Charlotte Gainsbourg se livre un peu en <i>live</i>

Par peur de la scène, l'actrice-chanteuse Charlotte Gainsbourg a longtemps hésité à interpréter ses albums en public. Elle s'en était privée en 2006, à la sortie de 5:55, mais cette année, elle a décidé de se lancer avec IRM. RFI Musique a assisté à l'avant-dernier concert de sa tournée européenne, ce vendredi 16 juillet, aux Francofolies de La Rochelle.

Concert aux Francos de La Rochelle

Par peur de la scène, l'actrice-chanteuse Charlotte Gainsbourg a longtemps hésité à interpréter ses albums en public. Elle s'en était privée en 2006, à la sortie de 5:55, mais cette année, elle a décidé de se lancer avec IRM. RFI Musique a assisté à l'avant-dernier concert de sa tournée européenne, ce vendredi 16 juillet, aux Francofolies de La Rochelle.

Aucun artiste n'a été attendu avec autant de curiosité que Charlotte Gainsbourg à cette vingt-sixième édition des Francofolies de La Rochelle. A-t-elle si peu de voix qu'on le dit ? Va-t-elle oublier les paroles comme elle l'a fait aux Eurockéennes de Belfort ? A quoi ressemble-t-elle en trois dimensions, et pas sur un écran de cinéma ? Sera-t-elle à la hauteur du succès de ses deux récents albums ? La belle était pour le moins attendue au tournant par les spectateurs et la critique...

"La scène est un risque que j'ai eu envie de prendre cette année, et j'ai eu raison", expliquait-t-elle quelques heures avant son concert, lors d'une conférence de presse expéditive. "Cette tournée m'a emmenée dans plein de salles, devant des publics debout, assis, en intérieur, en extérieur... J'ai éprouvé tellement de choses fortes ! Il n'y a aucun point de comparaison entre un plateau de cinéma ou de théâtre et la scène."

Celle que Charlotte Gainsbourg foule deux heures plus tard est la mythique scène Saint-Jean-d'Acre, la plus grande des Francos. A la lumière rasante de la fin du jour, la chanteuse y apparaît toute petite, toute menue dans son pantalon en cuir et sa jacket d'homme. Elle embrasse du regard les milliers de paires d'yeux braqués sur elle, agrippe ses deux mains au micro et se lance.

Le premier titre qu'elle interprète est IRM, chanson sans doute la plus personnelle de son dernier album, puisqu'orchestrée par des machines qui reproduisent le bruit des IRM qu'elle a subits en 2007, après une mauvaise chute de ski nautique. Au milieu de ces sons abrupts et angoissants, la voix de Charlotte Gainsbourg a du mal à percer et à se poser. Le stress des premières minutes semble lui nouer la gorge. Mais elle y va, tambours battants même, s'emparant de baguettes pour rythmer vigoureusement la fin du morceau sur une caisse de batterie posée à sa droite.

Charlotte et son groupe

Charlotte et ses cinq musiciens (dont Brian Lebarton, qui a monté le groupe et pris en charge tous les arrangements du live), égrènent In the End, Master's Hand, Time of the Assasines, Me and Jane Doe, soit la plupart de chansons d'IRM. Les rares titres piochés dans 5:55 (AF605107, The Song that we Sing) se reconnaissent immédiatement par leurs mélodies aériennes, et pour cause puisqu'elles sont signées par le duo Air.

Entre les morceaux, Charlotte parle très peu, si ce n'est quelques mercis murmurés ici et là, avec un sourire gêné. Elle met vraiment du temps à se détendre, mais le public ne le lui en tient absolument pas rigueur. Il a l'air touché par le manque d'assurance de l'apprentie chanteuse, par ses yeux apeurés et sa grâce désarmante. Bienveillant, il ne l'applaudit pas à tout rompre mais assez pour qu'elle se sente portée, et que sa langue se délie une minute.

"J'ai eu la chance de travailler avec Beck, et avec Air. Mais je sais que j'ai encore plus de chance de pouvoir puiser dans le répertoire du plus grand, du plus beau, du plus fort, le meilleur : mon père", dit-elle dans un souffle ému avant d'entamer l'Hôtel particulier du grand Serge. Elle chante bien ses mots, qu'elle prend soin de mieux prononcer que ses paroles en français à elle. Les instruments, derrière, dérapent en un rock superbe. L'auditoire l'acclame.

Comme ressourcée par cet intermède, Charlotte est plus à l'aise pour la fin du concert et donne une version habitée et assez magique de Trick Pony. Elle ose même dire "mon groupe" en présentant ses musiciens sur l'intro du Couleur Café de son papa. Preuve qu'elle apprend chaque minute à passer d'actrice confirmée à chanteuse confirmée qui s'assume...