Bernard Lavilliers
Entre désillusions, coup de gueule et métissages musicaux, Bernard Lavilliers montre l’étendue de son répertoire sur ce dix-huitième album, Causes Perdues et Musiques Tropicales.
Causes perdues et musiques tropicales
Entre désillusions, coup de gueule et métissages musicaux, Bernard Lavilliers montre l’étendue de son répertoire sur ce dix-huitième album, Causes Perdues et Musiques Tropicales.
Invité un jour par le président François Mitterrand à l’Élysée, Bernard Lavilliers s’était présenté ainsi : "Je chante les causes perdues sur des musiques tropicales". Une définition assez juste pour ce nouvel album, qui oscille entre propos sombres et musiques ensoleillées.
La voix éraillée de Bonga ouvre cet album (Angola), le chanteur angolais mêle ses complaintes au récit de Bernard Lavilliers, qui décrit "le blues d’Angola mineur et solitaire", puis adopte l’accordéon du même Bonga pour un titre musicalement plus enlevé (L’Exilé), mais au récit aussi désenchanté, celui d’un immigré qui ne peut plus rester en France ni en partir.
Lavilliers voyage d’Afrique en Amérique, et convoque le Spanish Harlem Orchestra pour donner des couleurs salsa à ses Causes perdues et à son Cafard. Dans cette dernière chanson, des musiciens s’apprêtent à jouer un air de bossa dans un bar, "dans ce Panama stérilisé — ringard. Plein de bourgeois traumatisés — hagards." Avec Je cours, le chanteur nous emmène dans un univers de film d’espionnage, avec les envolées de cordes d’un orchestre symphonique.
À la désillusion des paroles répond souvent l’énergie des musiques du monde, celles que l’on appelait "tropicales" ou "sono mondiale", il y a 30 ans, lorsque notre baroudeur entamait ses premiers métissages.
La charge est pamphlétaire sur Identité nationale, Bernard Lavilliers lâche : "Y’a les petits marquis/ Qui te prennent pour un con/ Avec une arrogance/ Du temps de Napoléon", tandis que les chœurs psalmodient "Y’en a marre..". Heureusement, l’amour est là, qui nous sauvera de ce monde fou (La Côte des squelettes) ou qui fera espérer l’enchaîné (Possession). Bernard Lavilliers désenchanté, mais pas désespéré, nous fait toujours rêver.
Bernard Lavilliers Causes Perdues et Musiques Tropicales (Barclay/Universal) 2010.
En concert à partir de février 2011.