Birdy Nam Nam et Dj Pone, platines et conséquences

Birdy Nam Nam. © Marco Dos Santos

Ils ont changé en profondeur le regard qu'on porte sur les platines en France. Birdy Nam Nam vient de publier Dance or Die, et continue son aventure en trio depuis le départ de DJ Pone. Lancé dans une carrière solo, ce dernier fait paraître un premier album solo, Radiant, où il livre une lecture diamétralement opposée de la fusion entre la musique électro et la culture hip hop. RFI Musique croise – à nouveau- les regards des quatre DJs.

La pochette de leur nouveau disque est un collage où les photos se télescopent sur un fond rose. À côté d'un cliché de la place de la République à Paris, les Birdy Nam Nam parodient une bande de gangsters et comme dans une vidéo pêchée sur Internet, les voitures se démultiplient. "Même les méchants rêvent d'amour", peut-on lire dans un recoin. En crypté, les trois DJs racontent la trajectoire pleine d'accidents d'un quatrième épisode essentiellement tourné vers le "gros son".

"Dance or die, c'est un peu notre 'marche ou crève', explique Little Mike, qui a autoproduit le disque. Ce qui nous a importé, c'est que la musique soit destinée à faire bouger les gens, pas à faire réfléchir. Il y a un truc très électronique, binaire, mais il y a aussi quelque chose de hip hop et moderne. C'est comme du Beyoncé, mais sans Beyoncé." La grande nouveauté pleine de basses s'appelle ici la trap car ce style d'électro survolté infuse une bonne partie de leur nouvelle production.

Ils "fracassent" la scène

Véritable tube chanté par Mai Lan, Hammer Head rappelle aux oreilles averties la star britannique d'origine sri-lankaise M.I.A. Dans sa globalité, Dance or Die fait aussi largement écho au r'n'b, en s'éloignant quelque peu du côté sombre des drôles d'oiseaux. S'il capte bien l'esprit de l'électro aujourd'hui, son éclatement, on a en revanche du mal à retrouver l'énergie à tout casser des concerts de Birdy Nam Nam. C'est pourtant cette énergie qui met les foules sens dessus dessous et qui leur a permis de populariser en France l'idée d'un groupe de platines.

Même rendus à trois, Little Mike, Crazy B et DJ Need, ne se contentent pas en effet de chauffer les foules. Leur secret de fabrication ? "Le scratch, c'est notre groove. Les platines, c'est notre lien à la musique, mais si on faisait de la scratch music comme il y a 20 ans, on trouverait ça embarrassant. L'ordinateur est central aujourd'hui, mais ça n'a été qu'un plus, ça nous a permis d'avoir un champ d'action plus grand. En fait, ça ne nous intéresse pas de penser que les gens écoutent notre musique simplement parce qu'ils veulent savoir comment elle est faite", dit Little Mike.

DJ Pone part en solo

© DR
"Radiant" de DJ Pone.

D'un côté comme de l'autre, les mots restent mesurés, mais voici deux ans, le départ de DJ Pone "pour des raisons personnelles" s'est fait dans la douleur. "En parallèle du départ de Pone, il y a eu d'autres ruptures : on s'est séparé de notre label, de nos proches collaborateurs. Tout ça nous a donné la force de croire en nous", raconte Little Mike. Passé à autre chose, Pone "parle très peu" de Birdy Nam Nam et préfère s'attacher à la suite. 

L'ancien DJ de Svinkels, la Scred Connexion et Triptik, est revenu un temps au hip hop en assurant la tournée des Casseurs Flowters au côté d'Orelsan et Gringe, et il s'est lancé dans une carrière solo. Hasard des calendriers - ou coïncidence des cycles créatifs-, il sort un mois à peine après ses anciens camarades de jeu son premier album solo en 20 ans de carrière, Radiant, dans lequel il donne une tout autre vision du lien entre la musique électronique et le hip hop.

Imaginé avec Superpoze, l'un des jeunes musiciens les plus doués de l'électro française, c'est un disque où les rythmiques lourdes sont contrebalancées par des sons quasi aquatiques. Ceux qui connaissent le travail de Pone côté rap seront surpris de l'alternance de chansons pop planantes (Ingenue, Take 2, Slow Motion…), avec des instrumentaux plus directement inspirés de DJ Shadow.

"Je suis un vieux qui aime travailler avec de jeunes musiciens, plaisante le DJ presque quadragénaire. Avec Superpoze, Boogie Vice, qui a fait les arrangements et le mixage, on n'est pas de la même génération, on n'écoute pas la même musique, mais tout a été super fluide. Quoi qu'il arrive maintenant, je me souviendrai toujours de cette réalisation comme d'un moment heureux."

Déjà reparti sur les routes avec un groupe, parce qu'il veut "des câbles et des zicos", DJ Pone devrait prolonger pour quelques mois encore notre été avec ce Radiant solaire. Si les oiseaux ont des ailes, elles leur servent avant tout à prendre leur envol, non ?

Birdy Nam Nam Dance or Die (Autoprodution/Musicast) 2016
DJ Pone Radiant (PONAR) 2016

Tournée en Chine jusqu'au 27 novembre

Site officiel de Birdy Nam Nam
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