Arthur H, un tour en solitaire
C’est seul avec son piano qu’Arthur H s’offre à son public en ce moment et jusqu’en mai 2010. Ainsi dépouillé de ses musiciens et de ses arrangements électro-rock luxuriants, il épate par son magnétisme et son inventivité. La preuve hier mardi 9 mars au théâtre des Bouffes du Nord, à Paris, où il a joué deux heures durant sans s’essouffler. RFI Musique en était.
Concerts et album
C’est seul avec son piano qu’Arthur H s’offre à son public en ce moment et jusqu’en mai 2010. Ainsi dépouillé de ses musiciens et de ses arrangements électro-rock luxuriants, il épate par son magnétisme et son inventivité. La preuve hier mardi 9 mars au théâtre des Bouffes du Nord, à Paris, où il a joué deux heures durant sans s’essouffler. RFI Musique en était.
Murs rouge et or patinés, coussins molletonnés et lumières douces, voilà le trio gagnant qui accueille ce 9 mars au soir les "H-ophiles" au joli théâtre parisien des Bouffes du Nord. Sous le plafond vertigineux, pas de scène mais un piano à queue posé à même le sol, où les premiers rangs sont assis en tailleur. Seule une frontière circulaire invisible sépare ainsi le public de son chantre adulé, Arthur H. Celui-ci arrive presque pile à l’heure, sanglé dans un élégant costume gris satiné. Il se glisse illico derrière son clavier et commence par rendre hommage à la chanteuse américano-mexicaine Lhasa, disparue en janvier 2010 et avec laquelle il a réalisé plusieurs duos. "Il y a un an, j’étais venu la voir dans cette salle. Je lui dédie tous mes concerts parisiens."
Lady of Shanghai, Adieu Tristesse, Luna Park… il enchaîne avec ses standards. Dépourvus de leurs apparats habituels, ils revêtent une toute autre couleur. Plus classique, plus blues ou plus jazz, selon l’inspiration qu’Arthur H a trouvé en enregistrant seul sa nouvelle création, Mystic Rumba, sorte de best-of reprenant une vingtaine de ses chansons (plus quelques inédits) sur le mode piano-voix. "J’avais envie de me retrouver face à moi-même, sans artifice, comme exposé sous une loupe géante", explique le chanteur. D’où la tournée solitaire actuelle. Il aurait pu en ressortir des défauts. Il n’en est rien. La mise en danger qu’a choisie Arthur H renforce au contraire son aura : pas une minute il n’ennuie, conteur délicat des désordres du monde et des méandres intérieurs, d’histoires farfelues ou de biographies intimes volontairement alambiquées.
Epure musicale
Rasoir, l’épure musicale 100 % pianistique ? Pas du tout. Des micros penchés vers les entrailles du piano – dont le capot est relevé – transmettent toutes les tensions des cordes et tout le velouté des tampons. Les notes jouent ainsi à armes égales avec la voix caverneuse à la Tom Waits de l’artiste. Elle est toujours aussi robuste (et il faut l’aimer, bien sûr, pour apprécier le concert), mais Arthur l’allège parfois, la déclinant dans des gammes d’alto et d’aigus qu’on lui connaît peu. Il s’amuse, mime des beats, pousse des soupirs alanguis ou des cris percutants et alpague l’assistance quand il veut être escorté sur un refrain.
Côté mise en scène, tout est dans l’éclairage, fait d’ombres et de clignotements, et dans les trouvailles d’Arthur H pour nous divertir et se divertir. Sur deux chansons, il utilise l’application métronome de son téléphone pour s’accompagner : "Je suis un homme du futur, ils sont ringards ceux qui se servent encore de leur portable pour parler avec d’autres !". Une demi-heure après, le voilà penché sur l’intérieur de son piano pour glisser des pinces-à-linge entre les cordes et en faire sortir de nouveaux sons. Mais stop, assez parlé. Allez l’écouter et vous verrez : sans chichis, le fils Higelin réussi son pari et nous quitte réjouis.
Arthur H Mystic Rumba (Polydor) 2010, double CD à paraître le 22 mars 2010.
En concert aux Bouffes du Nord, à Paris, jusqu’au 14 mars 2010 puis en tournée.