BB Brunes & Plastiscines

Une poignée d’années après leurs débuts, les Plastiscines et les BB Brunes reviennent avec des seconds albums plus matures. Côté filles, About Love, enregistré aux Etats-Unis sur le label Nylon Records, offre une pop efficace, chœurs mélodieux et guitares acérées. Côté garçons, Nico Teen Love continue d’explorer la veine d’un rock français aux accents gainsbouriens. L’occasion de confronter les deux groupes, d’en brosser des portraits intimes et rock’n’roll.

RFI Musique : Pouvez-vous revenir sur vos débuts, vos influences et votre succès fulgurant ?
Plastiscines : C’était il y a quatre ans. Katty (chant) et Marine (guitare) étaient dans la même classe de seconde vers Saint-Cyr-l’Ecole. On a rencontré Louise (basse) à un concert, puis Anaïs, notre batteuse définitive. On a commencé à jouer sur Paris, à la Flèche d’Or, au Gibus… Dès le début, les journalistes se sont intéressés à nous, sans prise de tête. De bouche à oreille, on a atterri sur le bureau des labels. On dénotait dans le paysage, parmi les groupes engagés des années 1990. Nous, on faisait de la zic’ comme ça, pour s’amuser, avec notre côté hyper-looké, et nos influences qui lorgnaient du côté des Ramones !

 

BB Brunes : La formation définitive date d’il y a trois ans, quand Bérald (basse) a rejoint le groupe, après Félix (guitare) il y a cinq ans. Mais tout a commencé avec Karim (batterie) et Adrien (chant/guitare), potes de sixième, au fil de répètes dans une cave. A douze ans, tu montes un groupe quand tu kiffes Hendrix, les Stones, les Sex Pistols, que tu regardes leurs vidéos en boucle, et que t’as qu’une envie : monter sur scène et faire comme eux ! Jouer par jeu et passion. Sans révolte. Une semaine avant la sortie de notre premier album, au Triptyque, la salle était blindée. Tout le monde connaissait nos paroles via Myspace, ça sautait dans tous les sens, y’avait de l’eau qui gouttait du plafond tellement ça suait. La grosse folie !

Vos nouveaux albums respectifs, About Love et Nico Teen Love évoquent un sujet qui vous préoccupe ? 
Plastiscines : Sur les treize chansons d’About Love, dix parlent d’amour : pour nos petits amis, la famille…De plus, cet album a été réalisé dans le cocon d’une famille professionnelle, centré sur ce qu’on voulait et ce qu’on aimait.

BB Brunes : Nico Teen Love était un hommage à Nico du Velvet, mais aussi un clin d’œil à la dépendance universelle que provoque l’amour, l’amitié, les potes, une fille… Un truc qui agit fortement sur notre organisme, comme la nicotine.

Racontez-nous vos sessions studio…
Plastiscines : On a passé deux mois aux Etats-Unis, dans une immense maison de Venice Beach (Malibu) puis dans la vallée. Ça changeait de notre banlieue parisienne ! Mais pas question d’aller à la plage ! On bossait non-stop, 6j/7. Avec notre producteur, Butch Walker (Avril Lavigne, Pink, les Donnas, ndlr), on a passé une journée à parler de ce qu’on voulait. Il a pris son temps, il n'y avait pas de stress. C’est ce qui nous a mis le plus à l’aise ! C’est un énorme producteur, mais il n'y avait aucun problème. Même si on se trompait, il trouvait une solution ! Super détendu !

BB Brunes : On a bossé au Hameau, en Basse-Normandie, une semaine entre deux dates, en plein mois de juillet. C’est un studio, et en même temps, un gîte. Il faisait super beau, on dormait sur place, on se réveillait au pied des instruments, on prenait un café, on jouait. On a travaillé avec Antoine Gaillet (Mlle K, Julien Doré, Wampas…). Dès le premier rendez-vous, on lui a amené des CDs pour lui faire écouter le son qu’on kiffait : Kings of Leon, Arctic Monkeys, Dandy Warhols… Il avait apporté les mêmes ! On était sur la même longueur d’ondes ! C’est un mec hyper ouvert, pas du tout cloisonné, qui fait plein de trucs différents, de l’électro, du son bourrin…Il s’adapte !

