Clarisse Lavanant dans les pas de Glenmor

En concert à l'Interceltique de Lorient

Des années après avoir été révélée dans la comédie musicale Les Dix commandements, la chanteuse bretonne Clarisse Lavanant explore à la fois tradition et rébellion celtiques en reprenant les textes de son aîné disparu, le poète et chanteur Glenmor, et en chantant avec Dan Ar Braz pour les enfants. En concert à l'Interceltique de Lorient.

"Et voici bien ma terre/La vallée de mes amours/Quand bien même se lève/En fleur de bruyère/La graine d'insoumission". On connaît ces mots dans la voix de granit et d’embruns d’un chanteur tout en barbe, en vent, en terre, en légendes. Retour est une des plus belles chansons de Glenmor, un des artisans les plus valeureux du réveil culturel de la Bretagne dans les années 60-70.

Et Clarisse Lavanant, la frêle petite brune qui fut Séphora, la femme de Moïse dans la comédie musicale Les Dix Commandements, porte maintenant cette chanson, en même temps qu’une douzaine d’autres, dans Glenmor mémoire vivante, son quatrième album.

Coup de cœur de la prestigieuse Académie Charles-Cros, cet album marque une étape nouvelle dans son exploration de ses racines celtiques. Car, après l’univers de la comédie musicale, la chanteuse native de Morlaix s’est beaucoup consacrée à des aventures liées à sa terre natale, notamment avec Dan Ar Braz, guitariste et chanteur qui conquit une renommée internationale dans les années 90 avec son collectif L’Héritage des Celtes.

Ils ont pris l’habitude d’écrire à quatre mains, pour ses albums à lui comme pour ses disques à elle, Dan réalisant même en 2005 son deuxième album personnel, Vers l’imaginaire. Voix claire et lumineuse, Clarisse Lavanant a bien sûr la puissance vocale qui sied aux comédies musicales, mais aussi une fragilité rêveuse, une sorte de tremblement mélancolique qui dit autant la lande bretonne que les questions d’une jeune femme d’aujourd’hui, étourdie par le fracas mondialisé et les creuses urgences imposées par l’air du temps.

Rien d’étonnant, alors, à ce qu’elle explore le bréviaire de Glenmor, cette manière si singulière de conjuguer l’enracinement et la révolte, la tradition et la rébellion, le respect des choses vénérables et une furieuse ivresse d’audaces. En reprenant Apocalypse, Cet amour-là, La main qui se tend, elle fait d’une certaine manière la revue de paquetage d’une artiste bretonne de trente et un ans : de sensuelles séductions douces aux écouteurs de lecteurs MP3 et la rugosité minérale d’une langue installée dans la ferveur d’une poésie à la fois contemplative et révolutionnaire.

Comme pour mieux signifier que Glenmor mémoire vivante est à la fois un pèlerinage et un hommage, elle a demandé le dessin de la couverture de son album à Fanch Bernard, qui l’a aussi accompagnée à la contrebasse après avoir été jadis compagnon de route du barde disparu en 1996. Mais, à la scène, elle a aussi choisi de chanter parfois Glenmor de la manière la plus radicale qui soit, seule et a cappella.

Et cette Clarisse Lavanant "enfant" de Glenmor (et qui travaille déjà à un second volume) est aussi une artiste qui se penche vers la génération qui la suit et qui se fait passeur à son tour, en participant au nouvel album de Dan Ar Braz destiné au jeune public, Comptines celtiques et d’ailleurs.

Elle y chante onze titres, dont cinq de ses propres textes. Dan et Clarisse se retrouveront le 10 août au festival Interceltique de Lorient pour créer Concert pour Celtes en devenir, spectacle prolongeant le disque et racontant toute cette aventure de culture bretonne contemporaine, entre héritage et transmission.

Clarisse Lavanant Glenmor mémoire vivante (Musiris Production)
Dan Ar Braz Comptines celtiques et d’ailleurs (Eveil  et Découverte)

Tournée des chapelles : le 12 à Châteauneuf du Faou, le 13 à Cleden-Cap Sizun, le 15 à Plourivo, le 18 à Saint Jean Trolimon, le 20 à Plouezoch, le 22 à Saint-Aignan…

Au festival Interceltique de Lorient : le 10 août avec Dan Ar Braz, le 15 avec Soldat Louis.