Karimouche, diva du ghetto
Avec ses courts-métrages chantés, Karimouche rappe avec gouaille la vie comme elle va. Emballage d’origine, son premier album, n’en finit plus de séduire le public, sur scène et sur disque. Retour sur un joli succès.
En tournée ininterrompue
Avec ses courts-métrages chantés, Karimouche rappe avec gouaille la vie comme elle va. Emballage d’origine, son premier album, n’en finit plus de séduire le public, sur scène et sur disque. Retour sur un joli succès.
Petits bleds, festivals, grosses scènes, tremplins de chanson… Depuis deux ans, Karimouche enchaîne les dates dans toute la France. Sur scène : Kosh, au beat-box, et Jean Pierre Caporossi, au clavier. Et puis elle : Karimouche, la trentaine énergique, comédienne, costumière, diva au flow gouailleur, qui chante des histoires à la première personne, sur un mélange réussi de reggae, de chanson, de hip-hop et de tout ce qui lui passe par la tête.
Son premier album, Emballage d’origine, est sorti en février dernier et n’en finit plus de séduire le public, avec ses courts-métrages chantés, rappés ou toastés. Karimouche a grandi dans un HLM de Lyon, traîné sur les scènes de théâtre et les ateliers pendant plus de dix ans, puis migré à Paris. Elle revendique des influences tous azimuts : Léo Ferré, Edith Piaf, Björk, Herbie Hancock, Oxmo Puccino… Au loin, on les entend. Et pourtant, Karimouche a une manière bien à elle d’incarner avec légèreté des réalités qui le sont moins : le quotidien incertain d’une génération sur fond de crise financière, d’Assedic, d’envie de reconnaissance facile et d’une galère tellement banale.
Double culture
"Atmosphère, atmosphère, tu la sens l’atmosphère ! Y’a plus rien dans l’frigidaire !", beugle-t-elle dans l’avant dernier titre de l’album, l’un des plus pertinents, écrit avec Saïd Zouggagh, du Ministère des Affaires Populaires, un groupe de rap musette lillois. Là, on pense bien sûr à la fameuse réplique de la comédienne Arletty dans le film Hôtel du Nord, de Marcel Carné :"Est-ce que j’ai une gueule d’atmosphère ? ". Mais aussi au Renaud de Laisse béton, son deuxième album paru en 1977, qui chroniquait avec humour et brio le quotidien poisseux de la jeunesse prolétaire et de la France des villes moyennes.
L’époque a évolué, la musique aussi. D’ailleurs, Karimouche s’est bien entourée. Le collectif toulousain Origines Contrôlées, Mouss et Hakim, ainsi que Julien Costa ont travaillé à la réalisation de ce premier disque, tout en ambiances sonores, riddims entêtants et breaks bien sentis. Dans le dernier titre Tizen, Karimouche chante sa double culture, française et marocaine, sur une électro sensuelle et minimaliste. Un peu de berbère mais pas trop, histoire de rappeler qu’une gosse de banlieue, n’est pas circonscrite au hip-hop de rue ou au r’n’b guimauve.
Karimouche Emballage d’Origine (Atmosphériques) 2010
Actuellement en tournée dans toute la France. En concert au Réservoir, à Paris, le 20 septembre 2010.