Episode 5 <br /> Ultimes étapes : Yaoundé, Douala, N’Djamena, Nouakchott, Bamako, Saint-Louis.
Samedi soir (20 mars), c’était le dernier concert de la tournée. Et il s’est déroulé dans mon pays, à Saint-Louis, où je n’ai pas chanté depuis dix ou douze ans. Mais on a joué à guichets fermés. On a même refusé du monde, et tant que je n’avais pas quitté la scène, je me disais qu’il fallait que je donne tout. Le public m’a chouchouté. Les gens m’ont montré que j’étais leur enfant, leur frère, ils m’ont ouvert les bras. Ils étaient tous debout, ils criaient mon nom. C’est touchant. Dans la salle il y avait aussi les élèves de l’école militaire de Saint-Louis qui étaient venus en masse !
La dernière fois que je vous avais livré mes impressions de voyages, on venait d’arriver au Cameroun. Et ce que je peux dire, c’est que les Camerounais ne sont pas simplement foot : le makossa, c’est une musique incroyable. J’ai aussi noué des contacts là-bas pour pouvoir revenir faire des ateliers.
Le pays suivant dans lequel nous sommes passés, c’est le Tchad. Pendant des années, ils étaient en guerre et quand je suis arrivé là-bas, même si c’était calme, ça ressemble à ce qu’on voit à la télé : des jeunes avec des armes, des kalachnikovs dans les mains, ils ont quinze ou seize ans et ils ne comprennent pas la situation. C’est triste. Ça fait peur, ça fait mal. Ils ont besoin de revivre, ils ont besoin d’art. Parce que l’art rassemble, c’est comme le sport. A N’Djamena, j’ai chanté dans un cabaret et j’ai aussi croisé Mounira, une ancienne lauréate du prix Découvertes RFI dont j’ai beaucoup entendu parler au cours de mon séjour.
Ensuite, la tournée nous a emmenés en Mauritanie. A Nouakchott, je me disais que j’étais au Sénégal : on ne me parlait que wolof, je mangeais du thiep bou dien, et tous les plats que je mange chez moi… Pour le concert, la salle était archi remplie, le public était au aguets. Dès que je disais un mot, les gens le répétaient. Nous sommes restés quatre jours sur place. Ça m’a donné l’occasion de rencontrer mes cousins qui vivent là-bas. Le jour du concert, toute la famille a débarqué. On s’est aussi acheté une tente mauritanienne, pour dormir sur la plage, et au réveil, être devant la mer avec ce vent qui te souffle partout pour t’enlever les mauvaises ondes qu’on rencontre dans la vie.
A Bamako, l’étape suivante, je me suis également senti très à l’aise. Ma mère vient de là-bas. C’est une ville de musique. Le grand Tiken Jah Fakoly est passé au concert avant d’aller prendre un avion. Sur scène, on a chanté en semble My Africa Is Beautiful, un morceau que j’ai écrit au cours de la tournée. En bambara, ça dit : "Maman, j’ai vu. Ils ne disent que des bêtises. Mon Afrique est belle." Il y avait aussi le Français Manjul, avec qui j’ai travaillé il y a dix ans quand j’étais venu au Mali pour me ressourcer, pour voir d’où ma mère venait et qui j’étais. A l’époque, on avait fait un morceau, lui au clavier et moi au djembé, qui s’appelait Je suis un real soldat de Jah. C’est une vielle histoire pour moi, Bamako !
Aujourd’hui, au terme de cette tournée africaine, je me dis que j’ai été accepté partout où je suis allé. Les prochains concerts auront lieu bientôt en France. Un autre challenge, mais on est rodé. Et je compte bien sortir l’arsenal !
