Dani fait un tour à Paris

Un concept album autour de Paris, Le Paris de Dani, écrit avec sa garde rapprochée de musiciens et auteurs de prédilection, c’est le programme du moment pour la chanteuse Dani, celle qui depuis les Sixties flamboyantes, persiste à n’en faire qu’à sa tête.

Nouvel album

Un concept album autour de Paris, Le Paris de Dani, écrit avec sa garde rapprochée de musiciens et auteurs de prédilection, c’est le programme du moment pour la chanteuse Dani, celle qui depuis les Sixties flamboyantes, persiste à n’en faire qu’à sa tête.

Dans son lieu un peu étrange, sorte de concept store modeste et caché sous un immeuble du XVe arrondissement de Paris, parmi des canapés profonds, un piano rutilant et des monceaux de roses aux teintes profondes, Dani raconte Le Paris de Dani. Voix de brune délavée aux blondes, allure vénéneuse de rigueur (cuir noir et dentelles assorties), la chanteuse égérie, émigrée du midi, remet au goût du jour l'album concept, en même temps que son vieil ami Alain Chamfort qui triomphe avec son magnifique Une vie St Laurent.

RFI musique : Vous avez choisi le même réalisateur qu'Alain Chamfort, Jean-Philippe Verdin pour faire ce disque ?
Dani : Alain a commencé, il y a longtemps, quatre ans. En plus, c’est la famille, alors quand il y a des idées, c’est agréable de les réaliser avec des gens que l’on connaît. Même si c’est aussi intéressant de voir le regard de gens qu’on ne connaît pas sur soi. J’ai travaillé avec des vieux complices, pour la plupart. Ce n’est pas un confort, mais il y a de la fidélité : des instants partagés. Ça crée forcément une émotion différente. J’adorerais aussi faire un album avec des gens que je ne connais pas.

Tout le monde vous connaît !
Ça, j’en suis moins sûre que vous ! Je suis curieuse de ce qui se fait aujourd’hui, des gens qui commencent. Les miens, c’est ma garde rapprochée, des gens installés, qui savent faire. Mais dans les nouveaux, il y en a des plus qu’intéressants. J’adore Olivia Ruiz, Julien Doré, la petite Cœur de pirate, et plein d’autres qui ont du talent ; je suis très à l’écoute de tout ça, ils font l’histoire d’aujourd’hui. Ce n’est pas que je fasse celle d’hier…

Il faut des gens sachant écrire…
Il y a un comportement dans la vie, qui est important, et il va avec ce qu’on écoute. J’étais déjà branchée sur l’écriture, les mots, qui sont la meilleure arme du monde. Gainsbourg appelait ça un "art mineur". Mais moi, une chanson, ça me plaît. C’est difficile à écrire, et j’ai beaucoup de respect pour ces gens qui font des "chansonnettes" !

Vous êtes passée doucement du statut de chanteuse de variété rigolote des Sixties à celui d’égérie, de muse d’une génération et d’une scène de musiciens plutôt esthètes. Comme si vous les aviez réconciliés, quand ils étaient ados, avec une chanson française qui avait compris l’esprit du rock ?
Je ne sais pas si je les ai réconciliés, mais sur ma route, j’ai eu des auteurs et compositeurs comme Jacques Datin, Maurice Vidalin, Frédéric Botton, Pascal Jardin, Sagan, c’est très fort comme écriture. Je n’ai jamais fait de plan de carrière, j’ai fait des disques quand je pensais avoir de jolies chansons. Pas pour être au hit parade, je suis en marge de tout ça. Je suis sensible à la musique, aux mots qui vont dessus, j’ai eu la chance de rencontrer Gainsbourg, ou Botton, qui avaient une chose à part, ce don de manier les mots. Etre interprète, c’est aussi se réfugier derrière des mots qui vous sont chers et adaptés.

Alors pourquoi et comment cet album concept sur Paris ?
A Cali, comme on est de Perpignan tous les deux, j’ai demandé une chanson qui regarde Paris de la province. A Jean-Jacques Burnel, comment il voit Paris de Londres. Jacques Duvall vit à Bruxelles, mais on a une grande complicité, comme avec Jean Fauque, ce sont des gens qui comptent pour moi aujourd’hui. Je suis provinciale, et Paris est une source d’inspiration à l’infini. J’ai fait mon parcours, mais chacun a le sien. Ce n’est pas que féerique, c’est puissant, douloureux, magique. C’est un quotidien, il faut y vivre, l’écouter, le détester, avoir envie d’y revenir. C’est parce que je ne suis pas d’ici que j’ai cette passion pour Paris, et ça évolue tout le temps. Moi, je suis toujours de Perpignan : provinciale, c’est dans les gènes. Il y a mon enfance, le ciel, c’est différent... Comme quantité de gens, je suis montée à Paris pour découvrir d’autres choses, plus artistiques. Mais je ne fais pas du rétroviseur, je m’adapte à aujourd’hui. Je ne vis pas avec mon passé. C’est comme ça, sinon c’est triste. Le seul cadre que j’ai donné, c’est Paris. Ils m’ont tous dit que j’étais folle, qu’il fallait le faire avec un seul auteur et un compositeur, mais moi je voulais coordonner ces chansons, avec des sons différents. Ça va du rock’n’roll à la folk, à la pop, la variété… En ce qui me concerne, c’est une jolie histoire, et des moments artistiques que je ne suis pas prête d’oublier.

On croise donc Cali, Chamfort, François Bernheim, Jean Fauque, Ronnie Bird, Mader… On aurait pu s’attendre à plus de duos, or il n’y a que celui avec Jean-Jacques Burnel, des Stranglers ?
C’est difficile de trouver une chanson à faire en duo. Celle avec Burnel, elle était évidente. Quand on sort d’un duo comme celui avec Etienne Daho (Comme un boomerang), la barre est haute, il faut que ce soit exact et juste. Pas systématique. C’est un échange, ça appartient à la musique. C’est sublime quand on peut partager ça avec des amis. J’aime le faire en live, je l’ai fait souvent avec Alain Chamfort, avec Cali aussi, et Marc Lavoine.

Y aura-t-il un prolongement scénique à cet album concept ?
J’ai commencé à répéter pour une série de concerts, on va revisiter ces chansons sur scène. Sur scène, je ne peux pas avoir tout le monde. Ce sera épuré, mais plutôt électrique. Pas comme les shows piano-voix que j’ai faits à l’Hôtel Lutécia durant un an. C’était fort, mais c’est beaucoup d’énergie, c’est intense. Je répète en ce moment, pour faire ces concerts. À Paris, on va jouer dans des salles un peu différentes. En mai. Des endroits inattendus.

Dani  Le Paris de Dani (AZ/Universal) 2010