I Muvrini, vers l’inaccessible étoile

Le groupe I Muvrini. © Philippe Dutoit

C’est en 1979 qu’I Muvrini publiait son premier album, Ti ringrazianu, hommage à Ghjuliu Bernardini, père des deux leaders du groupe et porteur de la renaissance musicale corse. Dix-neuf albums et huit Disques d’or plus tard, ils offrent Luciole, à la fois traditionnel (superbe O bella nice) et universel (Ma sœur musulmane). Avec cet album, Les Mouflons persistent et signent dans la voie qu’ils suivent depuis 1990 : la Corse est dans le monde, elle lui parle, il répond.

"Ne fermez pas la porte !" C’est depuis toujours le cri de Jean-François Bernardini lors de chaque concert d’I Muvrini. Il y a trente ans, c’était un appel à entendre les revendications nationales corses. C’est aujourd’hui aussi un appel à ouvrir nos consciences à l’harmonie universelle, à l’humanisme.

Ce vingtième album des Muvrini depuis 1979, Luciole, est exemplaire de cette attitude : "Cet album, dit Jean-François, nous l’avons voulu ‘lumière et résistance’. Les lucioles éclairent sans brûler, sans détruire. ‘Fà luciole’, faire lucioles, c’est faire lumière ensemble"

En témoigne le très fort Ma Sœur Musulmane, en français, en corse, en arabe et en guitares, pour dire à la fois le rejet de l’islamisme et la solidarité des peuples. Ou encore, en corse, l’excellent et puissant Culomba negra, poétique musique d’insurrection appuyée par les chœurs des Gospel Pour Cent Voix. Sans oublier le fort engagé Beauté fatale, tour d’horizon lyrique de la spéculation sur l’île…

La force essentielle d’I Muvrini réside depuis le début dans la beauté des voix, complémentaires, puissantes, vibrantes – voilées quand il le faut, des frères Bernardini, Alain et Jean-François. Sans oublier les deux autres Mouflons, Stéphane Mangiantini et Jean-Charles Adami. Avec I Muvrini et toutes les voix de Corse (Antoine Ciosi, Jean-Paul Poletti, Petru Guelfucci, Jean Claude Acquaviva, Jean Charles Papi et tant d’autres), la langue et la culture corses peuvent dire à raison, comme le proclame le superbe sixième titre de cet album, "ùn so ancu morta" : "Je ne suis pas encore morte".

I Muvrini, Luciole (Columbia/ Sony) 2017

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