Toguna
A la croisée de plusieurs chemins, la musique de Toguna se veut Sans Frontières, comme le souligne le titre du premier album de ce groupe réunionnais qui a déjà affirmé son envie d’agrandir son terrain de jeu en se produisant sur les autres îles de l’océan Indien et même bien au-delà.
Sans Frontières
A la croisée de plusieurs chemins, la musique de Toguna se veut Sans Frontières, comme le souligne le titre du premier album de ce groupe réunionnais qui a déjà affirmé son envie d’agrandir son terrain de jeu en se produisant sur les autres îles de l’océan Indien et même bien au-delà.
Des concerts au Japon pour y accompagner la sortie du CD, un festival à Maurice, une tournée à Madagascar, une prestation programmée à Melbourne dans le cadre du marché des musiques du monde australo-asiatique… Les membres de Toguna font montre d’un dynamisme pour se rendre visible et d’une volonté d’aller de l’avant, qui s’avèrent peu commun à La Réunion. Stratégie payante : l’an dernier, ils ont su mobiliser leur public pour s’imposer comme "meilleur groupe" aux Trophées des arts afro-caribéens, catégorie dans laquelle concourrait également Kassav’ !
Formé autour d’un trio vocal emmené par Sîla, qu’on pourrait être tenté de ranger dans la même vague de chanteur-surfeurs que Tom Fragger, Toguna a ouvert une voie originale, acoustique. En ouverture de l’album, Mama nature donne le ton. Le kayamb, ce cadre en bois rempli de graines que l’on secoue, plante un décor péyi dans lequel surgissent de façon inattendue les sonorités blues de la guitare slide, cette façon de jouer assis avec l’instrument posé à plat sur les genoux.
L’influence du reggae est à la fois perceptible dans les textes, à travers quelques-unes de ses thématiques qui ont fait son succès, et sur le plan musical. Elle affleure sur certains titres, ressort davantage sur d’autres tels qu’Et ils s’étonnent, Grain d’sable ou encore Freedom Sound Dub.
L’adaptation régionale de la musique jamaïcaine n’est pas oubliée avec Letwal Kaya, un seggae authentiquement roots dédié à la star mauricienne Kaya. Enregistré et mixé avec un soin particulier sur leur île, masterisé ensuite à Washington par un ingénieur du son qui fut l’artisan de quelques disques forts du reggae, Sans frontières a des atouts que nombre de premiers albums ne possèdent pas mais ses qualités musicales ne font pas pour autant des chansons.
Il permet en tout cas à Toguna de faire une entrée honorable dans cette grande famille folk reggae qui rassemble Tryo, Patrice, Ben Harper…
Toguna Sans Frontières (Sakifo/Wagram) 2009
En concert le 16 octobre à la Scène Bastille à Paris et 17 octobre à La Fiesta des Suds à Marseille.