Donso, sur la piste des chasseurs
C’est à Paris, loin des brousses africaines, que s’est formé Donso. Ce groupe qui emprunte son nom au luth des chasseurs, croise avec délicatesse électro et musiques ancestrales de l’empire mandingue. Rencontre avec le producteur Pierre Antoine Grison.
Electro et musiques mandingues
C’est à Paris, loin des brousses africaines, que s’est formé Donso. Ce groupe qui emprunte son nom au luth des chasseurs, croise avec délicatesse électro et musiques ancestrales de l’empire mandingue. Rencontre avec le producteur Pierre Antoine Grison.
La musique, quoi qu’en dise les puristes, est avant tout une histoire de rencontres. Celle de Donso, aussi banale soit-elle, ne faillit pas à la règle. Car, c’est en voisins, que Pierre Antoine Grison et Thomas Guillaume se sont découverts l’un à l’autre en 2004. "Thomas habitait au-dessus de chez moi" se souvient le producteur.
A l’époque, Pierre Antoine, tout juste signé sur le label électro Head Banger avec son projet solo KrazyBaldhead, entrait en "hype", comme d’autres entrent dans les ordres, pour aller au bout d’une vocation qui avait démarré dès son plus jeune âge sur les bancs du Conservatoire. "A l’âge de 6 ans, mes parents m’ont inscrit en classe de percussions classiques. Plus tard, j’ai fait du piano avant de passer à la guitare au moment de l’adolescence au sein d’un groupe" se souvient-il.
"Je suis revenu au piano avec le jazz, avant de découvrir le hip hop et d’acheter mes premières machines en 98." Quant à Thomas, son univers était tout autre. Fasciné par les percussions africaines, il était parti au Mali une dizaine d’années auparavant se former à l’art exigeant du djembé. C’est là qu’il avait découvert le ngoni, ce luth africain dont il existe de nombreuses variantes dont le donso ngoni, une petite kora de voyage que les chasseurs mandingues emportent dans leurs raids. "Le donso ngoni produit une musique de transe au mécanisme parfois incompréhensible" explique Pierre Antoine Grison.
L’eau et l’huile
En 2004, les deux voisins donnent leur premier concert. "Nous avons mis du temps avant de trouver le bon équilibre, la bonne formule. Notre propos n’était pas de coucher des voix africaines sur un tempo house comme on avait pu l’entendre chez certains, car c’est comme l’eau et l’huile. Tous deux entrent dans le même verre, mais ne se mélange pas !" confie-t-il.
L’arrivée de Gédéon Papa Diarra au chant, puis de Guimba Kouyaté à la guitare et au djele ngoni, un luth au son aigu ouvrent de nouveaux horizons au duo. "Thomas les avait rencontrés au Mali. Tous deux vivent ici. A force de travail, on est arrivé à trouver un son qui allie électro et acoustique, sans jamais savoir quand l’un l’emporte sur l’autre. On est dans l’entre-deux" explique celui qui a pratiquement tout produit chez lui.
La chanteuse Mamani Keita, une amie de Gédéon, a enregistré tous les chœurs en 2006. Le joueur de kora Ballaké Sissoko est venu poser quelques notes cristallines sur la fin de Baara, tandis que le prolixe pianiste Cheick Tidiane Seck s’est laissé séduire par les innovations de Donso gravant pas moins de 18 pistes de synthé toutes différentes pour Mogoya, un titre autour duquel le label a organisé un concours de remix (une centaine de réponses avec au final trois gagnants).
De KrazyBaldhead à Donso
"Je n’ai pas le sentiment de faire un grand écart entre mon projet perso et Donso" explique Pierre Antoine. "KrazyBaldhead est né grâce au hip hop et incorpore l’électro. Le hip hop vient de la musique malienne. Les sources sont communes, la direction aussi, seules les couleurs varient. D’ailleurs, chaque projet a ses propres outils. Le sampler pour KrazyBaldhead, le synthé, des boîtes à rythmes pour Donso qui est avant tout, un projet de musiciens. Sur scène, nous sommes quatre !". Une différence, pas un grand écart.
Donso Donso. (Comet Records/Because) 2010
En concert le 17 sept au Café de la Danse (Paris) à confirmer