Ludo Pin, chanteur funambule

Découvert il y a deux ans avec un premier album séduisant, Ludo Pin cultive l’équilibrisme musical. Comme Katerine ou Mathieu Boogaerts avant lui, les chansons de ce jeune chanteur de Sarcelles ont la fraîcheur du bricolage maison. Un assemblage de pop intimiste, de samples hip hop et de saillies rock à découvrir sur un nouvel Ep, Le temps nous dira. Portrait.

Flegmatique et rêveur, ambitieux mais sans illusions, Ludo Pin est un jeune trentenaire en phase avec son temps. Adepte des chemins de traverses, lui-même se veut à part, loin de la grande histoire de la chanson d’ici : "Je ne me considère pas comme faisant de la pop française. Je n’ai pas été accueilli à bras ouverts dans ce milieu-là."

Il faut dire que ce jeune chanteur salué par la presse parisienne n’a pas le profil Rive gauche. Ses premières armes, Ludo Pin les fait dans son fief de Sarcelles, une ville de banlieue réputée pour la vigueur de sa scène rap. "Je suis venu à la musique par les groupes de rock de mon voisinage. Puis je me suis assez rapidement mis au rap, le Wu-Tang Clan d’abord, puis les rappeurs français, notamment ceux de ma ville. J’aimais le Ministère A.M.E.R, leur mélange des genres et leur humour souvent ignoré." Très vite, le contact avec le hip hop crée l’étincelle chez le jeune homme âgé alors de 20 ans, et fraîchement installé dans la capitale. Le sampler devient son instrument principal, et les premières maquettes prennent forme. "C’était en 2001, et j’étais dans ce qui me plaisait : un rap blanc, maladroit et bancal, comme chez Beck".

Il faudra pourtant près de cinq ans à Ludovic pour finaliser ses enregistrements et aller au devant des labels et des médias. "J’avais envie de prendre mon temps, je travaillais à temps plein, et poursuivais mes études…" La suite est connue : le chanteur Ignatus (son plus grand soutien), puis Radio Nova et une partie du gotha de la presse parisienne s’enflamment pour cette démo maison, avant que Louise Attaque ne l’invite sur ses premières parties en 2006. Un quasi baptême de la scène, devant un Zénith de Rouen bondé ! "C’était l’un de mes tout premiers concerts solo. Jamais je n’ai eu une telle montée d’adrénaline. Mais en sortant de là, je me suis dit que j’étais prêt pour ce métier."

Filiation québécoise

 

Son premier album, paru en 2008 sur le label québécois Audiogram, n’a pas le succès espéré. Mais il révèle un style inventif et décontracté, entre mélodies pop et rap low-tempo, avec cette pointe de mélancolie dans l’écriture que ne renierait pas Dominique A. Une signature que l’on retrouve intacte dans le nouvel Ep, produit par la fidèle Bénédicte Schmitt et visité par la Québécoise Ariane Moffatt, sa "sœur jumelle".
 

C’est d’ailleurs au Québec que Ludo Pin s’est trouvé une nouvelle terre d’adoption. "Je me suis totalement retrouvé lors de mes concerts là-bas. Personne dans le public ne m’a demandé quel était mon style ! Je pouvais lancer des instrus, faire danser le public. J’ai pris conscience que je pouvais être autre chose que ce chanteur français intimiste." Pour son second album prévu pour 2011, le Sarcellois funambule gardera, c’est sûr, un pied des deux côtés de l’Atlantique.

 

Ludo Pin Le temps nous dira (Arrêtez Ecoutez) 2010
En concert en France jusqu’en décembre, en tournée au Québec en septembre…