Les chansons tendres et philosophes de Volo

Le duo Volo. © Fifou

Quatre ans après Sans rire, Volo signe son cinquième album à quatre mains. Avec Chanson française, les deux frères creusent le sillon d’un répertoire qui, en marge des autoroutes médiatiques, suit son bonhomme de chemin en se faisant la voix de la société actuelle et des étapes de vie de tout un chacun. Avec, dans leur besace, beaucoup d’autodérision, et une tendresse qui, sur scène, enchante dans la formule guitares-voix qu’ils ont choisie pour célébrer leurs dix ans de carrière.

On a pris l’habitude de présenter les frères Volovitch en tant qu’ex-Wriggles. À l’époque, tandis que Frédéric, l’aîné, roule sa bosse de comédien-chanteur depuis six ans sur scène entouré de ses quatre camarades*, leur carrière bénéficie d’un bouche-à-oreille qui la voit décoller. En 2001, son frangin Olivier abandonne ses études de philo pour les rejoindre afin d’officier en coulisses à leur régie générale. La balade lui donne un avant-goût d’une vie de saltimbanque qui, à sa façon, finira par le convaincre : lui aussi, depuis longtemps, compose et écrit dans son coin.

Enfants de profs, grandis à Tours au sein d’un environnement où la culture se transmet au quotidien et où chanter ensemble relève du rituel - leurs parents avaient eux-mêmes à leurs actifs quelques compos -, Frédéric et Olivier décident en 2005 de monter leur duo. En marge des Wriggles – qui, après le départ de deux de ses cinq fondateurs, poursuivront leur activité jusqu’en 2009 – ils fondent ainsi Volo. Et se baptisent au passage d’un clin d’œil familial : c’est le diminutif sous lequel leur père avait choisi de rassembler ses propres chansons. Eux y mettront en commun, pour la première fois, leurs créations respectives.

Premier album, Bien Zarbos 

Volo a à peine ses un an que sort l'album Bien Zarbos : "Au début, on se demandait si nos deux univers allaient bien se marier." S’ils n’ont ni la même façon de jouer de la guitare ni des styles d’écriture semblables, leurs voix s'harmonisent parfaitement, ainsi que leurs thématiques de prédilection : outre l’amour, ils ont en commun un vif intérêt pour la chanson concernée. "On a la chance d’avoir en France cette tradition-là, et d’avoir été élevés dans un bain culturel où l’on avait compris, de Chaplin aux protest songs, en passant par Renaud ou Brassens, qu’un artiste avait le droit de donner son avis. On a, nous-mêmes, rencontré des émotions quand il y avait des propos politiques dans les chansons qu’on entendait, et toujours écrit dans cette idée qu’on le pouvait."

Depuis leurs débuts, l’on voit ainsi se côtoyer dans leur répertoire, des textes relatant les aventures d’un livreur de pizza amoureux ou d'autres évoquant le Medef ou la violence fasciste. En quatre albums, Volo a esquissé son style : des ballades guitares-voix, ici aux élans funk, là aux couleurs plus world, qui séduisent à la fois par leur douceur et par tout ce qu’elles véhiculent de familier et de familial.

Ils se sont ainsi faits porte-paroles d’une critique politico-sociale qui interroge l’état du monde, à travers des axes qui ouvrent à la discussion ou revêtent parfois des discours plus frontaux (par exemple Jours heureux, sur l’album du même nom), et en chantant d’autre part des moments de vie qui sont à même de toucher le plus grand nombre.

Forts d’une écriture poétique et sensible, ils n’ont pas leur pareil pour décrire les dimanches les pieds dans l’eau, le temps qui passe, ou déclarer leur flamme, en suivant les étapes de la vie de couple. "On a été quittés par des femmes qu’on aimait. On a écrit sur la tristesse amoureuse de la séparation. On a eu des enfants, on a écrit sur nos enfants. On a bien compris qu’on avait des chansons générationnelles."

À l’heure de leur cinquième disque, ils ont choisi de l’appeler tout simplement Chanson française : "Depuis le début, on ne s’embête pas trop. On donne à tous nos disques le titre de l’une des chansons qui le composent, explique Frédéric. Depuis dix ans qu’on fait de la chanson ensemble, on s’est dit qu’on pourrait assumer le fait de faire de la chanson française et de l’appeler par ce même nom. Le titre qui lui correspond résonne comme une blague, une chanson rigolote portée par un personnage qui dit : 'Attention les grosses stars, j’arrive avec ma guitare sèche, ça va tout changer !' Notre carrière ne fait pas de bruit. On la poursuit dans notre coin. Ça nous va de ne pas remplir des stades. On est très content de la faire comme ça ! Mon grand fils de quatorze ans m’a dit récemment : 'Ouais mais papa, il faudrait que tu fasses des choses qui bougent un peu plus quand même.' J’ai réfléchi et je me suis dit non, je ne ferai pas ça, bien sûr ! Un jour je lui rappellerai que quand il avait 14 ans et que j’étais sûrement le début d’un ringard pour lui, j’écrivais ça (rire)."

Des chansons qu’ils ont choisi de défendre sur scène de façon particulièrement mélodique, sobrement accompagnée d’un troisième guitariste, pour célébrer leurs dix ans d’existence : "On est très à l’aise dans cette formule artistique. Il y a un côté qui rend les choses plus intimistes, un truc qui nous plaît, qu’on n’avait jamais défendu en l’état." Voilà qui est chose faite et avec elle, l’occasion idéale de redécouvrir leur répertoire.

Volo Chanson française (Play On) 2017

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En concert à La Maroquinerie à Paris les 2 et 3 février

*Christophe GendreauStéphane Gourdon, Antoine Réjasse et Franck Zerbib.