Inna Modja, un ton léger, une réalité qui l’est moins

Paru à l’automne dernier, Everyday is a New World est le premier opus de la chanteuse Inna Modja. Sa pop guillerette aux accents soul affirmés séduit. A l’heure de la sortie de Life son nouveau single, rencontre avec une jeune femme qui se bat pour que les femmes africaines puissent rester des femmes à part entière. Actuellement en tournée française.

Premier album, Everyday is a New World

Paru à l’automne dernier, Everyday is a New World est le premier opus de la chanteuse Inna Modja. Sa pop guillerette aux accents soul affirmés séduit. A l’heure de la sortie de Life son nouveau single, rencontre avec une jeune femme qui se bat pour que les femmes africaines puissent rester des femmes à part entière. Actuellement en tournée française.

Quand Inna Modja retourne à Bamako retrouver ses parents, elle pose sa montre et ne la reprends qu’à son départ, comme si dans cette ville qui l’a vu naître il y a 26 ans, le temps n’avait pas prise, comme si cette jeune femme décidée pouvaient enfin se laisser aller.

Car la vie d’Inna Modja est un combat, un combat sur un ring certes capitonné, mais un combat tout de même avec ses uppercuts et ses mauvais coups. Le confort et l’amour, Inna les a connus. "Je suis la sixième de sept enfants. Mon père est diplomate. J’ai beaucoup voyagé enfant. De Bamako où je suis né et suis revenue à l’adolescence, au Ghana et au Nigéria, ce qui explique que la première langue que j’ai parlée soit l’anglais" précise dans un français parfait la chanteuse que rien ne prédestinait à la carrière dans laquelle elle s’épanouie pleinement aujourd’hui.

"A l’âge de 6 ans, mes parents m’ont inscrit à une chorale. A l’époque, je chantais comme un pied, mais cela me plaisait énormément. J’écoutais beaucoup de musique. Tout le monde à la maison écoutait beaucoup de musique. A commencer par mes parents qui faisaient tourner les disques d’Otis Redding ou Nina Simone. J’ai grandi musicalement aussi avec toutes les musiques qui enthousiasmaient mes frères et sœurs, du punk au hip hop des années 90 en passant par le disco. Je suis une vraie éponge. J’aime découvrir. Mes premières attirances à l’époque ? Ray Charles dont la voix transmet tant d’émotions ou Diana Ross qui était un modèle pour moi.".

A l’école du Rail Band

Le vilain petit canard a fini par se métamorphoser au fil des ans en un adorable rossignol à la voix de velours. "A 14 ans, j’ai commencé à vraiment chanter" se souvient-elle, "à écrire et à composer à l’instinct, selon ma sensibilité. Un an ou deux ans après, je suis allée frapper à la porte de Salif Keita qui habitait la même rue que nous pour savoir comment il avait débuté, pour prendre conseil. Il m’a écouté et permis d’intégrer le Rail Band. C’est là que j’ai réellement fait mes classes, compris le fonctionnement d’un groupe, la place de chacun, où j’ai vraiment saisi ce que faire de la musique voulait dire" avoue la jeune fille qui a alors quitté le domicile familial.

C’est le chanteur et musicien malien Habib Koité qui lui offrira sa première première partie. "C’était à  l’Akwaba. Il m’a aussi offert un Best Of des Beatles en m’expliquant que lorsque j’aurai compris ces musiques (Hey Jude, Eleanor Rigby, Let it be…), je trouverai les moyens de m’exprimer. J’ai écouté les Beatles et beaucoup d’autres choses pour trouver mon chemin au cours de ces dix dernières années. J’ai eu besoin de ce temps de maturation avant de me lancer dans la réalisation de mon premier opus et encore, elle s’est étalée sur deux ans. Je n’aurais pas pu passer par la Star Ac. Tout y est trop rapide."

Le vilain petit canard a fini par se métamorphoser au fil des ans en un adorable rossignol à la voix de velours. "A 14 ans, j’ai commencé à vraiment chanter" se souvient-elle, "à écrire et à composer à l’instinct, selon ma sensibilité. Un an ou deux ans après, je suis allée frapper à la porte de Salif Keita qui habitait la même rue que nous pour savoir comment il avait débuté, pour prendre conseil. Il m’a écouté et permis d’intégrer le Rail Band. C’est là que j’ai réellement fait mes classes, compris le fonctionnement d’un groupe, la place de chacun, où j’ai vraiment saisi ce que faire de la musique voulait dire" avoue la jeune fille qui a alors quitté le domicile familial.

C’est le chanteur et musicien malien Habib Koité qui lui offrira sa première première partie. "C’était à  l’Akwaba. Il m’a aussi offert un Best Of des Beatles en m’expliquant que lorsque j’aurai compris ces musiques (Hey Jude, Eleonore Rubby Let it be…), je trouverai les moyens de m’exprimer. J’ai écouté les Beatles et beaucoup d’autres choses pour trouver mon chemin au cours de ces dix dernières années. J’ai eu besoin de ce temps de maturation avant de me lancer dans la réalisation de mon premier opus et encore, elle s’est étalée sur deux ans. Je n’aurais pas pu passer par la Star Ac. Tout y est trop rapide."

Africaine mais pas seulement

"C’est mon album" lâche-t-elle. "Je l’assume pleinement. Il me ressemble jusque dans sa façon de dire des choses parfois dures sur un ton léger, badin. Ainsi tu peux aborder des thèmes plus personnels" raconte la jeune chanteuse qui fut aussi mannequin. "C’est en bossant pour des défilés que j’ai pu mettre de côté l’argent du studio, invitant Loïc le Dévéhat à lisser la fougue de ma jeunesse."

Le binôme fonctionne à merveille, offrant quelques belles pages de musique pop à la communauté de ses fans, pages au fil desquelles apparaît en filigrane léger son africanité. "Je ne chante pas en bambara, ne joue pas de kora, je ne fais pas de world mais je suis profondément africaine, C’est une des composantes de mon être" lâche-t-elle. "Je le suis jusque dans mon corps."

Excisée contre la volonté de ses parents et la sienne, la jeune femme se sent évidemment dépossédée du symbole de sa féminité. Engagée, elle se bat contre cette pratique. Aujourd’hui réparée comme disent les médecins, elle veut pouvoir alerter les consciences tout en montrant qu’un avenir est possible.

Ses lendemains devraient chanter à nouveau que ce soit sur scène en première partie de Christophe Maé ou en tête d’affiche et sur les ondes puisqu’après Mister H, son premier single qui a permis d’attirer l’attention du public, elle revient avec une reprise de Life, un titre composé par Chris Samson et popularisée par Des’ree. "Très marqué par les années 90, Life est plongé dans un bain Motown. J’aime cette transposition. Nous sommes allés tourner le clip à New York. Je suis très fier que Chris, après avoir entendu ma version, m’ait donné sa bénédiction".

Inna Modja Everyday is a new world (Warner) 2009
Actuellement en tournée française