Comment a évolué votre langage musical depuis le premier album ? Plastiscines : Le premier, c’était : on branche nos guitare, on enregistre, voilà. Là, on souhaitait chercher un son propre, avec des guitares plus agressives, des sons plus pop, arranger le tout le mieux possible. On a étendu notre culture musicale, appris à jouer en tournée, à être sérieuses, plus rigoureuses dans nos manières de composer…

BB Brunes : Pour le premier album, on jouait comme des quiches ! On a progressé ! On a essayé de se concentrer sur les sons, de ne pas faire ça trop à l’arrache. Et puis on a rajouté des cordes, comme le violon ou le sitar, sûrement parce qu’on écoutait plus les Beatles qu’avant. Quant aux textes, Adrien soulève les mêmes thèmes, mais de façon plus mature. Il les construit mieux, il a fait d’énormes progrès au niveau de la voix.

Comment percevez-vous a posteriori l’appellation "Bébés Rockeurs" ? Plastiscines : On la trouve péjorative. Quand on dit ça, ça sonne comme une blague, les gens rigolent. Pourtant, y’a quoi de mieux que des jeunes qui jouent dans une cave ? C’est ça, l’esprit rock !

BB Brunes : On trouvait ça débile ! Quand tu regardes en Angleterre et partout dans le monde, les groupes commencent à quinze piges. On ne sait pas pourquoi en France, les gens veulent toujours te mettre dans des cases, avec des étiquettes !

 

Plastiscines, vous avez signé sur le label US Nylon Records. Quelle différence y’a-t-il avec la France ? BBBrunes, vous continuez à chanter en français. L’international ne vous tente pas ? Plastiscines : Aux Etats-Unis, ils ont moins d’a priori, une façon plus directe et positive d’apprécier la musique. Ils entendent quelque chose, l’apprécient ou non, sans poser 15.000 questions sur les origines du groupe etc. Lorsqu’on a commencé, en France, quatre petites rockeuses, tout le monde trouvait ça douteux – on n’était pas un vrai groupe, on était des filles de bourges… –, alors que là-bas, ils sont hyper enthousiastes, et nous prennent comme nous sommes. Et puis, le public américain est hyper réceptif. On va dire que le rapport au rock’n’roll y est plus instinctif !

 

BB Brunes : On voulait rester dans la veine du premier album. Adrien a pris l’habitude d’écrire en français et on trouve qu’il fait bien sonner les mots. Mais on va aussi enregistrer un EP (5/6 titres) totalement en anglais, parce qu’on aimerait toucher l’international : Angleterre, Japon, Amérique du Sud, Afrique…

Que vous ont apporté ces années de succès ?
BB Brunes : De l’argent. C’est important, on ne va pas cracher dessus. Surtout, on a réalisé nos rêves de gosses. On se faisait de la tournée une image explosive. C’était ça.

Plastiscines : On a tellement voyagé, rencontré tant de personnes pour notre jeune âge, qu’on a grandi d’un seul coup ! Lorsqu’on voit les gens avec qui on était au lycée, qui vont à la fac juste à côté de chez nous, on sent le décalage…Pour notre développement personnel, ça a beaucoup joué ! Ça a évité aux plus timides d’entre nous des années de repli ! Et puis, la vie en communauté 24h/24 apprend une certaine tolérance, une maîtrise, la gestion de nos émotions, une saine communication ! En fait, nous sommes moins égocentriques !

Quelles sont vos plus belles rencontres ?
Plastiscines : Il y en a beaucoup, comme Patrick Wolf, ou la chanteuse de Paramor. Mais Iggy Pop, le rêve ! Il buvait son petit verre de vin, discutait avec nous, nous disait apprécier l’un de nos titres ! Nous, on hallucinait, devant ce mythe qui se mettait à notre hauteur ! On a rencontré des légendes avec parfois quarante ans de carrière, qui restent super humbles! Sacrée leçon…

BB Brunes : On a croisé les Kooks et ils sont super cools ! Sinon, le groupe français Deportivo qui ont été nos grands frères pendant tout le début de la tournée…

BB Brunes Nico Teen Love (Warner France) 2009
Plastiscines About Love (Nylon records / Because) 2009

Les BB Brunes seront en concert au Gibus à Paris le 16 décembre 2009 et en tournée française à partir de janvier 2010

Les Plastiscines seront en tournée française en février et mars 2010