30e Transmusicales de Rennes

Et toujours autant de mordant !

07/12/2009 -  Rennes - 

Petit par la taille, grand par la renommée. Sans tête d’affiche fédératrice et malgré un thermomètre extérieur proche de zéro, les Transmusicales de Rennes ont drainé cette année près de 45 000 spectateurs. Loin des grosses machines estivales, le festival breton s’est forgé une place à part : découvreur de tendances et agitateur d’ambiance. Retour sur cette édition 2008 forte en couleur (et en BPM…)

Ca pourrait se décliner comme la série des Martine, les albums pour enfants : Jean-Louis dans la fosse des photographes avant le concert de The Residents ; Jean-Louis qui danse comme un vrai teufeur sur un intermède, très "up tempo", de DJ Ride ; Jean-Louis qui monte sur scène pour féliciter le groupe argento-brésilien Ramiro Musotto… Jean-Louis, c’est Jean-Louis Brossard, le co-fondateur, co-directeur et programmateur de ces Transmusicales de Rennes. Avec Béatrice Massé, il a initié en juin 1979, ce festival un peu à part sur la place européenne. Trente ans plus tard, le fonctionnement se veut toujours aussi artisanal même si la fréquentation ne cesse d’augmenter. Pour cette édition du 3 au 6 décembre 2008, l’équipe revendique 44 700 visiteurs sur la ville de Rennes dont 28 000 sur le seul site du parc Expo, le principal espace, ouvert la nuit.

Les Trans, on y vient rarement pour l’affiche. Même les "professionnels de la profession" ne connaissent bien souvent que quelques noms sur la centaine d’artistes présentés… Cette année les cadors s’appelaient : Diplo, DJ Mujava ou The Residents. Pas de quoi, a priori, déplacer des foules. Sauf que Jean-Louis Brossard ne se contente pas d’inviter les groupes qui squattent déjà votre platine mais plutôt ceux qui ont une grande chance de le faire dans les quelques mois à venir. Pour cette édition, le contrat est rempli avec, notamment au rayon francophone, la prestation hautement vitaminée des Montréalais de Creature. Deux femmes, deux hommes, réunis pour réveiller le punk qui dort en Mika ! Des refrains pop, un batteur qui cogne sec, des riffs de guitares accrocheurs, et une bonne dose de bidouille électro : vous aussi dans peu de temps, vous allez danser sur le titre Brigitte Bardot !

Faire exploser les carcans musicaux

Sur la foi d’une chanson, Jean-Louis peut faire venir un artiste, mais on est loin de la philosophie moderne du jetable. Les Trans accompagnent certains artistes sur la durée. La jeune Missill a présenté ce samedi, son premier live après plusieurs passages en tant que DJ. Les Français de Birdy Nam Nam, venus en 2005 sur une scène ouverte, ont comblé cette année le grand hall 9. Les quatre DJs (Pone, Need, Little Mike et Crazy B) continuent de faire exploser les carcans musicaux avec une prestation très électronique devant plusieurs milliers de spectateurs survoltés.

Au même moment, le festival présentait un des projets emblématiques de cette 30e édition : la collaboration entre Morpheus et les jeunes de The Penelope(s). Le Belge, DJ résident des Trans, ancien chanteur du combo new-wave Minimal Compact, vient d’enregistrer un album entier avec ces nouvelles pousses de l’électro-pop française. La rencontre de deux générations. Tout un symbole, pas forcément aisé à assumer sur scène, pour Alex de The Penelope(s) : "Moi j’ai joué un peu 'petit bras'. Je n’ai pas trop honte de le dire parce que c’était notre premier concert avec Morpheus. Ici c’est un festival qui a révélé pas mal de gens, donc on avait un peu peur." Malgré une assistance clairsemée, ce projet, sorte de croisement entre Justice et les Swans, offre quelques bons moments de rêveries appuyées par un gros pied techno !

Cette édition s’est conclue sur la prestation du DJ sud-africain Mujava, à plus de 7 heures du matin ce dimanche 7 décembre. L’année prochaine, les Transmusicales fêteront leurs trente ans. Avec moult tambours, samplers et trompettes mais, d’après Jean-Louis Brossard, toujours sans tête d’affiche…

Ludovic Basque