Sanseverino chez les Tontons flingueurs
Malfrats, serial killers, faux monnayeurs, braqueurs et névropathes sont au générique du nouvel album de Sanseverino, Les Faux talbins. En zappant de manière effrénée de style musical en style musical, le chanteur parigot transporte au temps des truands pittoresques de Michel Audiard.
Nouvel album, Les Faux talbins
Malfrats, serial killers, faux monnayeurs, braqueurs et névropathes sont au générique du nouvel album de Sanseverino, Les Faux talbins. En zappant de manière effrénée de style musical en style musical, le chanteur parigot transporte au temps des truands pittoresques de Michel Audiard.
RFI musique : Votre nouvel album est peuplé de gangsters et de truands à l’ancienne qui parlent comme dans les dialogues de Michel Audiard. La nostalgie des films en noir et blanc ?
Sanseverino : Ce pittoresque me plaît depuis que, tout môme, je voyais au ciné-club des films de gangsters des années 50. Le seul qui en France s’est servi de l’esprit et de la couleur de cette époque, c’est Schultz de Parabellum quand il a créé le groupe Les Tontons flingueurs. Et, justement, je voulais essayer d’être libre – littérairement parlant – avec un concept : employer beaucoup de mots en argot et parler de truands sympathiques. Dans les films d’Audiard, les truands – même les tueurs – ont un côté sympa. Ce n’est pas la mafia de maintenant dont l’économie est basée sur une poudre qu’on respire avec une paille, ni d’énormes arnaques financières, mais des gens qui font des coups pour survivre. Ce ne sont pas des salauds d’enfoirés de dealers ni des sanguinaires qui zigouillent une gonzesse en lui mettant d’abord des coups de perceuse dans les yeux. Nous qui sommes nés entre 1960 et 1980, ce pourrait être nos grands-pères. Les jeunes ne connaissent plus d’eux que les vidéos sur Youtube des Tontons flingueurs et du Pacha mais nous, nous en avons connu. Dans les cafés où bossait ma grand-mère, il y avait des types avec des têtes à la Robert Dalban et qui s’appelaient Raymond la Retape. Ce qui est drôle, c’est que ma femme ne comprend rien quand mon père lui parle en argot. Elle ne sait pas ce qu’est une mandale ou le bricheton, elle ne comprend pas des expressions comme "être repasseman".
C’est la première fois que la plupart des chansons d’un de vos disques tournent autour de la même thématique : les truands, le crime, les marges…
J’ai souvent regardé les textes les uns par rapport aux autres, plutôt que comparer les musiques comme sur les autres albums. Je voulais savoir si c’était toujours le même livre.
Avec de la country, du rock’n’roll, du bluegrass, de la chanson, Les Faux talbins est aussi votre disque le plus divers musicalement.
Pour la première fois, je n’ai pas de réalisateur pour cet album. Et comme c’est moi qui ai fait la réalisation, je ne voulais pas nécessairement de cohérence musicale mais des genres et des styles que j’aime et que, a priori, on ne me met pas sur le même disque. Ici, c’est ma vraie culture musicale.
On remarque forcément votre reprise de La Salsa du démon, grand tube du Grand Orchestre du Splendid.
Votre reprise est loin d’être une reproduction de l’original…
J’aime bien ça, justement : mes reprises sont aussi un message aux premiers interprètes, comme pour dire : "ah, j’aurais mieux aimé que vous fassiez ça." Là, ça m’amusait aussi de m’approprier un morceau écrit pour trois chanteurs dont une femme qui dit : "Je suis Vampirella (…) Je fais l’amour comme une panthère /Mes amants je les écorche vifs".
Et vous avez traduit un grand classique de Johnny Cash, A Boy Named Sue.
L’histoire du gars à qui son père a donné un prénom de fille pour qu’il se batte toute sa vie et devienne un homme, c’est une méthode un peu old school pour qu’il devienne un dur. C’est l’inverse de la couvade des enfants. Cela dit, ce n’est ni Freud ni Spinoza, c’est Johnny Cash. J’aime chez lui le mélange entre ses côtés religieux, junky et provocateur. J’aime ses histoires de mecs complètement cinglés, incapables d’avoir une relation normale avec quiconque.
Sanseverino Les Faux talbins (Sony Music) 2009.
En concert au Bataclan à Paris du 3 au 6 février 2010.