L’enivrement Absynthe Minded
Piliers de la scène belge depuis déjà plusieurs années, les Flamands d’Absynthe Minded n’avaient encore jamais publié d’album officiel dans nos contrées. Oubli réparé avec ce quatrième album, déjà disque de platine en Belgique. Enregistré à Paris avec l’aide de Jean Lamoot, Absynthe Minded révèle le talent d’un groupe au style composite et singulier, mélange savoureux de pop mainstream, de rock et de swing manouche. Enchantement garanti.
Virage international pour un groupe flamand
Piliers de la scène belge depuis déjà plusieurs années, les Flamands d’Absynthe Minded n’avaient encore jamais publié d’album officiel dans nos contrées. Oubli réparé avec ce quatrième album, déjà disque de platine en Belgique. Enregistré à Paris avec l’aide de Jean Lamoot, Absynthe Minded révèle le talent d’un groupe au style composite et singulier, mélange savoureux de pop mainstream, de rock et de swing manouche. Enchantement garanti.
Pour beaucoup d’entre nous, le premier contact avec Absynthe Minded remonte à l’année 2004. En plein revival du genre, un air pop fortement teinté de jazz manouche était rendu populaire par une publicité pour voitures. Son titre : Pretty Horny Flow, premier tube particulièrement prometteur d’un tout jeune groupe, armé d’un seul EP et d’une solide expérience de scène dans les bars du Plat Pays.
Quelques années ont passé avant que la France ne retrouve trace du groupe, d’abord avec une compilation (Introducing) parue en 2008, puis avec ce nouvel album. Entre temps, le quintet né à Gand il y a près de 10 ans, s’est construit une solide réputation dans son pays d’origine, grâce à des tournées mémorables et une formule scénique peu commune. "C’était une force, notre formation n’avait pas grand chose à voir avec un groupe de rock classique : nous jouions avec un violoniste, un contrebassiste. Et nous tournions énormément, dans toutes les salles, tous les bars de Flandre. Nous avons acquis une vraie puissance scénique", se souvient Bert Ostyn, chanteur et leader du groupe
Un tube imparable
Lentement mais sûrement, Absynthe Minded est devenu un vrai succès populaire. New Day, son second album paru en 2005, renferme un tube imparable, My Heroic, part one (ajouté en bonus track sur l’édition française du nouvel album), rapidement désignée meilleure chanson de la décennie par la radio flamande, Studio Brussel.
La clé de cette réussite ? Un formidable sens de la mélodie, et une sensibilité musicale unique mêlant le jazz, la musique tzigane et le rock. "C’est vrai que nous sommes assez difficiles à classer, explique Bert. Nous avons toujours cherché à faire de la pop music, mais avec beaucoup d’influences venues d’ailleurs. Nos talents de multi instrumentistes nous aident en cela."
Aux sources de cette liberté musicale, il y a l’amour du jazz. "Nous avons tous une formation musicale dans ce style, explique Renaud Ghilbert, violoniste. Des musiciens comme Monk, Miles Davis ou Django Reinhardt sont aussi importants pour nous que les Beatles. Leur manière de se réinventer constamment, ce sens de l’improvisation sont une source d’inspiration constante."
Mis sur orbite par un troisième opus à la production impeccable (There is Nothing, paru en 2007), Absynthe Minded s’est peu à peu exporté en dehors des frontières belges. Leur nom est devenu, malgré eux, le symbole d’une scène rock belge en pleine ébullition, à l’instar de Ghinzu ou Girls in Hawaii. "Nous ne sentons pas concernés par la scène rock belge, tempère Bert. Nous nous sentons davantage un groupe européen." Un groupe belge leur sert pourtant de référence : dEus. "Nous étions déjà très fans du groupe dans les années 90. On se retrouvait dans leur manière de marier le rock et le free jazz. Nous sommes partis en tournée avec eux en 2005, et avons beaucoup appris à cette occasion, notamment pour ce qui est d’assumer des ambitions internationales", explique Renaud.
Style inclassable, charme immédiat
Après un parcours exclusivement ascensionnel, le quatrième album du groupe devait être celui de la reconnaissance en dehors des frontières. Comme leurs compatriotes de Girls in Hawaii, Bert et ses comparses ont fait appel au Français Jean Lamoot, ancien collaborateur de Bashung ou de Noir Désir, pour réaliser ce nouvel essai. "Nous l’avons choisi pour son travail avec Salif Keita et Noir Désir sur leur dernier album. C’est quelqu’un de très ouvert, qui parle peu", explique Bert.
Dans les faits, ce réalisateur d’expérience a su capter l’immuable formule qui fait la magie du groupe : ce mélange de pop efficace et de swing manouche, d’atmosphères cotonneuses et d’envolées plus rock, comme sur l’épique Dead on my feet. L’inaugural If you don’t go, I don’t go et Fortress Europe nous font basculer dans une ambiance de cabaret parisien époque Hot Club de France, avec un violon tzigane omniprésent. Sur Heavens Knows, le quintet retrouve les vertus de la lenteur et rappelle le rock alangui de JJ Cale.
De l’Est de l’Europe au Sud des Etats-Unis, les influences disparates se fondent et produisent un style flou, inclassable mais étrangement accessible et totalement personnel. "Nous n’avons aucune stratégie, aucune explication rationnelle à notre musique, reconnaît d’ailleurs Bert. On ne veut pas sonner comme les autres, c’est tout." Nul doute qu’après la Belgique, la France succombera à son tour au charme immédiat – et durable – de cet Absynthe Minded.
Absynthe Minded sur MySpace
Absynthe Minded Absynthe Minded (AZ/Universal Music) 2010
En tournée au Luxembourg, en Belgique et en France, le 18 juin à la Maroquinerie.