Découvertes aux Transmusicales 2010

Dans la froideur des nuits rennaises, les artistes de la cuvée 2010 des Transmusicales ont fait chauffer les écrans d’ordinateurs et autres rétroprojecteurs pour répondre à une tendance très actuelle : la production visuelle comme partie prenante du show musical. Tout en ne négligeant pas les formules orchestrales traditionnelles, la programmation musicale des Trans a fait plus de place aux sonorités créées avec l’aide des machines. Les "32èmes" avaient vraiment l’odeur du 3.0.

Des artistes francophones prometteurs

Dans la froideur des nuits rennaises, les artistes de la cuvée 2010 des Transmusicales ont fait chauffer les écrans d’ordinateurs et autres rétroprojecteurs pour répondre à une tendance très actuelle : la production visuelle comme partie prenante du show musical. Tout en ne négligeant pas les formules orchestrales traditionnelles, la programmation musicale des Trans a fait plus de place aux sonorités créées avec l’aide des machines. Les "32èmes" avaient vraiment l’odeur du 3.0.

Les Trans 2010 pour le Belge Stromae ont été un succès. Il a littéralement secoué la salle de l’Aire libre avec sa résidence multimédia. L’auteur d’Alors on danse a invité son compatriote historique des Transmusicales, Arno, à l’aider à reprendre Putain putain, premier événement dès l’ouverture du festival. Mais c’est surtout sur l’aspect visuel que le rappeur-électronicien s’est distingué. Il a enchaîné une série de shows complets où le décor sert de réceptacle à la magie d’artistes graphiques et vidéastes dans une ambiance de dancefloor et de communion.

Les Trans aiment l’amalgame multimédia et ont vraiment musclé les "light-shows" pour répondre aux désirs des invités. Le DJ français Théo Gravil a fait monter l’adrénaline de son public de danseurs passant d’un son climatique minimaliste à une fusion électro hardcore  dans un déluge de lumières bleutées. Le groupe suisse Filewile accompagné de l’excellente Oy (une chanteuse electro zurichoise originaire du Ghana) l’ont aussi bien compris en utilisant la lumière et les incrustations de leur nom sur la toile de fond de la scène, et ce pour apporter encore plus de féérie à leur prestation.

A quelques jours de Noël, notons aussi la réussite à la salle de l’Antipode de la performance musique et vidéo au service des enfants avec la compagnie Carton Park. Leur nouveau spectacle est une fresque de science-fiction où les humains ont disparu et où le chant et la musiques électro et rock peuvent apparaître tantôt ludiques et fantasmagoriques, tantôt tendues et dramatiques.

De très bonnes surprises ont rempli cette 32e édition des Trans avec la révélation Mama Rosin, des Genevois venus du rock et tombés dans la marmite cajun-punk. L’alliage accordéon-banjo sur tempo effréné a dynamité le hall 3 samedi 11 décembre. Autre belle énergie, le DJ québécois (et copain de Kanye West) A-Trak et sa célébration du grand mix de sons synthétiques et pop : les Rennais ne s’y sont pas trompés, ils ont dansé sans discontinuer. Dans un registre beaucoup plus animal, The Inspector Cluzo est un duo français, qui fut un temps expatrié en Australie pour prêcher la bonne parole irrévérencieuse franglish sur fond d’explosion rock-funk-soul stridente, dans la plus pure tradition de John Spencer et de Jack White.

La pop de Manceau

La scène rock de l’ouest a eu largement voix au chapitre à l’image du très enthousiasmant groupe pop Manceau. Julien le chanteur et François le batteur cachent en dessous de leur chevelure bouclée de bonnes idées en pagaille et une fraîcheur stylistique qui fait briller la scène pop rennaise (Daho, Marquis de Sade et les groupes du label Rosebud avaient été les pionniers, ils en sont les héritiers). "On est aujourd’hui quelques groupes d’ici comme Popopopops à aborder la pop avec envie… " dit Julien.

Manceau est encore à la recherche du son idoine, "on a travaille seuls ainsi qu’avec l’aide de personnes comme Benoît Rault de Ben’s symphonic orchestra pour avancer vers une formule qui nous va. On est encore à la recherche d’un son bien à nous." Le groupe n’a qu’un EP à son actif mais souhaite surtout acquérir de l’expérience sur la route avant de viser l’écriture et l’enregistrement d’un premier album.

Manceau pour la première sortie aux Trans a beaucoup plu, la joie de mélanger dans un shaker des harmonies pop à la Fleet Foxes ou Mercury Rev et de beaux espaces de mélodie psyché comme leurs cousins éloignés MGMT et Beach House y est certainement pour quelque chose.

Les Trans ont su confirmer leur ouverture sur les musiques du monde avec l’excellent amalgame électro franco-malien de Donso (quand le djele n’goni et la kora se marient avec des boucles de sample et des claviers, le tout chanté en bambara). A suivre, les normands de Concrete Knives, électrifiant mélange vocal homme-femme power pop aux accents de B 52’s.

Les Bars en Trans, manifestation parallèle non programmée par l’association des Transmusicales, avaient quant à eux une perle rare en la personne de la jeune française Milkymee : une chanteuse de folk expatriée en Suède puis au Japon, dont la fragilité est aussi marquée que sa voix est forte et juste. Rennes a encore rappelé qu’elle devenait en ce deuxième weekend de décembre la capitale des musiques et arts numériques alternatifs, dans ses bars et ses salles.