Francofolies de Montréal : vendredi 9 juin 2006
Entre Isabelle Boulay et Camille
14/02/2011 - Montréal -
Ca commence bien ... Isabelle Boulay répète son show de lundi dans un petit studio caché dans le sous-sol de l’imposante Place des Arts. Elle a convié la presse… en l’occurrence quelques photographes et cameramen qui ne perdent pas une miette de ce spectacle en construction. Il faut dire que si en France, Isabelle Boulay est une vedette, au Québec, c’est une véritable star, petit bout de femme considérée comme LA grande voix du moment – aux côtés, bien sûr, de l’inévitable Céline Dion. Ce vendredi, la star répète donc sans rien cacher de ses hésitations ("on peut refaire le refrain ? Je voudrais changer la fin") ni de ses doutes ("j’ai du mal à chanter ce matin… J’aimerais qu’on baisse d’un demi ton"…). Artiste sans chichi.
Pour Camille, autre ambiance. La nouvelle étoile de la chanson française est programmée ce vendredi, dans la grande salle du Métropolis – en première partie du Québécois Yann Perreau. Pour elle, cela a tout l’air d’une consécration : l’an passé, sans la moindre notoriété, elle était déjà venue aux Francos y présenter Le Fil; avec son inventivité débridée et sa folie douce ou furieuse, Camille avait bousculé et séduit le festival. Révélation au Québec, après l’avoir été quelques mois plus tôt en France ! Cette année, elle revient donc à Montréal auréolée de ses nouveaux galons de vedette. D’ailleurs toute la presse l’attendait de pied ferme, dès la mi journée, pour le rendez-vous qu’elle avait fixé aux journalistes… Mais grosse déception : devant la salle de conférence, les journalistes n’ont pas vu la moindre chanteuse, juste un petit panneau : "point de presse de Camille : ANNULE".
Est-ce à cause du raté de la mi-journée - sa conférence annulée pour cause de gros caprice ? Toujours est-il que dans la soirée, Camille a reconquis son monde en donnant un formidable spectacle, ponctué de folie, de surprises, de drôlerie et d’émotion. Faut-il le dire : voilà des mois qu’on ne l’avait plus vue si convaincante sur scène ! En France, ces derniers temps, la demoiselle cède souvent à « l’auto caricature » : son originalité débridée vire de plus en plus au n’importe quoi visuel et vocal. A Montréal, Camille a fait l’inverse : elle a mis sa créativité et sa voix magnifique au service non pas de son ego mais de son public. Sans en faire trop. Chapeau.
En seconde partie de soirée, Yann Perreau a donc pris le relais, faisant encore monter la fièvre d’un cran. Depuis trois ou quatre ans, Perreau est l’un des artistes les plus en vue de la jeune scène québécoise. Impossible de rester de glace devant son énergie débordante et surtout sa façon très personnelle et très physique d’aborder la scène. Pas de doute, les Francofolies sont entrées dans le vif du sujet et de la musique.
D’autant qu’au même moment, sur une scène en plein air, le Bissau-Guinéen Lilison di Kanara livrait une autre couleur musicale, beaucoup plus calme, pleine de mélancolie et de douceur. Et même si ses mots en créole portugais restent étrangers à l’immense majorité des Montréalais, Lilison a touché le cœur des gens venus l’écouter. Ils sont venus nombreux, le féliciter à la fin du concert.
Valérie Lehoux
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