Baster en mouvement

Rester original : tel est le cap que s’est fixé Baster, groupe pilier de la scène musicale réunionnaise et auteur d’un nouvel album intitulé Wiyo commercialisé en métropole. Entretien avec Thierry Gauliris, l’âme de cette formation née il y a plus d’un quart de siècle.

Un groupe en quête de nouveaux horizons

Rester original : tel est le cap que s’est fixé Baster, groupe pilier de la scène musicale réunionnaise et auteur d’un nouvel album intitulé Wiyo commercialisé en métropole. Entretien avec Thierry Gauliris, l’âme de cette formation née il y a plus d’un quart de siècle.


RFI Musique : Depuis quelques années, vous êtes davantage présent sur les scènes à l’extérieur de la Réunion. Comment s’est concrétisé ce souhait de longue date ?

Thierry Gauliris : J’ai arrêté mon métier de photographe de presse en 1995 pour devenir vraiment professionnel, et tenter de me faire mieux connaître à l’échelle nationale et internationale. Mais depuis deux ans et demi, avec mon nouveau manager, tout bouge grâce à ses réseaux. La meilleure solution est peut-être de s’installer sur le territoire métropolitain mais je pense que je suis un peu vieux, maintenant… En tout cas, si on veut essayer de conquérir le marché international, il faut savoir faire des concessions. Ce n’est pas parce qu’on chante en anglais qu’on va perdre son âme. On reste avant tout réunionnais.

Est-ce dans cette démarche que s’inscrit le nouvel album ?
Oui. Les morceaux sont plus teintés reggae, parce que c’était l’inspiration du moment. Ça fait presque dix-neuf ans que j’ai mis les pieds sur les scènes métropolitaines, et quand on fait du séga là-bas, ça reste encore communautaire. On doit jouer de la musique pour tout le monde et c’est à nous de faire en sorte que dans l’arrangement, on puisse y parvenir.

Comment-vous est venu à l’esprit le titre étrange de ce disque ?
Quand je fais la mélodie de mes chansons, je travaille toujours en onomatopées. "Wiyo", au départ, en est une. Ma femme, qui a écrit la plupart des textes, voulait que je la garde. Ça sonne, mais en créole on ne connait pas "wiyo" et je me demandais ce qu’allait en penser le public. Je suis allé sur internet, j’ai tapé "wiyo", et j’ai vu que ça voulait dire "what is your opinion". C’est un site sur lequel les gens donnent leur opinion sur ce qui se passe dans le monde. Et donc j’ai gardé le sigle !

La participation du chanteur Cali et de Ludovic N’hollé, batteur de Tiken Jah Fakoly, à votre album est-elle un effet indirect du festival Sakifo qui se tient à la Réunion, puisque tous deux ont participé à cette manifestation ?
C’est certain. Avec son festival qui entre dans sa sixième année, Jérôme Galabert (patron du festival Sakifo, ndr) sait très bien que ça ne peut être que promoteur pour la Réunion. En tout cas, pour les artistes et leurs managers, c’est une occasion de nouer des liens avec les gens qui nous intéressent. Par exemple, pendant le Sakifo de cette année, j’ai flashé sur Mayra Andrade, la Capverdienne, et j’envisage de faire un morceau avec elle.

Il y a quelques mois, vous étiez sur scène à la Réunion avec le groupe Ziskakan, qui fêtait ses trente ans d’existence et vous a aidé à sortir votre première cassette. Quels souvenirs gardez-vous des débuts de l’aventure Baster ?
Mon souvenir le plus fort, ça reste ces kabars (concerts, ndr) dans le quartier, les défilés de charrettes le 20 décembre avec tous les gens du quartier qui venaient participer à cette sorte de carnaval dans le quartier de Basse-Terre où est né le groupe, où on habitait. Mon cousin Alain Joron était à l’origine de ce qui s’appelait le Mouveman kiltirel Basse-Terre. Il avait décidé de monter cette association pour ouvrir l’esprit des habitants par la musique, l’astronomie, tout le côté culturel… On faisait aussi des randonnées parce qu’on ne connaissait pas vraiment notre île !

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 Baster
 Wiyo

- 08/09/2016

Baster Wiyo (Austral) 2009

- 08/09/2016