Art Melody, nouvelle sensation du rap africain

Le nouvel album d'Art Melody s'intitule "Zound Zandé".

Originaire du Burkina Faso, Art Melody fait figure d’OVNI musical avec son hip-hop tout terrain. Il vient de signer Zound Zandé, un second album (soutenu par les éditions RFI), dont le propos s’inspire du révolutionnaire Sankara. Après un parcours chaotique, le MC a semble-t-il trouvé sa voie.

Vous connaissiez Faso Kombat, les Negramers, Sofaa. Il faut désormais compter sur Art Melody. Même si ce nom ne sonne pas africain, il risque d’introduire un nouveau son sur la scène hip-hop du continent. Après un premier album téléchargé plus de 3 000 fois sur son site Myspace et un titre "To Biiga", intégré à la playlist du Grand Mix de Radio Nova (station française pionnière de la sono mondiale) en 2010, Art Melody dévoile aujourd’hui son second album, Zound Zandé, ce qui signifie « la déglingue ». Mélangeant les rythmes rap, soul, funk, africains mais aussi du trip-hop, sur lesquels il pose une voix unique et puissante, qui allie le phrasé technique et le chant mélodique, Art Melody impose incontestablement une facture différente.
Engagés, ses textes abordent, sans concession, des thèmes tels que les relations Nord-Sud, la corruption ou les injustices dont il est le témoin au quotidien. Le «tchatcheur» revendique ainsi l’héritage du révolutionnaire Sankara, l’homme ayant donné à la Haute-Volta le nom de Burkina Faso, littéralement «La Terre des Hommes intègres». C’est pour cela qu’il a choisi de s’exprimer majoritairement en moorè et en dioula, langues aux sonorités uniques parlées ou comprises par plus de vingt millions de personnes (Burkina Faso, Mali, Côte d’Ivoire, Guinée, Ghana). Mais le MC (maître de cérémonies) est tout aussi à l’aise lorsqu’il rappe en français.

Pour étoffer son propos, le Burkinabè a invité, sur son disque, Yao Bobby, le rappeur du groupe togolais réputé Djanta Kan, et Lyadede, chanteuse new-yorkaise d'origine rwandaise qui a notamment collaboré avec The Roots. Ce nouvel album a été produit et arrangé par Redrum, beatmaker talentueux, originaire de Bordeaux, au sud-ouest de la France. Sans oublier la collaboration en matière de mastering de Dave Cooley, de la célèbre maison de disques Stones Throw (Aloe Blacc, J Dilla, Mf Doom…), qui avoue avoir eu un vrai coup de cœur pour cet artiste burkinabè.

2000, année d’exil

Né sous le patronyme de Mamadou Konkobo le 1er janvier 1978 à Bobo-Dioulasso au Burkina Faso, Art Melody se passionne très tôt pour la musique et notamment le hip-hop qui, au début des années 1990, explose en Afrique. En 1998, il écrit ses premiers textes et il participe à des « battles » en Côte d’Ivoire. En 2000, des conditions de vie difficiles l’incitent à quitter Ouagadougou, la capitale, pour essayer de rejoindre l’Europe, en passant par l’Espagne.

Il tente ainsi de subvenir aux besoins de sa famille. L’aventurier passe par le Mali, traverse le Sénégal, la Mauritanie et le Sahel, pour arriver finalement en Algérie où il est emprisonné, avant d’être rapatrié vers le Burkina Faso. Dans tous les pays traversés, Art Melody rencontre d’autres musiciens. Le rappeur apprend beaucoup à leur contact, ceci lui permettant de peaufiner son art. Il chante notamment avec les Maliens de Fangafing ou avec le groupe de rap sénégalais, Pacotille. De retour au Burkina Faso en 2003, l’artiste forme le collectif IBM (Ideal Black Mouvement) qui deviendra Barka Buudu (Génération bénie). Objectif : mélanger le style rap et le musique traditionnelle. La base de son inspiration est d'abord « intérieure, à savoir tout ce que j’ai vécu et enfoui au plus profond de moi ». Il revendique aussi son attachement à des artistes tels que Tiken Jah Fakoly, Lam ou Awadi (ex-Positive Black Soul).

2009, première scène au festival Waga Hip-Hop

En février 2007, le jeune homme, originaire de Bobo Dioulasso, rencontre, dans les rues de Ouagadougou, deux réalisateurs français qui lui consacrent un portrait en 2008 dans le documentaire Tamani sur le quotidien des hommes et des femmes au Burkina Faso. L'année d’après, le film est sélectionné au Fespaco. Depuis, Art Melody a participé au festival Waga Hip-Hop en 2009, et il a aussi joué au Centre culturel français de Bobo-Dioulasso et de Ouagadougou en janvier 2010. Six mois plus tard, il est invité en France pour une série de rencontres et de concerts. Accompagné par une solide formation l’artiste se produit en première partie de La Rumeur, Watcha Clan, Ben Sharpa, Quantic & his combo barbaro. Il apparaîtra aussi sur la compilation consacrée au hip-hop africain, baptisée Fangafrika vol 2.
En cette nouvelle décennie du XXIè siècle, le changement est en marche avec Art Melody qui ouvre la voie à un rap africain « tout terrain ». Avec Zound Zandé, cette production franco-burkinabè, le rappeur va, sans nul doute, créer le « buzz » au-delà de Ouagadougou puisqu’en mai et juin prochain, il sera en tournée à travers la France. Comme quoi la musique a des vertus, puisque c’est finalement cette matière artistique qui lui a donné l’opportunité de “sortir du gouffre“, comme il l’affirme dans l’un de ses textes.

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