ombre. Rencontre.
RFI Musique : Ce nouveau disque met fin à plusieurs années de relatif silence. Pourquoi vous être retiré aussi longtemps ?
Silvain Vanot : Après cinq albums, je n’avais plus très envie de chanter. Certaines habitudes commençaient à me peser : j’enchaînais disques et tournées en me disant : "cette fois, ça va marcher", pour un résultat très moyen. J’ai donc tourné la page. On décroche très vite dans ces cas-là… Je me suis mis à composer des musiques de film, de documentaires, un projet pour enfants qui n’est jamais sorti. J’ai accompagné d’autres artistes, comme Mareva Galanter ou Sport Murphy.
Puis on m’a proposé de faire des concerts au fil des années, et à ma grande surprise, j’ai adoré ça. Je me suis remis, très récemment, à écrire de nouvelles chansons. L’envie est revenue assez naturellement, même si je ne me considère plus vraiment comme un chanteur. Je préfère être au service des autres désormais.
Votre nouveau disque sort sur un petit label indépendant, Megaphone. Une forme de liberté retrouvée après les années en major ?
Disons que c’était devenu une nécessité après la sortie du cinquième album (Il Fait Soleil, ndlr). Même succès d’estime, même indifférence du grand public. Ma maison de disque m’a alors dit pour la première fois qu’il y aurait moins d’argent pour le suivant. Comme je sentais le vent tourner, j’ai moi-même demandé à partir, question d’orgueil. A cette époque, l’industrie du disque était en pleine restructuration. Et ils ont donc très vite accepté ma demande !
Avec Megaphone, je dépends aujourd’hui d’un seul producteur. Ce ne sont pas les mêmes contraintes qu’avant, mais ce n’est pas le même luxe non plus. A l’époque où les maisons de disque avaient de l’argent, j’en profitais. Mais je me suis un peu endormi. Je me disais que si un album ne marchait pas, il y avait toujours le label…
Au regard de vos disques de l’époque, Bethesda est de facture plus humble, artisanale…
C’est l’économie de moyens qui veut ça. Nous avons enregistré très vite, dans un petit studio, avec beaucoup d’instruments dont quelques-uns n’étaient pas très justes. On entend même les craquements, les bruits ambiants. Les chansons ont été capturées en live, en essayant de reproduire ce groove naturel entre les musiciens, qu’on retrouve chez Neil Young et le Crazy Horse par exemple.
Avec le recul, votre style n’a pas vraiment fait école. Le rock indé en langue française semble de plus en plus marginal…
C’était notre truc à nous, la génération des quadras, d’employer le français. J’observe qu’il n’y a jamais eu autant d’artistes intéressants qu’aujourd’hui, mais la plupart chantent en anglais. Ca m’agace, évidemment. J’aimerais entendre un jour Phoenix en français. Je suis d’ailleurs presque sûr que cela ne changerait rien à leur succès aux Etats-Unis ou au Japon, bien au contraire. Après, il existe des groupes en "langue locale", comme Arlt, dont je suis un très grand fan. Cela dit, je dois vous donner un scoop : mon prochain album sera très certainement dans la langue de Shakespeare !
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Sylvain Vanot
Bethesda
Silvain Vanot Bethesda (Megaphone Music/Coop) 2009
En concert à Lyon le 5 novembre, à Rouen le 11 décembre…