Hell’s Kitchen

Hell’s Kitchen

Entre blues urbain et saillies post-industrielles, Dress to dig, le premier album sans concession des Suisses de Hell’s Kitchen devrait marquer au fer rouge cette rentrée.

Après les Belges déjantés de Hoquets, c’est au tour du trio helvète Hell’s Kitchen de dynamiter la scène rock hexagonal. Comme leurs cousins belges, les trois musiciens s’abreuvent à l’énergie tribale, à l’expérimentation et à l’humour surréaliste. Ici, point de batteur mais un "forgeron-chaudronnier" adepte de "percuterie".

Leur blues rugueux et saturé proche des Américains de Jon Spencer Blues Explosion est rythmé par le martèlement de conduits de ventilation, le tambour d’une machine à laver ou le frottement de pâtes alimentaires. Les chansons sont livrées à l’état brut, traversées de cris, de murmures et de souffles rauques.

À mille lieues de la séduction facile, Dress to dig, leur premier opus, malmène son auditoire, le transporte dans une sorte de tourbillon hypnotique assez saisissant.

Rien d’étonnant à ce que Rodolphe Burger, ex-leader de Kat Onoma et figure de proue de l’underground rock français, se soit prêté au jeu de la réalisation pour cet album exigeant. Plutôt que d’arrondir les angles, le guitariste strasbourgeois s’est plu à pousser le groupe dans ses retranchements plus expérimentaux.

L’approche d’un tel disque pourrait de prime abord rebuter les plus sensibles. Mais le tour de force de Hell’s Kitchen est de ne jamais céder à la froide expérimentation. Leur musique est charnelle, vivante, chargée d’émotions brutes. L’essence du blues, en somme.

Hell’s Kitchen Dress to Dig (DixieFrog/Harmonia Mundi) 2011
En concert le 7 septembre à Paris (Jazz à la Villette), le 7 octobre au festival de Marne (Cergy)