Naby (avec Bertrand Lavaine)
Photos : G.Garcia
Samedi soir (20 mars), c’était le dernier concert de la tournée. Et il s’est déroulé dans mon pays, à Saint-Louis, où je n’ai pas chanté depuis dix ou douze ans. Mais on a joué à guichets fermés. On a même refusé du monde, et tant que je n’avais pas quitté la scène, je me disais qu’il fallait que je donne tout. Le public m’a chouchouté. Les gens m’ont montré que j’étais leur enfant, leur frère, ils m’ont ouvert les bras. Ils étaient tous debout, ils criaient mon nom. C’est touchant. Dans la salle il y avait aussi les élèves de l’école militaire de Saint-Louis qui étaient venus en masse !
La dernière fois que je vous avais livré mes impressions de voyages, on venait d’arriver au Cameroun. Et ce que je peux dire, c’est que les Camerounais ne sont pas simplement foot : le makossa, c’est une musique incroyable. J’ai aussi noué des contacts là-bas pour pouvoir revenir faire des ateliers.
Le pays suivant dans lequel nous sommes passés, c’est le Tchad. Pendant des années, ils étaient en guerre et quand je suis arrivé là-bas, même si c’était calme, ça ressemble à ce qu’on voit à la télé : des jeunes avec des armes, des kalachnikovs dans les mains, ils ont quinze ou seize ans et ils ne comprennent pas la situation. C’est triste. Ça fait peur, ça fait mal. Ils ont besoin de revivre, ils ont besoin d’art. Parce que l’art rassemble, c’est comme le sport. A N’Djamena, j’ai chanté dans un cabaret et j’ai aussi croisé Mounira, une ancienne lauréate du prix Découvertes RFI dont j’ai beaucoup entendu parler au cours de mon séjour.
Ensuite, la tournée nous a emmenés en Mauritanie. A Nouakchott, je me disais que j’étais au Sénégal : on ne me parlait que wolof, je mangeais du thiep bou dien, et tous les plats que je mange chez moi… Pour le concert, la salle était archi remplie, le public était au aguets. Dès que je disais un mot, les gens le répétaient. Nous sommes restés quatre jours sur place. Ça m’a donné l’occasion de rencontrer mes cousins qui vivent là-bas. Le jour du concert, toute la famille a débarqué. On s’est aussi acheté une tente mauritanienne, pour dormir sur la plage, et au réveil, être devant la mer avec ce vent qui te souffle partout pour t’enlever les mauvaises ondes qu’on rencontre dans la vie.
A Bamako, l’étape suivante, je me suis également senti très à l’aise. Ma mère vient de là-bas. C’est une ville de musique. Le grand Tiken Jah Fakoly est passé au concert avant d’aller prendre un avion. Sur scène, on a chanté en semble My Africa Is Beautiful, un morceau que j’ai écrit au cours de la tournée. En bambara, ça dit : "Maman, j’ai vu. Ils ne disent que des bêtises. Mon Afrique est belle." Il y avait aussi le Français Manjul, avec qui j’ai travaillé il y a dix ans quand j’étais venu au Mali pour me ressourcer, pour voir d’où ma mère venait et qui j’étais. A l’époque, on avait fait un morceau, lui au clavier et moi au djembé, qui s’appelait Je suis un real soldat de Jah. C’est une vielle histoire pour moi, Bamako !
Aujourd’hui, au terme de cette tournée africaine, je me dis que j’ai été accepté partout où je suis allé. Les prochains concerts auront lieu bientôt en France. Un autre challenge, mais on est rodé. Et je compte bien sortir l’arsenal !
Naby (avec Bertrand Lavaine)
Photos : G.Garcia
Avec CulturesFrance, partenaire de RFI pour le Prix RFI Découvertes
Naby se produira le 08 avril à l’Européen à Paris. Cette soirée donnera lieu à l’enregistrement d’une émission spéciale de Couleurs Tropicales.
Naby sera en concert le 08 mai au Festival Jazz Sous les Pommiers de Coutances et le 23 mai au festival des Musiques Métisses d’Angoulême.