Negrissim', le retour
Après trois ans d'absence, les pionniers du hip hop camerounais sont de nouveau dans la place avec Bantoo Plan Vol.1. Un disque dans lequel, le collectif revendique dans la langue de Molière le quotidien « kamer ». Pour l’occasion, les Négrissim' sont en concert unique en France le lundi 10/12/12 à la Bellevilloise à Paris à partir de 20h30.
Les Négrissim’ sont de retour aujourd’hui avec Bantoo Plan vol. 1, un nouvel album qui tourne une nouvelle page de l’histoire d’un groupe majeur de la scène rap africaine.
Fondateurs d’un concept : le « hip hop de la brousse » (fusion de sons urbains et traditionnels de l'Afrique centrale), les pionniers du rap camerounais revendiquent une tchatche positive, mystique et pleine d’humour. Leurs textes font un état des lieux de la jeunesse africaine, célèbrent la vie, la spiritualité, le voyage, les rencontres… Côté sons, les Négrissim’ sont des dénicheurs de sonorités avec des samples rares.
Crée en 1995 dans la cité Verte, un quartier de populaire de Yaoundé, ce collectif composé de Sadrake, Sundjah, Evindi et Boudor, se fait très vite remarquer. A l'époque les deux frères Sundjah et Evindi (Beti d’origine) se produisent dans le groupe de hip-hop nommé La Source. Sadrake (de culture Bassa) commence le hip hop à l'âge de 13 ans et fait partie du Cercle des Poètes du Cameroun.
En 2000, le groupe « cartonne » au pays avec Appelle ta grand-mère ! Un disque qui reflète l’agitation de la rue, le quotidien « kamer », l’appétit des «politichiens» des policiers et de la suprématie du président Paul Biya… Mais l’envie de découvrir un horizon plus large se fait vite sentir pour ces rappeurs prolixes.
Negrissim’ prend alors la route, en bus, en taxi-brousse… en catimini afin de rejoindre Dakar, la plaque tournante du hip-hop à l’époque. Ce « trip » mène le trio camerounais au Nigeria, au Niger, au Burkina-Faso et au Mali. Un exil qui crée des angoisses, de pâles matins d’insomnie, des nuits sans lune, mais, aussi des rencontres fortes qui développent des consciences de plus en plus affûtées. Le collectif s’offre des haltes à Ouagadougou et à Bamako, monte sur scène avec d’autres rappeurs et il participe à des festivals.
Fin 2002, les membres du groupe arrivent enfin à Dakar ; c’est le terminus des illusions avec la non-parution d’un album suite à une production véreuse… Mais la cité dakaroise apporte aussi une rencontre décisive : DJ Max, dit Nomad Wizard. Ce nouveau compagnon offre de nouvelles pistes, le groupe s’internationalise et débarque en France.
De résidences d’artistes en concerts, de radios en studios, les quatre « nomades » du rap enregistrent, en 2009, La vallée des rois. Un « galette » qui se vendra dans les rues de Paname à plus de 3000 exemplaires !!! Une performance dans un marché du disque physique sinistré. Grâce à un clip luxuriant réalisé pour le titre My People, le buzz s’intensifie et lui permet de tourner en boucle sur le net et sur diverses chaînes de télévision.
Avec Bantoo Plan vol. 1 c’est toute la joie, le talent d’écriture, la science du beat et une belle dose de vitalité que l’on retrouve de nouveau, un vrai bonheur qui n’est pas uniquement réservé au fans de rap. Un pur disque international, conçu entre la Suède, le Cameroun, l’Italie et Paris, lieux respectifs de résidence de chacun des membres du quatuor, une réunion au sommet entre Europe et Afrique ! Avec la parution du Bantoo Plan vol. 1 en décembre 2012, édité et soutenu par RFI, Negrissim’ reprend toute sa place dans le monde du hip-hop africain et mondial…
(avec Eglantine Chabasseur)